Lorsqu’il apparaît en 2010, Bleu de Chanel se distingue tout de suite, dans un paysage olfactif saturé de parfums masculins qui cherchent trop souvent à affirmer leur présence à plusieurs mètres. Bleu prend le contrepied : une composition boisée-aromatique, mesurée, qu’on remarque mais qui ne prend pas toute la place. C’est probablement ce qui a contribué à en faire un parfum très porté : il s’adapte, il accompagne, il n’en fait pas trop.
Cette ligne de départ est l’œuvre de Jacques Polge. Quelques années plus tard, son fils Olivier reprend la direction des créations olfactives et, plutôt que de tout réécrire, il affine. Les déclinaisons suivantes (eau de parfum, puis parfum) renforcent la structure boisée tout en conservant ce style affirmé mais discret qui caractérise Bleu.
Une nouvelle version
Aujourd’hui, avec Bleu de Chanel L’Exclusif, l’évolution se poursuit mais de manière plus marquée. La nouveauté ne consiste pas ne cherche pas une réinvention spectaculaire d’un si grand succès mais elle repose sur un déplacement du centre de gravité : là où Bleu avait toujours laissé la fraîcheur occuper le premier plan, L’Exclusif choisit de pousser le curseur sur la matière boisée.
Ici, c’est le santal qui prend la parole. Pas dans sa version crémeuse souvent associée aux parfums sensuels, mais dans une interprétation plus brut, presque texturée. Il donne au parfum une assise stable, une chaleur contenue, sans tomber dans l’excès et l’opulence. Ce qui définit bien Chanel se confirme ici : une présence élégante mais incontournable.
© presse Chanel
La composition est plus dense, mais ne devient jamais pesante. Ce n’est pas un parfum qui remplit l’espace ; c’est un parfum qui tient. L’évolution sur la journée est lente et continue. Là où l’original s’appuyait sur un contraste clair entre départ frais et fond boisé, L’Exclusif semble déjà installé dès les premières minutes.
Une histoire visuelle aussi
Pendant plus de dix ans, l’image de Bleu a été liée à celle de Gaspard Ulliel. Le choix de l’acteur avait donné au parfum une présence élégante et tranquille, en accord avec sa personnalité. Depuis l’an dernier, c’est Timothée Chalamet qui porte Bleu. Il n’est pas ici question de “nouvelle masculinité” ou d’effet générationnel, mais d’une continuité assumée.
Le flacon ne change presque pas, et c’est logique. La bouteille devient plus carrée mais reste sombre, compacte, lisible. La nouveauté se perçoit plutôt dans la sensation; un bleu qui tire davantage vers la nuit, ce qui accompagne le déplacement olfactif vers quelque chose de plus profond.
Avec L’Exclusif, Bleu ne cherche pas à s’inventer une nouvelle histoire. Il poursuit la sienne. Ce qui était autrefois une fraîcheur boisée pensée pour accompagner le quotidien devient une version plus profonde et plus puissante.
Bleu de Chanel L’Exclusif montre comment un parfum très répandu peut continuer à évoluer sans se renier, en changeant simplement la manière dont il se pose sur la peau.
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