Derrière le nom Aerin, il y a bien sûr une filiation. Celle d’Estée Lauder, pionnière de la beauté moderne, entrepreneuse avant l’heure. Mais chez sa petite-fille Aerin, l’héritage ne pèse pas : il inspire, il guide, il consolide. Elle imagine une beauté apaisante, souvent poétique, qui se vit dans un geste, un objet, un parfum – jamais dans l’excès et l’ostentatoire, toujours dans l’élégance.
Prendre le temps de faire les choses bien
Son visage, son nom, son histoire sont connus. L’empire Estée Lauder se tient derrière elle et a de quoi impressionner. Et pourtant, en interview, Aerin s’impose par son calme, sa voix douce et son débit de parole posé, comme si chaque mot devait sonner juste. Nos premières impressions sont contrastées : cette business woman nous inspire un sentiment de pouvoir mais aussi de sympathie, de bienveillance et de réelle sororité. Et surtout, quelle prestance ! “Ma grand-mère disait toujours que tout pouvait être beau, si on y mettait du temps.” Ce souvenir, elle le convoque souvent, autant dans ses décisions de créatrice que dans sa manière d’habiter le monde. Chez elle, le luxe ne crie pas, il s’infuse. Il commence par l’attention portée aux détails. Une nuance de rose, une texture de tissu, une odeur dans une pièce.
Quand elle lance sa marque en 2012, après 25 ans passés à différents postes chez Estée Lauder, elle n’imagine pas une simple gamme de produits. Elle pense à tout un univers à un mode de vie, avec tout ce que cela implique de transversal : du parfum, oui, mais aussi des objets pour la maison, des accessoires, des rituels. “Je voulais une marque qui me ressemble, féminine, moderne, facile à vivre, avec une vraie part de poésie et de narration.”
Le parfum comme mémoire vivante
Chez Aerin, le parfum est une véritable colonne vertébrale. Pas un simple accessoire, mais une empreinte indélébile. “Je porte du parfum tous les jours, peu importe ce que je fais. C’est la touche finale à tous mes looks, comme un pull doux ou un bijou discret.” Elle parle volontiers de dressing olfactif, une idée soufflée par Estée elle-même : “Tu ne mettrais pas la même robe pour dîner que pour jouer au tennis, alors pourquoi porter toujours le même parfum ?”. Criant de vérité.
Ses fragrances, elle les pense comme des souvenirs liquides. Certaines évoquent des paysages, d’autres des fleurs. Mais toujours, il y a une part d’elle qui s’y glisse. “La rose est ma fleur préférée. Elle est au cœur de la marque depuis le début.” Rose de Grasse en est devenue l’icône, entourée depuis d’autres variations, inspirées par des nuances de couleurs et d’émotions : la douceur, la passion, la fraîcheur ou le renouveau. Un jour, peut-être, elle enfermera dans un flacon l’essence d’un été parfait : “Le sel sur la peau, le parfum des fleurs dans l’air, la lumière flamboyante d’un coucher de soleil …”
Des rituels simples, mais bien ancrés
Son approche de la beauté est volontairement épurée. Nettoyer et hydrater sa peau, la protéger du soleil, boire beaucoup d’eau. Et surtout : s’accorder du temps. “Même dix minutes pour appeler quelqu’un, lire une page d’un roman, marcher un peu… Ces moments font toute la différence.” Là encore, une habitude transmise par sa mère et sa grand-mère, ces femmes qui n’ont jamais opposé féminité et coquetterie avec force et détermination.
Et si elle devait garder un seul produit dans sa trousse ? “Un parfum, évidemment. Il m’aide à me sentir bien, il me reconnecte à moi-même.” Dans son sac, on trouve aussi un talisman plus secret, intime et personnelle : un mot manuscrit d’Estée, qu’elle emporte partout avec elle.
New York, Central Park et l’idée d’un quotidien tranquille
Le matin, Aerin se lève tôt. Elle prépare le café, nourrit les chiens, se maquille rapidement. Quand elle est à New York, elle va à pied jusqu’à son bureau en longeant Central Park. Le reste de la journée se passe entre réunions, moments de création et prises de décisions. Le soir, elle rentre chez elle retrouver ses fils et son mari. “Ce sont de loin mes soirées préférées.” Une vie loin du bling bling et de l’agitation.
Chez elle, les bougies sont partout, les fleurs fraîches aussi. “Le parfum d’un lieu peut tout changer. Il impacte l’ambiance et rend un espace tout de suite plus accueillant, plus vivant.” Pas étonnant que sa marque se soit élargie à l’univers de la maison, un terrain qu’elle explore avec passion. “J’adore mélanger les matières, créer des ambiances, imaginer des objets que l’on a envie de garder.”.
©Aerin
Et demain ? Aerin rêve d’une ligne pensée pour l’hôtellerie. “Créer des produits pour un bel hôtel, ce serait l’aboutissement. Le voyage est un pilier fort dans mon univers.” En attendant, elle développe Aerin avec mesure et intelligence, en s’entourant de talents qui partagent sa vision. Et en ouvrant, çà et là, des boutiques comme des écrins – à taille humaine, précieux, hors du temps.
Simplicité et élégance
Si vous découvrez la marque aujourd’hui, la fondatrice vous dirait ceci : “Tout ce que nous créons est là pour apporter un peu plus de beauté dans votre quotidien. Avec légèreté, et toujours avec sens.” Pas besoin d’en faire trop. Juste ce qu’il faut pour que les choses soient belles, et qu’on ait envie d’y revenir. Pari gagné !
C’est la signature olfactive de la Maison, et la fragrance la plus intime pour Aerin. Une rose pure, à la fois tendre et structurée, inspirée des champs de roses de Grasse. Un classique moderne, sans nostalgie ni surcharge.