Le contrôle coercitif est une forme de violence beaucoup plus insidieuse. Et si ce terme vous semble flou, l’actualité récente lui donne un visage bien concret. De Kanye West à Nekfeu, plusieurs figures publiques sont aujourd’hui pointées du doigt pour des comportements qui relèvent d’un contrôle coercitif. Alors, de quoi parle-t-on exactement ?
Le contrôle coercitif, une prison invisible
Le contrôle coercitif, c’est cette dynamique où une personne impose son pouvoir sur son partenaire en instaurant un climat de peur, de dépendance et d’auto-censure. Ce n’est pas un coup porté, c’est une succession d’interdictions, d’humiliations, de menaces déguisées en “je fais ça pour ton bien”. Un phénomène qui peut prendre plusieurs formes :
Isolement : éloigner la victime de ses proches, surveiller ses fréquentations, contrôler ses appels et messages.
Emprise économique : lui interdire de travailler, lui confisquer sa carte bancaire, lui imposer une dépendance financière.
Hyper-contrôle : surveiller ce qu’elle porte, où elle va, avec qui elle parle.
Dévalorisation constante : rabaisser la victime, la rendre coupable de tout, jusqu’à ce qu’elle doute d’elle-même.
C’est un engrenage, où l’on ne se rend pas compte de la violence tant elle s’installe progressivement. Jusqu’au jour où partir devient un défi insurmontable.
Kanye West et l’emprise sur Bianca Censori : un cas d’école ?
Prenons Kanye West. Le rappeur au comportement de plus en plus erratique fait aujourd’hui la une pour sa relation ultra-contrôlante avec sa femme, Bianca Censori. Tenues imposées, comportement dicté, apparitions publiques scénarisées… Le style vestimentaire ultra-provocant de Bianca serait en réalité une idée imposée par Kanye, qui façonne son image comme un metteur en scène tyrannique. Certains parlent de liberté artistique, d’autres voient un cas typique de domination masculine.
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Le point culminant ? Aux Grammy Awards 2025, où Kanye lui aurait demandé de porter une tenue “scandaleusement” transparente, déclenchant une vague de critiques et d’inquiétudes. Derrière les paillettes, c’est un schéma connu : l’homme qui impose sa vision du couple et nie toute autonomie à sa compagne. Des sources rapportent que Bianca serait isolée de ses proches, vivant sous une pression constante. Un mécanisme classique du contrôle coercitif : créer une dépendance émotionnelle et matérielle pour empêcher toute issue. Kanye, en bon gourou toxique, jouerait-il avec les limites de ce que l’on considère encore comme “acceptable” dans un couple ?
Nekfeu : quand le contrôle coercitif devient une bataille judiciaire
En France, une autre affaire secoue le monde de la musique : le conflit judiciaire entre Nekfeu et son ex-femme. Ce qui aurait pu rester une séparation discrète a pris une tout autre tournure lorsque des accusations mutuelles de violences psychologiques et de manipulation ont émergé. Si Nekfeu a toujours cultivé une image d’artiste engagé et discret, cette affaire vient brouiller les lignes. Son ex-compagne l’accuse d’avoir exercé une emprise toxique sur elle, mêlant jalousie excessive, surveillance constante et tentatives d’isolement. Des proches témoignent qu’elle aurait peu à peu perdu son autonomie, sous prétexte de protéger leur intimité et d’éloigner les “mauvaises influences”.
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Mais Nekfeu, de son côté, se défend et affirme avoir lui-même été victime de comportements manipulatoires. Selon son entourage, l’artiste aurait vécu une relation étouffante, où il aurait subi des crises de jalousie, des restrictions sur ses fréquentations et une tentative de contrôle sur sa carrière. Ce cas illustre une réalité souvent passée sous silence : le contrôle coercitif peut s’exercer dans les deux sens. S’il touche majoritairement les femmes, certains hommes en sont également victimes, notamment dans des relations où la dépendance émotionnelle devient une arme à double tranchant.
Pourquoi il faut en parler
Le contrôle coercitif est encore trop souvent ignoré, voire minimisé. Pire, il est parfois romancé. Quand on entend “il est juste jaloux parce qu’il l’aime”, “c’est normal qu’il veuille savoir où elle est”, ou encore “elle a de la chance, il veut tout gérer pour elle”, on participe à banaliser une forme de domination insidieuse.
La bonne nouvelle, c’est que les choses bougent. Dans plusieurs pays, le contrôle coercitif est désormais reconnu comme une infraction pénale. La Belgique a été pionnière en Europe en adoptant, en juin 2023, une loi-cadre sur les féminicides et le continuum des violences, intégrant explicitement la notion de contrôle coercitif. Cette législation reconnaît que les violences peuvent revêtir des formes variées, notamment physiques, psychologiques, sexuelles, économiques ou liées à l’honneur, et inclut spécifiquement le contrôle coercitif comme une manifestation de ces violences.
De nombreuses associations luttent pour que la loi protège mieux les victimes. Aussi, les témoignages se multiplient, brisant enfin le silence sur cette violence invisible. Mais le chemin est encore long. Il est urgent d’éduquer, de sensibiliser, et surtout, d’écouter celles et ceux qui en sont victimes. Car le contrôle coercitif n’est pas de l’amour. C’est une prise de pouvoir. Et il est temps que la société le reconnaisse pour ce qu’il est : une violence à combattre sans compromis.