Cette série courte et joyeuse racontait les débuts compliqués de l’histoire d’amour d’un rabbin et d’une animatrice de podcast. Noah, joué par Adam Brody, et Joanne, incarnée par Kristen Bell, faisaient tomber tout le monde sous leur charme. Ils sont de retour ce jeudi pour une saison 2 qui reprend là où on les avait quittés: alors qu’enfin, ils faisaient fi de leurs différences pour s’aimer au grand jour et peut-être pour toujours. Mais après la lune de miel et les grandes déclarations, la reprise des prises des têtes.

Noah ne veut pas avancer dans leur relation tant qu’il ne sait pas si Joanne va se convertir au judaïsme et Joanne n’est pas certaine qu’être sous pression va l’aider à se décider. Si beaucoup de choses les rassemblent, d’autres les séparent. Est-ce que l’amour suffit quand le fossé est aussi grand? C’est la question qui se pose dans cette nouvelle saison qui s’intéresse aussi de près aux relations de la sœur de Joanne, l’incroyable Morgan, qui ne rêve pas forcément de “se caser” mais qui sent un besoin irrésistible de le faire pour concurrencer sa frangine. Et on zoome aussi sur le couple formé par Esther et Sasha, le frère de Noah. Ils sont ensemble depuis longtemps, trop peut-être?

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Nous avons rencontré le casting au grand complet à Los Angeles, là où la série a été tournée pour évoquer tous les grands sujets abordés dans cette nouvelle saison.

On aurait pu s’arrêter à la saison 1: Joanne et Noah finissaient ensemble, ils étaient heureux…

Kristen Bell (Joanne): Oui, mais ce n’est pas comme ça que la vie fonctionne. La série essaie de dépeindre la vie réelle. Dès le moment où on s’engage, quand on essaie de fusionner nos vies, il y a beaucoup de vulnérabilité qui s’exprime, de compromis à faire et il faut beaucoup d’honnêteté. Il faut choisir l’autre personne chaque jour ou en tout cas, choisir le « nous ».

Jackie Tohn (Esther): Le message de la série, je crois que c’est que c’est difficile d’être dans n’importe quelle relation. Ce n’est pas une version édulcorée de l’amour, avec des poneys et des arcs-en-ciel. C’est plutôt: attendez, ces deux-là s’aiment, ils sont ensemble depuis longtemps, mais est-ce qu’elle aurait pris les mêmes décisions si elle les avait vraiment choisies, et pas simplement avancé tout droit, en pensant toujours à la famille, aux enfants, à sa belle-mère? La série met en lumière les détails concrets, minuscules, de ce que c’est vraiment d’être dans une relation longue ou nouvelle. Même quand Joanne ne sait pas où poser ses affaires sur la table de nuit… Qui pense à ce genre de choses? Et pourtant, c’est tellement vrai!

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Cette saison 2 nous montre à quel point Noah a du mal à communiquer. Et on voit également que Joanne ne dit pas certaines choses qui la tracassent parce qu’elle a peur de ne plus lui plaire. C’est ça le secret d’une relation de couple épanouie? Un homme qui communique et une femme qui arrête de vouloir plaire à tout le monde?

Kristen Bell: C’est plus complexe que ça. Bien sûr, nous sommes des femmes, nous voulons être pleinement nous-mêmes et ne pas réprimer nos sentiments. Mais j’ai l’impression que les hommes vivent la même chose. C’est juste qu’on en parle moins. Ce sont des individus qui ont le droit de faire des erreurs, et le droit de prendre leur place. Chez moi, dans notre manière de fonctionner (avec Dax Shepard, son mari depuis 12 ans) on dit: « Si tu passes une mauvaise journée, est-ce que je peux prendre ton problème en charge, comme si c’était le mien? »

Noah et Sasha sont des hommes vraiment gentils. Adam et Tim, vous êtes fiers de représenter ce genre de gars à l’écran? Ce sont des exemples?

Adam Brody (Noah): C’est un bon exemple, oui. Il a des défauts et des points faibles. En fait, il est très humain. On a réussi à créer un personnage auquel les gens s’identifient, qu’ils aiment. C’est positif en termes d’influence sur la société, si les hommes et les femmes peuvent aspirer à ça… Il apprend… Il apprend à écouter et à aimer. Il essaie de comprendre le point de vue des autres. Ce qui est difficile pour tout le monde…

Timothy Simons (Sasha): Personnellement, après avoir joué tellement de personnages un peu méchants, voire carrément détestables (il jouait le Commandant Bell dans La Servante Ecarlate, NdlR), c’est agréable de se dire: “Ah, peut-être que cette fois, quelqu’un va me voir à l’écran et se dire: j’aime bien ce type” et ne pas avoir honte de l’apprécier. Pour moi, en tant qu’acteur, c’est plaisant. Au-delà de ce que Sasha représente comme homme, je trouve que c’est bien que la série lui permette d’être un bon gars, un bon père, un bon mari, un homme bien, en général, tout en restant imparfait. Il a des défauts, il fait des erreurs, mais ça ne remet pas en cause le fait qu’il soit fondamentalement quelqu’un de bien. J’aime qu’il y ait ces différentes couches-là.

