Les hommes ont une empreinte carbone bien plus élevée que les femmes, révèle une étude du Grantham Research Institute, publiée le 14 mai. À dépenses égales, ils émettent 26 % de CO₂ de plus, principalement à cause de leur consommation de viande rouge et de leur usage plus fréquent de la voiture.

« Les femmes affichent des empreintes carbone nettement inférieures dans l’alimentation et les transports », explique Ondine Berland, coautrice de l’étude. En moyenne, les hommes émettent 5,3 tonnes de CO₂ par an, contre 3,9 tonnes pour les femmes, dans ces deux domaines.

Stéréotypes de genre : un frein à la transition écologique

Première explication : l’étude pointe des comportements genrés qui trouvent racine dans les stéréotypes de virilité. « Les normes de genre […] jouent un rôle important dans l’empreinte carbone individuelle », souligne ainsi la chercheuse. Le modèle de « l’homme viril » amateur de viande et de grosses voitures contraste avec les « hommes soja », expression moqueuse ciblant les végétariens et qui provient essentiellement des sphères masculinistes.

Femmes moins motorisées et plus proches de leur lieu de travail

Marion Leroutier, une autre coautrice, note également que « les femmes vivent davantage en ville, dans des foyers modestes, et sont plus souvent sans emploi ou proches de leur lieu de travail – autant de facteurs qui réduisent leur empreinte carbone ». Les déplacements entre le domicile et le travail expliqueraient une large part de l’écart dans les transports.

Fait intéressant : « Nous n’avons pas constaté d’écart dans l’usage de l’avion », précise Marion Leroutier, suggérant que ces différences sont liées à des préférences de consommation antérieures aux préoccupations climatiques. En couple, les femmes tendent aussi à consommer plus de viande rouge, influencées par les habitudes de leur conjoint. « Les repas partagés limitent l’expression des préférences alimentaires genrées », observe l’étude.

Pour réduire cet impact, Marion Leroutier propose de remettre en question les codes culturels : « Une piste d’action serait de contrer les tendances promouvant les régimes carnés, en présentant les alternatives végétales comme compatibles avec force et performance. » L’étude invite enfin à poursuivre les recherches pour savoir si les femmes sont aussi plus sensibles au climat et plus enclines à adopter des gestes écologiques dans leur vie quotidienne.

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