Si l’orgasme implique généralement une stimulation physique, il pourrait également survenir par la simple pensée. C’est ce que démontre une étude s’appuyant sur le cas d’une femme de 33 ans.
Les mystères de l’orgasme sont loin d’avoir livré tous leurs secrets. Ce réflexe déclenché par une stimulation physique des zones génitales – ou, plus rarement, d’autres zones érogènes comme les mamelons – suit habituellement un parcours allant du corps vers le cerveau. Pourtant, le chemin inverse, du cerveau vers le corps, semble lui aussi possible. En témoignent par exemple les orgasmes nocturnes provoqués par des rêves érotiques.
Pour vérifier la « réalité » de ces orgasmes provoqués par la pensée, des chercheurs se sont penchés sur le cas d’une femme de 33 ans, dont la pratique du yoga tantrique lui permet d’atteindre un état orgasmique sans stimulation génitale. L’objectif de l’étude, publiée dans « Sexual Medecine », était de mesurer les taux des hormones impliqués dans la jouissance avant, pendant et après ces orgasmes spontanés.
Des taux de prolactine comparables à un orgasme stimulé génitalement
Des prélèvements sanguins ont ainsi été effectués pour déterminer les taux d’hormone lutéinisante, d’hormone folliculo-stimulante, de testostérone libre et de prolactine, considérée comme un « marqueur objectif de la qualité de l’orgasme » afin de constater scientifiquement sa survenue.
Les résultats montrent que les taux de prolactine ont augmenté respectivement de 25 % et de 48 % cinq et dix minutes après l’orgasme induit par la pensée. Ils restaient encore très élevés par rapport à la valeur initiale trente minutes après. « L’augmentation de la prolactine après les NGSO (orgasmes non stimulés génitalement) indique qu’ils induisent les mêmes changements physiologiques que les GSO (orgasmes stimulés génitalement) et résultent d’un traitement cérébral descendant. »
Le cerveau comme épicentre du plaisir
Les chercheurs en ont ainsi déduit l’existence d’un orgasme dit « top-down », c’est-à-dire initié par l’activité cérébrale : « Bien que les orgasmes soient généralement déclenchés par une stimulation génitale ascendante, il est clair qu’ils peuvent être induits sans stimulation génitale de manière descendante, reflétant à la fois la mémoire sensorielle et motrice, et pouvant être activés par les rêves, les fantasmes et les images érotiques, en particulier chez les femmes. »
La pratique du yoga et de la méditation tantrique serait un facteur aidant pour atteindre cette capacité : « Une telle formation pourrait bien sensibiliser les circuits spinaux et cérébraux pour atteindre l’orgasme, ce qui, en retour, renforcerait également les mécanismes neuronaux de l’excitation et du désir sexuels », analyse l’étude.
Ce n’est pas la première fois que les scientifiques pointent l’importance du cerveau : en 2006, la Revue Médicale Suisse avait ainsi publié « Le cerveau au cœur du plaisir féminin ». Exposant son rôle épicentral dans la réponse sexuelle, l’étude suggérait de déplacer le centre de l’orgasme féminin du clitoris et du vagin vers le cerveau, définit comme le coordinateur du plaisir et du désir.