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Justine, la relation que Morgan, votre personnage, a avec sa sœur Joanne, est pleine d’amour mais il y a aussi de la jalousie, de la rivalité. C’est intéressant. Comment on fait selon vous pour gérer les relations familiales à l’âge adulte?

Justine Lupe: C’est difficile parce qu’on a tous, enfin moi en tout cas, j’ai l’impression d’avoir comme un câblage dans le cerveau, des circuits anciens, familiers, qu’on retrouve avec les membres de la famille. On a tous cette tendance, je crois, à redevenir la version de nous-mêmes qu’on était à 16 ans quand on est avec nos parents. Il y a quelque chose dans le fait d’être de retour chez eux qui nous fige là où on s’était arrêtés en partant. On retombe dans des dynamiques familières. Et c’est difficile à éviter si on n’y travaille pas consciemment. C’est comme si le thermostat était réglé sur ce niveau-là. Et j’aime que ces deux filles essaient d’en sortir. Elles sont parfois un peu dures verbalement avec leurs parents, elles se taquinent et en même temps, elles travaillent sur leurs relations, elles essaient d’évoluer.

Dans cette saison 2, Morgan a l’impression d’être “la fille difficile”. C’est quelque chose de très parlant pour beaucoup de femmes. Est-ce que ça vous parle personnellement?

Justine Lupe: Totalement. Quand j’étais enfant, je priais presque pour être plus comme mon frère. Je me souviens très bien d’avoir pensé : “J’aimerais tellement être plus comme lui.” Il était si facile à vivre, gentil, léger, cool… et moi, j’étais comme un petit feu d’artifice. Je sentais bien que j’étais la “difficile”. Je comprends très bien ce que c’est de se sentir un peu comme le mouton noir. Et puis lui, il était aussi plutôt beau gosse, toujours charmant, alors que moi je traversais des phases bizarres, maladroites, j’avais des coupes de cheveux étranges qui n’allaient pas avec mon visage, je portais des vêtements qui ne m’allaient pas bien. Je ressentais tous les bouleversements hormonaux de l’adolescence. Donc je comprends vraiment ce sentiment de me dire : “Mon frère, c’est l’enfant chéri.” J’aurais aimé avoir un peu plus de ce truc-là. Avec le temps, tout ça s’est équilibré. On est très proches aujourd’hui, et je crois que toute cette petite rivalité, ou cette jalousie du fait que je n’étais pas “l’enfant modèle”, s’est apaisée en grandissant. Mais oui, c’est familier pour moi. Et j’imagine qu’avec une sœur, ce genre de dynamique doit être encore plus chargé émotionnellement.

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Qu’espérez-vous que les gens retiennent comme message au sujet de la religion?

Kristen Bell: En fait, ça pourrait parler de n’importe quelle religion ou même de restrictions alimentaires…

Adam Brody: Comme être vegan par exemple…

Kristen Bell: Oui, la question est: comment allez-vous faire pour que ça fonctionne? Je pense que c’est à vous de décider à quel point vous croyez en quelque chose. C’est un choix que vous devez faire, et si vous faites ce choix tous les jours, ça pourrait vous épanouir. Mais c’est un choix individuel.

Jackie Tohn: À un moment, mon personnage Esther dit à Joanne que la religion juive, c’est un sentiment, c’est quelque chose que l’on ressent. Pour moi, le judaïsme est autant une culture qu’une religion. Je peux presque sentir quand quelqu’un est juif, il y a une manière d’être, une énergie, une chaleur. Et chez le personnage de Joanne (et chez Kristen aussi), il y a cette énergie de yenta, cette manière vive, chaleureuse, tactile… Bien sûr, beaucoup d’autres cultures partagent ça. Mais pour Esther, être juive, c’est un ressenti. Et j’aime cette idée. J’aime qu’on n’ait pas besoin de rendre ça lourd, d’en faire une question de “suis-je ou ne le suis-je pas ?” Non: si tu le ressens, alors tu le ressens, tout simplement.

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