Il y a des lieux qui imprègnent les habitudes sans qu’on s’en rende compte. Filigranes faisait partie de ceux-là. Pour beaucoup de Bruxellois, c’était devenu un réflexe : s’y réfugier un dimanche en quête d’un roman à dévorer ou d’un cadeau de dernière minute. Une adresse où l’on pouvait flâner seul.e ou accompagné.e, bouquiner en mangeant un bout, croiser un auteur ou un ami. Pendant près de 25 ans, la librairie installée avenue des Arts avait réussi ce petit tour de force : faire du livre une destination, et du dimanche un moment à soi.
Aujourd’hui, le rendez-vous change d’adresse mais pas d’âme. Ce mercredi 23 avril, en clin d’œil à la Journée mondiale du livre, la librairie bruxelloise démarre un nouveau chapitre. Exit la rue du Trône. Bienvenue au cœur de Mayfair, le flagship de 3 500 m² qui marie depuis 2022 mode, art, design… et désormais littérature. Un virage inattendu, mais finalement très cohérent à l’heure où l’on cherche à réenchanter nos virées culturelles.
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L’antithèse du buzz
Derrière cette résurrection discrète mais ambitieuse, un homme : Mehmet Sandurac. Patron de Mayfair, businessman caméléon, aussi réservé que son prédécesseur Marc Filipson était flamboyant. Là où l’ancien boss de Filigranes aimait occuper l’espace, Sandurac cultive le retrait. « Filigranes devait continuer à exister. Ce n’est pas une librairie comme les autres, c’est un bien culturel commun », glisse-t-il simplement.
Le chantier a été mené tambour battant, en seulement quelques mois, avec un mantra en tête : garder l’âme du lieu. « On n’a rien sacrifié. Ni les livres, ni les libraires, ni l’esprit. On leur offre juste un cadre plus fou », résume Joevin Ortjens, directeur des opérations de Mayfair.
Une librairie, mais pas que…
Le nouveau Filigranes, ce sont quatre étages baignés de lumière naturelle, 150 000 ouvrages réinstallés avec une précision d’horloger suisse, et une équipe de libraires inchangée ou presque — certains cumulent vingt ans de maison. Que les puristes se rassurent, les rayons historiques répondent toujours à l’appel, enrichis d’une sélection de jeux, carnets, objets et accessoires culturels.
La vraie nouveauté réside plutôt dans l’expérience globale. Une sorte de parenthèse sensorielle entre slow shopping et pause lecture. Un endroit qui se lance le challenge d’étirer le temps, dans un monde qui le compresse toujours plus.
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Une révolution douce
Pour accompagner cette mutation, une refonte de fond en comble. Nouveau mobilier, signalétique revisitée, écrans tactiles pour se repérer dans ce labyrinthe littéraire. Un côté tech, mais pas bling. Et surtout, une philosophie inchangée : chez Filigranes, ce sont encore les libraires qui choisissent les livres. Un détail ? Plutôt une rareté à l’heure des centrales d’achat tout-puissantes. « Ce lien direct avec les lecteurs, c’est notre force », insiste Grégory Hankar, manager historique de la librairie.
En interne aussi, le changement est palpable. Exit le management ultra personnifié, place à un fonctionnement familial et collaboratif. Les libraires participent aux décisions, choisissent les auteurs invités, et contribuent à dessiner la programmation d’événements littéraires. Objectif : six à huit rencontres par mois. Parmi les premiers noms : Swann Périssé, Camille Kouchner ou encore Fabrice Arfi.
Pour les impatient.e.s, il est déjà possible d’allez zieuter l’espace, et de périgriner à travers les rayon en train de prendre forme. Sinon, pour l’ouverture officielle, c’est ce 23 avril ! On ne sait pas vous, mais nous, on trépigne déjà.
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Infos :
Où ? Boulevard de Waterloo 25, 1000 Bruxelles
Quand ? Du lundi au vendredi de 10h30 à 18h30, le samedi de 10h30 à 19h et le dimanche de 10h30 à 18h.
