Et pas juste un coup de carafe au charbon façon Brita ! Non, on parle ici de purification quasi-chirurgicale à domicile, de celle qui fait de votre verre d’eau un élixir digne d’un spa alpin. Derrière cette micro-révolution hydrique, une petite scale-up belge, MyWater, et deux installatrices au profil inattendu : Catherine Pluys et Sylvie De Meersman. Rencontre.

L’eau du robinet, potable mais polluée

Chlore, nitrates, microplastiques, PFAS… Voilà le cocktail d’invités surprise que l’on retrouve aujourd’hui dans nos canalisations. “L’eau est déclarée potable, mais ça ne veut pas dire qu’elle est pure”, prévient Sylvie De Meersman à ce propos. Potable, oui. Sans résidus toxiques ? Pas toujours. “Les PFAS sont ce qu’on appelle des polluants éternels. Ils s’infiltrent partout, persistent dans l’environnement et dans notre organisme, même à très faibles doses”, ajoute Catherine Pluys.

Si les concentrations mesurées sont généralement conformes aux normes sanitaires en vigueur, les scientifiques et les ONG environnementales s’accordent de plus en plus : les normes évoluent lentement, tandis que la pollution, elle, ne prend pas de pause. “Ce qu’on boit aujourd’hui, ce n’est pas seulement une question de goût. C’est une question de santé publique”, insistent-elles.

Les PFAS, le sommet de l’iceberg

Depuis que certaines communes wallonnes ont été confrontées à des niveaux anormalement élevés de PFAS dans leur eau potable, la méfiance s’est installée. L’affaire n’est pas isolée, assurent Catherine et Sylvie. “C’est le sommet d’un iceberg. Entre les infrastructures vieillissantes, la pollution agricole diffuse, les résidus médicamenteux… On ne peut plus faire comme si de rien n’était.” Pour elles, la réponse doit aussi venir de l’individu : filtrer à la source, chez soi. Un geste préventif, presque militant.

L’osmose inverse, c’est quoi ?

C’est ici qu’entre en scène MyWater, avec une solution à la fois radicale et simple : l’osmose inverse. Un nom qui sonne techno, mais qui consiste en une membrane si fine que seule les molécules d’eau traversent, éliminant jusqu’à 99 % des polluants – métaux lourds, bactéries, résidus chimiques ou perturbateurs endocriniens – tout en laissant passer une fine dose de minéraux. “L’idée, ce n’est pas d’avoir une eau ‘morte’, mais une eau propre et légèrement minéralisée, pour ne pas surcharger les reins”, explique Catherine.

L’eau, après purification, est aussi “dynamisée” par un effet vortex – un détail qui fera sourire les plus sceptiques, mais qui plaît aux amateurs de médecines douces et d’énergies subtiles. “Elle retrouve sa structure naturelle”, assure Sylvie, qui est aussi peintre et adepte de sophrologie. On vous avait dit que ce duo ne ressemblait pas aux commerciaux habituels.

Boire mieux : un nouveau geste lifestyle

Longtemps perçue comme une lubie de bobo, la filtration domestique fait désormais partie d’un mode de vie conscient. Comme le bio ou le sans-gluten avant elle, l’eau filtrée coche toutes les cases : santé, écologie, confort. Plus de plastique, plus de packs à transporter, plus de goût de chlore. Et un café qui retrouve son arôme d’origine.

Les machines sont encore chères à l’achat, mais MyWater propose une formule d’abonnement (33 €/mois) tout compris – installation, entretien, filtres, service client, essai gratuit – sans engagement. “On loue sa musique, son vélo… pourquoi pas son eau ?” sourit Sylvie. “33€, c’est moins que ce que dépense une famille en bouteilles d’eau chaque mois. Et avec ça, on dit adieu au plastique, aux packs lourds, aux sacs bleus. En plus de boire, on cuisine avec une eau irréprochable”, renchérit Catherine Pluys.

Mais attention, ici, pas de discours élitiste. “Ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité. On veut que cette technologie soit accessible à toutes et tous”, martèle Catherine. La scale-up installe d’ailleurs déjà des fontaines gratuites dans certains espaces partagés (Färm, Silversquare, Transforma) et travaille sur des partenariats avec des écoles et associations pour rendre ce service disponible aux publics précaires.

Et le goût, alors ?

La question est légitime. Parce que si on change son rapport à l’eau, c’est aussi pour retrouver le plaisir de la boire. “Notre eau a un goût propre”, décrit Sylvie. Comprenez : sans arrière-goût chimique, sans amertume, sans ce petit quelque chose de piscine municipale. Fluide, douce, légère. Et même personnalisable selon le taux de minéralisation que l’on choisit. “Les gens nous disent qu’ils redécouvrent le plaisir de boire de l’eau.”

Comme les jus pressés à froid ou les probiotiques maison, filtrer son eau est devenu un marqueur. Pas (seulement) social, mais philosophique. Une manière de reprendre le pouvoir sur son quotidien, en commençant par ce qui coule de notre robinet. Catherine et Sylvie parlent d’eau comme d’autres parlent de thérapie : avec douceur, conviction, parfois même un brin de spiritualité. Ce qui pourrait faire sourire si le sujet n’était pas si sérieux. Parce que derrière la tendance, il y a une réalité inquiétante : notre eau n’est plus ce qu’elle était. Et filtrer n’est plus un caprice aujourd’hui, mais un réflexe.