Barbara Salomé Felgenhauer : une photographe pleine de grâce

Publié le 25 juin 2019 par Virginie Dupont
Barbara Salomé Felgenhauer : une photographe pleine de grâceCrédit : Solène Ballesta

Féminin et engagé, le nouveau projet photographique de Barbara Salomé Felgenhauer étonne, apaise, subjugue (dans cet ordre-là). On en ressort boostées et conquises. Avec la spontanéité qui la caractérise, l’artiste réussit de nouveau un sans-faute dans l’alliance de la beauté et de la réalité.

Les stéréotypes de la publicité ont façonné l’idéal féminin. Malgré de véritables avancées (y compris chez les géants comme H&M qui a récemment suscité l’engouement avec sa campagne de maillots de bain et ses modèles aux formes généreuses), la perfection généralement mise en avant par les mannequins n’incarne ni la réalité ni la diversité. Car la beauté est à la portée de tous les âges, couleurs, origines, styles et mensurations.

À travers son exposition "Les Trois Grâces" réalisée en collaboration avec Bodysgang – un gang antidiktats déterminé à montrer que chaque femme est belle à sa manière –, Barbara Salomé Felgenhauer insuffle un vent de normalité.

Crédit : Barbara Salomé Felgenhauer

Longtemps complexée par son corps, la jeune photographe de 27 ans s’est entre-temps réconciliée avec ses formes. Dans son studio à Liège, elle aide les femmes et les hommes à s’assumer à coups de body positivisme et d’autres élans qui défendent l’imperfection.

Avec son exposition "Torse à nu" en février 2019, l'artiste instaurait un dialogue sur l’amour de soi avec les hommes qui sont tout autant victimes des clichés de la beauté et de la virilité. Aujourd’hui elle revient avec "Les Trois Grâces", un travail directement inspiré du tableau de Rubens. Si le peintre exprime la souplesse naturelle de la peau afin de la rendre palpable et réelle, la photographe invite le public à poser un regard neuf sur cette enveloppe de chair qui fait la beauté et la singularité de chacune d’entre nous. Les corps sont nus sans être érotisés. Par portraits interposés, la photographe revendique le droit de se réapproprier son corps tout en rompant avec la vision sexualisée de la femme.

Les Trois Grâces, Pierre Paul Rubens, 1630-1635

"Dans ma vie privée et professionnelle, je suis du genre spontané. J’ai par exemple déniché le décor bleu en arrière-plan dans un déstockage de tissus. Il fait référence à la nuit qu’on devine dans le tableau et est parfait pour faire ressortir les corps des modèles. Je n’ai pas sélectionné les mannequins. C’est le bouche-à-oreille qui les a menées à moi", raconte Barbara.

Au total dix-huit femmes – dont la photographe elle-même passée de l’autre côté de l’objectif le temps d’un cliché –, six œuvres, des tatouages, des piercings, des cheveux colorés, des cicatrices, des vergetures.

Des femmes, des vraies, sans retouche, qui font front sur chacune des photos. "On pourrait croire à une mise en scène mais je me suis contentée de classer les filles par taille, dans un souci d’uniformité et d’harmonie", poursuit-elle. "Je suis ravie car tout le monde se sent concerné par l’expo, même les hommes. Un ami m’a confié qu’il s’était d’abord demandé laquelle était la plus sexy mais qu’il s’en était ensuite voulu. Il a compris qu’il devait abandonner son regard masculin d'hétéro."

Crédit : Barbara Salomé Felgenhauer

L’exposition "Les Trois Grâces" est à découvrir jusqu’au 5 juillet inclus à l’Espace 7 à Liège aux heures d’ouverture de la Biocantine de la galerie, du lundi au vendredi de 8 à 15 h, ainsi qu’aux dates d’événements programmés.

Une soirée de finissage aura lieu le 28 juin. Elle sera agrémentée de la projection du court métrage "No one knows" et du long métrage "Veux Moi" en présence de leur réalisatrice respective, Shana Delepont et Bambi Rainotte. La poétesse pop Biche de ville clôturera les festivités avec un live-room, ou l'art de réinventer le format classique du concert.

À ne pas manquer non plus : l’atelier d’écriture "Écrire à nu" qui sera organisé par la photographe et animé par l’auteure Sophie Magerat le samedi 6 juillet.