Règles : pourquoi l’écologie fait-elle encore peur ?

Mis à jour le 21 avril 2022 par Anna Venet et ELLE Belgique
Règles : pourquoi l’écologie fait-elle encore peur ? © Shutterstock

Pour se protéger pendant les règles, de nombreuses femmes utilisent toujours des protections jetables, néfastes pour l’environnement. Aujourd’hui, il existe des solutions beaucoup plus durables, qui ont encore du mal à se faire une place dans la routine féminine.

Depuis quelques années, une nouvelle méthode entièrement naturelle existe pour gérer sa période de règles. Appelée le flux instinctif libre, cette pratique est originaire des Etats-Unis et s’est fait connaître en France en 2015. Mais cela ne fait que quelques mois que cette alternative gagne en popularité, grâce aux réseaux sociaux, aux blogs et aux vidéos Youtube. Le concept : libérer de façon volontaire et contrôlée le sang des règles directement aux toilettes plutôt que de le laisser couler sans aucune maîtrise. Soit ne plus utiliser aucune protection pendant les règles et gérer instinctivement son flux grâce aux muscles du périnée. C’est donc bel et bien une méthode 100% écologique, qui ne produit aucun déchet, et aussi 100% économique car elle ne nécessite aucun achat. Chaque femme peut l’essayer, et il n’existe encore aucune étude contre-indiquant cette méthode. Pourtant, le flux instinctif libre reste assez méconnu du plus grand nombre et peine à prouver son efficacité. 

Les protections écologiques ne datent pas d'hier

Cependant, ce n’est pas la première alternative aux protections menstruelles jetables. Il existe déjà bien d’autres solutions plus écologiques, et ce depuis bien longtemps. Par exemple, la coupe menstruelle, ou cup, a été créée officiellement en 1933, et a connu des heures de gloire dans les années 60. Très populaire chez les hippies principalement, cette méthode est apparue en Europe dans les années 2000. Ensuite, il y a les serviettes hygiéniques lavables, déjà très utilisées par les femmes au début du XXème siècle. Mises de côté en 1963 à l’arrivée des serviettes jetables, elles sont désormais réapparue sur le marché. Enfin, la culotte menstruelle est l’alternative écologique la plus récente, puisqu’elle a été commercialisée pour la première fois en 2014 aux Etats-Unis. Aujourd’hui, ces solutions réutilisables ont le vent en poupe, car elles sont écologiques et ne possèdent aucun risque pour la santé. A l’instar des protections hygiéniques jetables, encore très populaires auprès des femmes malgré leur impact négatif sur l’environnement et le corps. 

Unsplash - Oana Cristina
© Oana Cristina - Unsplash

Rien qu’en 2018, 5,8 milliards de tampons ont été achetés aux États-Unis. Sachant que les femmes ont en moyenne 480 fois leurs règles au cours de leur vie, chacune d’entre elle jetterait entre 100 et 150 kg de produits hygiéniques au total, d’après le livre “Flow : The Cultural History of Menstruation”. Ces protections hygiéniques jetables sont principalement composées de plastique, matière mettant 500 à 800 ans pour se décomposer. Soit un vrai désastre pour la planète. Aussi, ces protections sont un véritable poison pour les femmes qui les utilisent. Une étude réalisée par 60 millions de consommateurs en 2017 a révélé que les tampons et serviettes jetables contenaient des résidus de substances jugées toxiques pour la santé, et soupçonnées d'être des perturbateurs endocriniens. 

Pour les règles, les habitudes sont difficiles à changer

Malgré tout, beaucoup de femmes ont encore du mal à passer le cap des protections hygiéniques écologiques. Même si les règles sont de moins en moins taboues, certaines femmes pensent encore que ce phénomène est sale, et qu’il faudrait le passer sous silence, sans se soucier de son impact sur notre corps et sur la planète. Alors, par ignorance du fonctionnement des menstruations et des conséquences des protections classiques jetables, beaucoup de femmes utilisent encore ces méthodes et ne pensent même pas aux alternatives possibles. Car bien évidemment, les tampons et serviettes jetables sont entrées depuis toujours dans nos habitudes de consommation. Aujourd’hui, il est plus facile d’acheter une boite de tampons au supermarché plutôt que de trouver une culotte menstruelle. Il est difficile pour beaucoup de changer ses habitudes et de se créer une nouvelle routine. Contrairement aux protections classiques, que l’on jète à la poubelle une fois utilisées, les protections lavables demandent plus d’entretien et demandent un effort pour changer son quotidien. 

Unsplash - Natracare
 © Natracare - Unsplash

Surtout, la raison la plus avancée par celles qui utilisent les protections menstruelles jetables, c’est le coup élevé des nouvelles alternatives écologiques. En effet, une cup est vendue entre 15 et 35 euros pièce et une serviette lavable entre 15 et 20 euros. Quant aux culottes menstruelles, leur prix oscille entre une trentaine et une cinquantaine d’euros l’unité. Soit une certaine quantité d’argent à débourser en une seule fois, qui peut faire obstacle aux possibles intéressées. Même si leur prix est rapidement amorti et est plus rentable sur le long terme, cela peut être un investissement trop conséquent pour celles qui ont du mal à boucler leurs fins de mois. Quand on sait déjà que beaucoup de femmes, comme les étudiantes ou celles en situation précaire, peinent à s’acheter des protections classiques, il semble évident que les solutions écologiques soient hors de portée pour elles. Malheureusement, comme pour le bio ou le made in Belgique, les protections menstruelles écologiques s'adressent aussi à une certaine partie de la population. Quelle que soit la situation, l’écologie est-elle un luxe toujours réservé aux riches ?

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