La contraception naturelle en débat

Mis à jour le 16 février 2018 par ELLE Belgique
La contraception naturelle en débat

452368681

Les méthodes de contraception naturelles ont la cote. Les demandes d’IVG, elles, augmentent. Et si on informait mieux sur les alternatives à la pilule ?

On les pensait réservées à nos grands-mères.  Et pourtant, les "naturelles" séduiraient une femme sur dix.  C'est une étude française de l'INED-Inserm qui le dit.

Pourtant, les calculs sont vite faits: 99,8% d'efficacité pour le stérilet, 91% pour la pilule, 85% pour le préservatif, 78% pour le retrait avant éjaculation et 75% pour la méthode OGINO [NDLR: éviter les rapports sexuels pendant la période féconde]. CQFD !

Pendant des années, le droit à la contraception a sonné comme un combat pour l’égalité. Aujourd’hui, les femmes s’en éloignent. Ces fameuses méthodes naturelles vont-elles changer notre quotidien ?

Entre mythe et réalité, analyse avec le Centre de Planning Familial, Aimer à l’ULB.

1/

200245438-001

  • Des méthodes peu efficaces

Le naturel sauverait les femmes de la contraception chimique. Adieu les effets secondaires et les risques pour la santé. Peut-être ... mais danger quand même !

Aimer à l’ULB :

"Lorsque les femmes se tournent vers la contraception naturelle, elles n’utilisent bien souvent qu’une seule méthode. Soit, elles calculent leur jour d’ovulation comme elles l’ont appris à l’école. Soit, elles utilisent un préservatif les périodes à risques. Elles pensent que c’est efficace mais c’est sans compter que pour arriver à un résultat plus ou moins valable, il faudrait combiner trois méthodes et pas une seule."

Calcul + Retrait + Préservatif: pas sûr que ça plaise à tout le monde !

Pour certaines femmes, il y va de leur liberté individuelle. C'est une question de choix d'imposer ou non des hormones à son corps. Il existe, pourtant, des méthodes mécaniques (non hormonales). Ces dernières empêchent la rencontre du spermatozoïde et de l'ovule. C'est le cas du stérilet au cuivre. Ca mérite d'y penser ! Et ne vous fiez pas aux vieux discours rétrogrades: une femme, n'ayant jamais eu d'enfants, peut avoir un stérilet.

2/

122487700

  • Le retrait avant éjaculation: un leurre

Le coitus interruptus est source d’angoisses mais aussi parfois, de tension. La contraception devient alors une affaire de couple. Attention aux débordements (sans mauvais jeu de mots) !

Aimer à l'ULB:

"Le retrait est plutôt privilégié par les adolescentes ou les jeunes adultes. Elles sont de plus en plus nombreuses à venir nous voir après un retrait raté. Nous sommes toujours un peu étonnés de voir qu’elles peuvent croire en sa fiabilité. Surtout que depuis des années, on tient le discours inverse. Elles se reposent davantage sur les informations qu’elles reçoivent des copines."

Pour certaines, la pression du partenaire est trop forte. La contraception naturelle viendrait sauver leur vie de couple: elle boosterait leur libido.

Aimer à l'ULB:

"Oui, certains contraceptifs jouent sur le désir mais ça dépend évidement d’une femme à l’autre. Quand ça arrive, on se tourne vers son gynéco plutôt que de réagir à chaud et d’arrêter sa contraception. S’il y a des facteurs hormonaux qui interviennent, il y a aussi énormément de psychologique comme l’envie de se sentir plus en liberté parce que l’on ne prend rien."

3/

ARGENT

  • L’argument financier : un faux semblant

En Belgique, la contraception est globalement peu remboursée. Pour exemple, l’INAMI n’intervient qu’à hauteur de 20% pour la pilule. Certains moyens contraceptifs, eux, ne sont tout simplement pas remboursés. Néanmoins, les jeunes filles, jusqu’à l’âge de 21 ans, bénéficient d’un petit coup de pouce financier : des réductions ou la gratuité. Certaines mutuelles interviennent aussi dans le cadre de leur assurance complémentaire.

Aimer à l'ULB:

« Pour contrecarrer cet argument, les médecins ont tendance à prescrire des pilules génériques, qui restent à tout âge relativement abordables. »

4/

476812547

  • Un avortement aussi, ça coûte cher

... psychologiquement !

Aimer à l'ULB:

"Chez nous, nous avons, par semaine, douze à quatorze demandes d'IVG. Certaines femmes ont tendance à relativiser le risque. En cas de problème, il ne faut pas hésiter à appeler un centre ou un médecin. Si des jeunes filles veulent recourir aux méthodes naturelles, elles doivent avant prendre rendez-vous avec un gynéco. Il ne faut pas faire tout et n’importe quoi !"

5/

452368681

  • Les médias en rajoutent

Les récentes émissions, consacrées aux dangers potentiels des pilules de 3° et 4° générations, compliquent la tâche des médecins. L’angoisse monte chez les patientes. Thrombose veineuse, embolie pulmonaire, … Les risques sont bel et bien là. Mais ces accidents concernent très souvent des femmes prédisposées.

« En consultation, les médecins doivent de plus en plus détricoter les peurs des patientes. Oui, il y a eu des accidents. Un décès n’est bien entendu jamais négligeable. Mais si l’on remet ça en perspective, au regard du nombre d’années d’utilisation, ça reste infime. Les médias ont fait énormément de dégâts. On a constaté, après la diffusion de certains reportages, de nombreux arrêts de pilule et par conséquent, de demandes d’IVG. »

Sources chiffrées: choisirsacontraception.fr