Brazilcore: les Brésiliennes à Bruxelles font bouger la mode

Mis à jour le 28 juillet 2023 par Marie Guérin Photos: Nathalie Gabay
Brazilcore: les Brésiliennes à Bruxelles font bouger la mode

Flavia, Paula et Stefany ont apporté le soleil du Brésil en Belgique. C’est à travers la mode qu’elles font rayonner la culture de leur pays. Brasileiras d’origine et Bruxelloises de coeur, elles nous ouvrent leurs valises pleines de couleurs !

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Flavia Millen

Flavia Millen

C’est une créatrice de contenu aux influences tropicales : entre art et mode, elle fait voyager sa communauté qui se partage sur les deux continents. 

Née à Rio, elle a grandi à São Paulo dès ses 15 ans jusqu’à ce que l’amour l’amène à Bruxelles. « J’ai étudié la communication et l’art, c’est un peu par hasard que je me suis retrouvée à poster des oeuvres sur Instagram. Ma communauté m’a alors demandé ce que je portais. C’était en 2012 et depuis, de fil en aiguille, j’en ai fait mon métier ». Si elle a construit sa réputation sur l’art latino-américain, elle ouvre désormais les collections de ses client·e·s aux artistes européen·ne·s. « Je fais beaucoup de visites et de découvertes d’expos ici, mais je continue à promouvoir l’art brésilien. Des artistes comme Adriana Varejão, Mira Schendel et Claudia Andujar m’inspirent énormément. » Et la mode ? C’est une histoire de corps, avant tout.

« Au Brésil, il fait toujours chaud, on est habitués à porter des vêtements légers même si les styles diffèrent dans les villes. Rio est plus décontractée, il y a la plage, l’humeur tropicale, alors que São Paulo est une ville de travail. Montrer son corps est naturel, on est à l’aise avec ça, nous avons cette liberté. » Et puis le changement d’hémisphère : porter des manteaux, ajouter des couches et réinventer son style. Après avoir perdu une partie de sa communauté, Flavia a dû se créer une nouvelle vie. « Ça n’a pas été facile (rires), j’ai dû faire beaucoup de changements de style et maintenant je m’amuse beaucoup, je mélange couleurs et minimalisme belge, textures et imprimés, chaud et froid. » Au-delà du choc thermique, elle a trouvé énormément de similitudes entre nos deux cultures. « La Belgique est riche en termes d’art, de culture, de mode. Mais ce sont aussi des gens ouverts et conviviaux. Les premiers à faire la fête ! » 

@flaviamillen

Paula Abud Lemoult

Paula Abud Le Moult

La fondatrice de la marque de vêtements Lily Franco a un sacré tempérament et dans « tempérament », on retiendra « tempête ».

Dans sa description Insta il est indiqué « femme alpha », on adore ça ! Paula est une force de la nature, une nana qui gère son business outre-atlantique d’une main (de fer) et ses jumeaux en Belgique de l’autre. De l’humour, de la chaleur et beaucoup de bienveillance ponctuent la vie à 100 à l’heure de la belle Carioca. « Je suis née à Rio, c’est ma cité de coeur. Les gens qui y vivent aiment la couleur. Il y a un esprit très jeune même chez les femmes matures. Elles ont cette façon jeune de voir la vie. Il y a une énergie différente, c’est calme, mais c’est puissant, dans le rapport à la nature particulièrement. Les gens aiment leur corps.  Il y a un truc chic dans leur décontraction, un peu comme à Paris. Mais en version tropicale ! (rires) »

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Elle est en Belgique depuis 11 ans, mais sa marque a 5 ans : elle désirait retrouver les couleurs et la joie de son pays… même en hiver. « En Belgique, il fait trop gris ! Je voulais ramener mon style en Europe. » Et comme une boucle qui se ferme, après avoir été vendue au Japon, aux États-Unis et en Europe, c’est au Brésil que Lily Franco a fait sa plus grande percée. Toutes les pièces y sont désormais produites. C’est une marque pour les femmes par les femmes qui les aide au quotidien grâce à un modèle d’économie circulaire et à ses valeurs  fortes comme le woman empowerment et l’héritage culturel : pour chaque collection elle met en avant un aspect de l’histoire brésilienne. Mais qu’est-ce que cela signifie d’être Brésilienne ? « C’est facile de te répondre : c’est être authentique. Nous sommes très transparentes sur ce que l’on pense, affectueuses, tactiles. Nous avons une grande énergie créative : nous sommes les reines de la solution ! C’est ça notre authenticité. » 

lilyfranco.com

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Stefany do Amaral

C’est la reine du sac en macramé. Il y a un an, elle a lancé Mucho Studio. Chaînes en argent et couleurs fluo, pour Stefany rien n’est jamais too much(o) !

Elle est née à Cubatão et est arrivée en Belgique à l’âge de huit ans, portée par le désir de sa grand-mère et de sa mère de lui offrir plus d’opportunités. « C’est d’abord ma grand-mère qui a décidé de prendre sa vie en main en venant en Belgique, pour sortir de son milieu défavorisé. Elle a beaucoup travaillé, a mis de l’argent de côté pour nous faire venir. C’est une artiste, une touche-à-tout, c’est elle qui m’a donné cette envie de créer. » Après un bachelier en architecture (et deux enfants dans la foulée !), elle travaille dans un bureau d’architecture quelque temps et se met à la recherche d’un travail qui lui permet d’allier sa vie de maman. Mais sa créativité la démange et c’est comme ça qu’elle a l’idée de s’initier au macramé. « J’allais sur mes 30 ans et je voulais tester quelque chose de différent. En regardant des tutos sur Youtube, j’ai commencé à expérimenter. Le jour de mon anniversaire, je terminais ma première création. Je suis sortie au Spirito et mon sac s’est complètement défilé. J’ai compris que je devais trouver une autre matière et je suis tombée amoureuse du  matériel qui a donné son identité à ma marque : la paracorde. Quelques mois plus tard, je créais Mucho Studio. » La deuxième langue au Brésil, c’est l’Espagnol. « ‘Mucho love’. C’est un mantra simple qui m’a toujours accompagnée dans mes créations. »

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À Bruxelles, elle a retrouvé un peu de son pays natal, avec une grande communauté brésilienne dont sa grand-mère est un des piliers. Après le travail, elle passe prendre un pão de queijo sur le chemin, sans jamais perdre le rythme de ses racines. Et c’est tout ça que l’on retrouve dans ses créations. « Ce qui me caractérise, c’est le fait que je sois obstinée, c’est lié à mes origines sociales. Toute ma vie, j’ai dû me battre pour avoir ce que je voulais et c’est ce que ce sac manifeste tout simplement : l’empowerment. Que l’on se sente fièr·e de qui on est et de ce qu’on a vécu. Je suis là et je vais y rester ! » Et d’ajouter avec un immense sourire : « Nous avons une culture extraordinaire, remplie de couleurs, de facettes aussi. Aujourd’hui, daqns le studio, nous sommes trois Brésiliennes et tellement différentes. Ce qui nous relie, c’est la fierté de ce pays magnifique. »

muchostudio.be

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