La robe engagée de Natalie Portman aux Oscars en 5 réalisatrices

Mis à jour le 12 février 2020 par Elisabeth Debourse
La robe engagée de Natalie Portman aux Oscars en 5 réalisatrices "The Farewell"

Chaque année, les remises de prix snobent les réalisatrices et leurs films. Mais aux derniers Oscars, Natalie Portman a littéralement porté le nom de ces oubliées du cinéma.

Sur le tapis rouge, toutes les robes ne se valent pas. Et si l'on peut épiloguer des heures sur les choix stylistiques faits, certains font l’unanimité. Comme la tenue que portrait l’actrice Natalie Portman à la dernière cérémonie des Oscars : une longue robe noire à bustier Dior tapissée d’un motif de feuilles d’or et recouverte d’une longue cape. Sur le liseré de celle-ci, des noms étaient brodés : Lulu Wang, Greta Gerwig, Lorene Scafaria, Melina Matsoukas, Marielle Heller, Mati Diop, Alma Har’el ou encore Céline Sciamma ; les réalisatrices de grands films de 2019 boudées par l’Académie.

En 2018 déjà, Natalie Portman avait subtilement dénoncé l’absence très récurrente de femmes cinéastes aux Oscars au moment de lire l’enveloppe annonçant le meilleur réalisateur. Cette année-là, la sélection avait été entièrement masculine, ne laissant sa chance à aucun film réalisé par une femme. Depuis la naissance des Academy Awards en 1929, seules cinq femmes ont été citées dans cette catégorie. Kathryn Bigelow est quant à elle l’unique réalisatrice à avoir ramené le trophée chez elle en 2010, pour le long-métrage « The Hurt Locker ». Pourtant, cette année encore, il y avait de quoi faire. La preuve en cinq films.

Lulu Wang et « The Farewell »

Cette histoire est basée sur un vrai mensonge. Celui qu’on a raconté à la grand-mère de Lulu Wang, Nai Nai : elle mourra bientôt. Le mariage d’un cousin en Chine est l’occasion de lui dire au revoir, sans qu’elle ne s’en aperçoive, mais donne aussi lieu à des questionnements fondamentaux pour toute la famille. Une comédie poignante, qui révèle au monde le talent de Lulu Wang, jeune réalisatrice sino-américaine de 36 ans qui raconte ici sa propre histoire avec humour et sensibilité.

Céline Sciamma et « Portrait de la jeune fille en feu »

Ce visage, on ne l’oubliera pas. Celui d’Adèle Haenel, sur le plateau de Mediapart, venue pour dénoncer les attouchements et le harcèlement sexuel que le réalisateur Christophe Ruggia lui a infligés quand elle n’était encore qu’une adolescente. Céline Sciamma, un temps sa compagne, a écrit « Portrait de la jeune fille en feu » pour elle : l’histoire d’une jeune noble promise à un homme qu’elle n’a jamais vu et qui refuse de lui offrir une image d’elle, un portrait, qui scellerait leur union. Une peintre (Noémie Merlant) est alors engagée pour la lui voler. C’était sans compter les sentiment qui habitent les deux femmes.

Lorene Scafaria et « Hustlers »

Rassembler Cardi B., Jennifer Lopez et Lizzo dans un même film mérite déjà un prix en soi. Mais « Hustlers » vaut véritablement le détour, au-delà de la présence de ces noms au casting. Ce long-métrage raconte l’histoire vraie d’une bande de stripteaseuses et leur « casse du siècle » : voler aux riches traders pour redistribuer aux pauvres — elles, en l’occurence. Un succès critique et une nomination au Golden Globes de la meilleure actrice pour J.Lo, mais pas même une citation aux Oscars.

Greta Gerwig et « Little Women »

« Les quatre filles du Docteur March », le titre francophone de « Little Women », a marqué des générations d’enfants, mais aussi de femmes. Simone de Beauvoir, entre autres, racontait d’ailleurs qu’elle avait reconnu son visage et son destin dans ce livre écrit en 1868 de la main d’une Américaine, Louisa May Alcott. L’histoire de ces quatre sœurs avait déjà été adapté cinq fois au cinéma avant que la réalisatrice de « Lady Bird » Greta Gerwig réunisse Saoirse Ronan, Timothée Chalamet, Laura Dern, Meryl Streep et Emma Watson au casting de sa propre version, qui remet sur la table l’identité de genre et sexuelle du personnage de Jo.

Melina Matsoukas et « Queen & Slim »

Certains dates Tinder tournent mal, c’est un fait, mais probablement jamais autant qu'ici. Dans « Queen & Slim », un homme et une femme noirs sont arrêtés par un agent de la circulation pour une infraction de la route mineure — un clignotant oublié. La situation dégénère et le personnage joué par Daniel Kaluuya (« Get Out ») tue le policier dans une tentative de se défendre. La suite est une longue descente aux enfers filmée par Melina Matsoukas, réalisatrice de plusieurs épisodes de séries récompensés (« Master of None », « Insecure ») et du clip « Formation » de Beyoncé. L’histoire du jeune couple va faire la une des journaux, mais surtout inspirer une véritable révolution.

À LIRE AUSSI

Golden Globes : quels sont les plus beaux looks ?