Marine Serre et Mariam Mazmishvili mettent La Cambre à l’honneur au Prix LVMH

Publié le 17 juin 2017 par Elisabeth Clauss
Marine Serre et Mariam Mazmishvili mettent La Cambre à l’honneur au Prix LVMH

Le 4ème Prix LVMH vient de couronner deux étudiantes de La Cambre diplômées en 2016, et de récompenser l'école bruxelloise pour l'excellence de formation.

Le jury, composé de Jonathan Anderson, Nicolas Ghesquière, Marc Jacobs, Karl Lagerfeld, Humberto Leon, Carol Lim, Phoebe Philo, Riccardo Tisci, Delphine Arnault, Jean-Paul Claverie et Pierre-Yves Roussel de LVMH s'attache chaque année depuis 2013 à soutenir un talent émergent prometteur et représentatif du savoir faire du secteur. Ce jury a choisi cette année de soutenir la Française Marine Serre, formée à La Cambre, avec un prix de 300 000€ pour lancer sa marque, et un mentorat d'un an de la part du groupe LVMH.

Mariam Mazmishvili a de son côté décroché le Prix des jeunes diplômés, d'une valeur 10 000€, et un poste chez Louis Vuitton.

Marine Serre et Rihanna, photo Tony Delcampe

Après le défilé de sa collection lors du show annuel de La Cambre en 2016, Marine Serre, qui a reçu son prix des mains de Rihanna à la Fondation Louis Vuitton, faisait également partie en avril des finalistes du festival de mode d'Hyères, et des sélectionnés pour le grand prix de l'Andam qui sera décerné le 30 juin. En 2016, elle avait aussi décroché le prix coup de coeur ELLE avec sa collection de princesses arabes du 19ème siècle qui rencontreraient la culture streetwear. Concrète et contemporaine, Marine Serre est prête pour le succès, qui arrive à sa rencontre en courant.

Elle a 25 ans, elle est originaire de Corrèze. Après un BTS « design de mode » à Marseille, elle a intégré La Cambre, pour approfondir sa technique : «les écoles parisiennes ne me tentaient pas, et je me sentais beaucoup plus proche du travail en 3D appliqués directement sur le vêtement, comme on l'enseigne à La Cambre. » Avant de présenter le concours d'entrée à l'école bruxelloise, Marine, extrêmement impliquée dans tout ce qu'elle entreprend – c'est pour ça que tout lui réussit -  a suivi les shows de l'école, observé le travail des étudiants, elle a assisté aux portes ouvertes. Précise et concentrée, elle a notamment pratiqué le tennis de haut niveau jusqu'aux compétitions régionales : «la compétition, c'est une école en soi : j'y ai appris que l'énergie est la même que lorsqu'on construit une collection. On se concentre sur une période très intense, il faut contrôler sa tension nerveuse, être préparé à donner le maximum, mais savoir que lorsque c'est fini, il faut passer à autre chose. » Ancrée dans sa génération, elle a depuis toujours eu du à rentrer dans les cases, mais à choisir, elle se définirait « street culture ». « Ado je n'étais ni baba, ni grunge, je mixais les époques. Je pouvais décliner un style 19e avec un jean, réinterpréter des robes de ma grand-mère, porter un gros pull avec une petite jupe. J'aimais confronter des univers et créer des contrastes. » Pour enrichir son univers et développer sa technique, au cours de ses études à La Cambre, elle a mené des stages chez Annemie Verbeke, Alexander McQueen, Christian Dior pour la dernière collection de Raf Simons, et Martin Margiela lorsque Matthieu Blazy s'occupait de la ligne artisanale. Il témoigne d'ailleurs de son estime pour le travail de la jeune femme.

Catwalk Pictures / Etienne Tordoir

Diplômée haut la main en 2016, elle a appelé sa collection, «Radical call for love ». Pour cette histoire de mode orientale, elle a imaginé des tailleurs graphiques, coiffé les queues de cheval directement dans le col du vêtement. Les jupes bouffantes étaient des hommages aux silhouettes des cultures arabes anciennes, les gants de motards se raccrochaient à notre époque moderne. Elle a cintré les tailles, structuré des  bustiers. Elle a souligné la silhouette féminine par la rigueur de ses coupes, décliné des chemises à basques portées sous des vestes tablier toutes droites. Elle a appliqué des manches bouffantes, imaginé des bijoux de tête. Mixé le tout avec du sportswear, intégré des bandes réfléchissantes. Avec fière allure, ses princesses urbaines ont décliné les croissants de lune comme s'ils étaient des logos. Marine a fait sienne l'idée du rebranding. "Je me pose depuis toujours la question de la relation de la mode comme témoin contemporain de la vie. A la bibliothèque, j'ai étudié les costumes arabes traditionnels du XIXe siècle. J'ai travaillé sur des photos posées, en sépia, prise sur des fonds mis en scène. J'ai mêlé ces images de princesses à une culture urbaine contemporaine". Marine explore les interconnexions, le mix des cultures, affûte sa curiosité. Elle imagine un futur à partir du passé. « Ma grande question est toujours : et maintenant il se passe quoi ?» A priori, tout ce qu'elle désirera.

Marine Serre

La collection de Mariam Mazmishvili qui avait monté toutes ses pièces à la main, passé les rubans dans les dentelles, pour ses pièces fondées sur l'idée d'une "femme vase", avec des lignes de corps primitives, a également séduit le jury, qui a décidé de faire briller ses talents au sein de la maison Louis Vuitton . Elle avait confronté des pièces à effet minéral (idée de la pierre grise et des teintes froides) avec des découpes et des broderies naïves à grosses fleurs, et ses empiècements racontaient la nécessité de réparer ce qui peut l'être, en mettant en valeur le raccord qui redonne une vie.

Catwalk Pictures / Etienne Tordoir
Mariam Mazmishvilli

La Cambre, école formatrice d'élite de la mode et d'avant-garde et d'élite, a encore bien des histoires d'étoffes à raconter.