Selon une étude de 2025, ceux nés après 1997 seraient particulièrement ouverts au sexe non pénétratif.
Faisons-nous l’amour de la même manière selon notre année de naissance ? C’est par cette question que commence l’enquête sur la sexualité des hommes des générations Y et Z, publiée dans le n° 65 de la revue « Sexualités Humaines ». Menée par la sage-femme sexologue Agathe Vedelago, elle s’intéresse tout particulièrement à la place de la pénétration pénio-vaginale dans les rapports intimes des hommes cis-hétéros.
Les résultats de cette étude se basent sur les réponses de 586 participants : 301 issus de la génération Y (nés entre 1980 et 1996) et 285 de la génération Z (nés entre 1997 et 2010).
Le sexe non pénétratif valorisé par la génération Z
Jusqu’alors considérée comme incontournable dans nos scripts sexuels, la pénétration semble aujourd’hui remise en question, notamment par les plus jeunes. Pendant longtemps, cette pratique a d’ailleurs été centrale pour caractériser un rapport sexuel. Si c’est toujours le cas pour 74 % des hommes appartenant à la génération Y, seuls 44 % de ceux de la génération Z considèrent qu’un rapport sans pénétration n’est pas un rapport sexuel. Ces derniers sont d’ailleurs 92 % à la percevoir comme « non essentielle », contre 75 % de la génération Y.
Même si les hommes les plus âgés de l’échantillon semblent encore accorder de l’importance à cette pratique (49 % de la génération Y), on constate néanmoins une évolution certaine avec les générations précédentes : ils n’étaient que 39 % en 1992 et 40 % en 2008 à ne pas être frustrés par l’absence de pénétration pendant un rapport hétérosexuel, selon les précédentes enquêtes CSF. Ce chiffre s’élève désormais à 81 % pour la génération Y qui, majoritairement, caractérise la pénétration comme « non obligatoire ».
Une sexualité plus égalitaire
Pour Agathe Vedelago, ce renouvellement des pratiques est influencé par la loi de 2004, qui a fait de l’ éducation à la sexualité une obligation dans les écoles, ainsi que par l’émergence de contenus pédagogiques : « Des comptes éducatifs fleurissent sur les réseaux sociaux, des séries telles que Sex Education normalisent la pluralité des sexualités et des ouvrages voient le jour, combattant la norme pénétrative et l’hétéronormativité de nos rapports. Les Z, plus jeunes, sont alors plus touchés par ces influences positives ».
Ce contexte a contribué à promouvoir des rapports plus égalitaires entre les hommes et les femmes. On retrouve ainsi les caresses buccales et manuelles, reçues et données, parmi les pratiques préférées des participants de l’enquête. « Les pratiques ‘données’ sont classées plus haut dans la hiérarchisation des pratiques, contrairement aux résultats obtenus en 2008. Une des hypothèses tirées de ces résultats serait que les hommes de notre étude ont une sexualité plus ‘altruiste’ » analyse la sage-femme. Cette prise en considération du plaisir de sa partenaire pourrait également expliquer la remise en question de la pénétration, celle-ci conduisant rarement à l’orgasme féminin.
La pénétration reste une source de plaisir sexuel pour de nombreux hommes
Même si les participants de l’enquête valorisent le sexe non pénétratif, cette pratique n’est pour autant pas abandonnée : elle reste présente dans plus de la moitié de leurs rapports sexuels, indique Agathe Vedelago. Source de plaisir, la pénétration est jugée satisfaisante pour 95 % des hommes interrogés, toutes générations confondues. « C’est d’ailleurs la pratique qui ressort en tête du classement chez les deux générations, lorsqu’il a été demandé aux répondants de citer les pratiques vectrices de plaisir ».
Pour la sage-femme, il ne s’agit pas de condamner cette pratique appréciée par la grande majorité des hommes, mais plutôt de s’en décentrer afin d’enrichir sa sexualité. Plus d’inventivité et d’attention portée à ses sensations, disparition de la pression liée à l’érection… Ce renouvellement des pratiques s’observe d’ailleurs aussi au sein des communautés gays : en 2022, l’application de rencontre Grindr a ajouté une option permettant à ses utilisateurs d’indiquer « aucune pénétration ». La preuve qu’ajouter le sexe non pénétratif à son répertoire sexuel bénéficie à toutes les générations et orientations sexuelles confondues.