Sexe vanille : faut-il culpabiliser d’être ennuyeux au lit ?

Mis à jour le 24 janvier 2023 par Camille Vernin
Sexe vanille : faut-il culpabiliser d’être ennuyeux au lit ? © Kelsey Curtis - Unsplash

Le parfum vanille n’a strictement rien d’original, mais n’est-ce pas le goût que tout le monde apprécie ?

Peut-être êtes-vous déjà tombé sur l’expression « vanilla sex » ou « sexe vanille » lors de vos pérégrinations sur le web, dans une série ou même au détour d’une conversation. Cette expression plutôt underground désignerait en réalité une façon conventionnelle de faire l’amour.

Qu’est-ce que le sexe vanille ?

Wikipédia définit le sexe vanille comme "une sexualité hors rapports BDSM et fétichistes, souvent en opposition à la sexualité tordue (kinky sex)" et ajoute que "parmi les couples hétérosexuels des pays occidentaux, la sexualité vanille se réfère souvent à la position du missionnaire". De son côté, le Urban Dictionnary le décrit comme "ce qu'une culture considère comme une pratique sexuelle standard. On le définit généralement comme du sexe simple et ennuyeux. Mais pour un amoureux de la vanille, il s'agit d'une pratique sexuelle passionnée".

En bref, une définition plutôt large et ambiguë qui laisse entrevoir un large panel de pratiques différentes, même si le bon vieux missionnaire semble être la position de rigueur. Il est cependant fort à parier que si vous demandiez à dix personnes différentes leur définition du sexe vanille, vous obtiendriez dix réponses différentes. La nuance intéressante cependant, est le caractère péjoratif associé au sexe vanille, considéré comme "simple" et "routinier". Le vanilla sex semble finalement se résumer à la petite soeur ennuyeuse du "kinky". Le "kinky", c’est le coquin, l’excentrique, l’original, celui qui sort des normes, qui laisse libre cours au pervers et au coquin. Le "sexe vanille" apparaît à côté comme plus simple, plus calme, avec peu de positions, plus routinier finalement, et donc forcément coupable.

 

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Pourquoi le « sexe vanille » est-il considéré comme une insulte ?

Dans une société qui nous pousse toujours à la course au plus long, plus profond, plus vrai, plus beau, plus fort, difficile de ne pas se poser quelques questions voire d'éprouver une certaine culpabilité vis-à-vis de nos propres pratiques. Depuis des décennies, la pop culture nous instigue à la recherche de l’insolite, du démesuré, de l’extraordinaire. "Fifty Shades of Grey" et "365 Dni" nous ont suggéré que le sexe devait être extrême et dominant. Et même devant "The Notebook", dans un tout autre registre, le cinéma nous fait bien comprendre que le sexe classique dans un lit n’est rien comparé à du sexe passionnel sous la pluie. Bouquet final quand Sting annonçait en 1993 à Q Magazine, être capable de faire l’amour pendant 7 heures d'affilée à sa femme. Avant de faire son mea culpa quelques années plus tard pour finalement admettre qu’un film et un dîner étaient inclus dans cette durée vertigineuse.

 

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Oui, crier haut et fort que l’on préfère le sexe vanille reste encore aujourd’hui tabou. "L'exagération des expériences sexuelles dans les médias est problématique pour les relations réelles car elle élève les attentes à des niveaux irréalistes", explique Lana Otoya, coach en relations amoureuses, à InStyle. "Le porno librement disponible a également permis à la personne moyenne de voir plus facilement du sexe sauvage et fou qui n'est pas toujours réaliste".  Dans une société qui considère la routine comme une tare à fuir par-dessus tout, et dans laquelle les titres de magazines nous incitent à « pimenter notre vie sexuelle », à « multiplier nos orgasmes », ou à tester « les positions sexuelles les plus acrobatiques », qui a encore envie d’être qualifié d’ennuyeux ou peu inspiré ?

Le problème réside principalement dans notre comparaison à la vie sexuelle d’autrui, qu’il s’agisse d’intensité, de fréquence ou de durée. "Parce que nous ne n’abordons pas le sexe de manière ouverte et transparente, beaucoup d'entre nous cherchent à se repérer en établissant des baromètres par rapport auxquels ils peuvent mesurer leur vie sexuelle pour s’assurer qu’ils sont normaux, que les choses vont bien et qu’ils font comme tout le monde", explique la sexothérapeute Vanessa Marin.

Le sexe ennuyeux n’existe pas

Cela va sembler désuet d’évidence mais il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire l’amour comme vous vous en doutiez. Que vos goûts soient sauvages ou doux, il s’agit avant toute chose de pratiquer le sexe que vous aimez. S’il est prévisible, lent et tendre, allez-y ! Cela ne veut pas dire qu’il soit médiocre pour autant. L’ennui, la routine, les rituels, ont du bon et même beaucoup de bon. Ils ont non seulement quelque chose de rassurant et de réconfortant, mais ils permettent par leur régularité de savourer toutes les nuances de la chose et de les affiner. Mais il n'est sûrement pas nécessaire d'être un adepte du BDSM et de la folie au lit pour faire l'amour de façon incroyable, et il ne faut certainement pas faire des choses avec lesquelles on ne se sent pas à l’aise.

 

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Une vie sexuelle ennuyeuse ou sans passion dépend uniquement de la façon dont vous la considérez. C’est vous et uniquement vous qui décidez à quoi le sexe doit ressembler, il n’y a pas de critères d’excellence. Aucune étude ne permet malheureusement de dire quelle est la meilleure façon de faire l’amour. Quant à la durée, une récente enquête menée auprès de sexothérapeutes canadiens et américains, publiée dans le Journal of Sexual Medicine, a conclu qu'un temps "adéquat" à "souhaitable" pour un rapport, sans compter les préliminaires, se situe entre 3 et 13 minutes. Tout ce qui dépasse 10 minutes commence à devenir trop long, ont-ils déclaré. De quoi mettre fin à certains clichés en matière de performance. David McKenzie, un sexothérapeute clinicien basé à Vancouver, convient qu'une connexion émotionnelle, mentale ou spirituelle demeure pour les femmes ce qu'il y a de plus crucial dans la sexualité.

Alors avant de nous tarauder l’esprit sur notre soi-disant pudeur ou fermeture d’esprit en matière de pratiques sexuelles, on cible plutôt ce qui nous anime et nous nourrit. Il s’agit de prendre du recul et de se poser la question : « Qu’est-ce que j’aime dans le sexe ? ». Plus nous pourrons connaître, accepter et parler de notre sexualité, mieux nous serons en mesure d'avoir des relations sexuelles épanouissantes. Et si vous préférez la glace vanille plutôt qu’un sorbet pomme-kiwi, c’est tout à votre honneur !

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