Témoignages : amours de vacances… et retour

Mis à jour le 20 août 2019 par Elisabeth Clauss
Témoignages : amours de vacances… et retourPhoto by Roberto Nickson on Unsplash

Les amours de vacances, c'est comme la vaisselle artisanale peinte à la main : dans le décor local, ça a toujours l'air d'une bonne idée. Mais au retour à la vie normale, c'est la gueule de bois.

Emmanuel, 39 ans, encadreur

« Cet été là, je n'avais pas prévu de congés, mais j'avais accompagné un ami à la gare de Bruxelles, jusque sur le quai. Là, j'ai eu un flash pour une jeune femme qui montait dans un train. J'ai réfléchi une seconde – ça n'était clairement pas assez – et je suis monté dans le train avec elle. Elle s'appelait Valérie, et je l'ai abordée, persuadé que mon geste irréfléchi et romantique sera la chance de ma vie. C'est vrai qu'elle était très belle. Mais au bout de quelques kilomètres, je me suis aperçu qu'elle était mariée, que nous avions pas grand-chose à raconter, et que sur tout les sujets de conversation que je lançais, nous aviez des avis contraires. Piteux, je suis descendu à Bâle. Et j'ai pris le train dans l'autre sens. Ça été mon seul voyage de l'année. »

Géraldine, 21 ans, étudiante en journalisme

« J'étais allée me perdre deux semaines chez mes grands-parents au fin fond de la Normandie. Un jour de pluie, j'ai rencontré Arthur sous un abribus. La situation était hyper romantique, nous cognions nos parapluies l'un contre l'autre. On a discuté, laissé passer deux bus. Quand il m'a proposé de poursuivre cette conversation autour d'un café, j'ai mentalement rayé le rendez-vous auquel je me rendais, et j'ai accepté. Nous avons fini par passer la nuit ensemble, chez lui. En me réveillant, j'ai commencé à me promener dans son appartement. La veille, je n'avais rien vu, il faisait nuit. La, j'ai découvert tous ses livres sur la guerre, les reproductions d'armes qu'il collectionnait accrochées au mur, et même, dans la cuisine, un portrait de dictateur. J'ai dit que j'allais chercher des croissants, et je me suis enfuie. »

Claire, 43 ans, prof de fitness

« Je n'étais jamais sortie avec une fille de ma vie. Mais cet été dans un club de vacances, j'ai rencontré Mona. Il y a eu une alchimie entre nous, qui a très vite dérapé. J'ai découvert avec elle les délices du saphisme. Même si je ne l'aurais pas spontanément appelé comme ça, et que je n'avais aucune intention de poursuivre l'expérience une fois rentrée à ma vie normale. Mais Mona n'a pas apprécié que je rompe à la fin du séjour, ni que je sois dans un demi déni. J'avais commis l'erreur de l'accepter comme amie sur Facebook. Pendant que j'étais dans l'avion, sans que je puisse intervenir, elle a fait mon coming out sur mon mur. A l'attention de mes 4000 contacts. De mes collègues. Et de mon petit ami. Ou plutôt, mon ex petit ami. »

Romain, 27 ans, employé communal

« J'avais 17 ans, et j'étais parti en vacances avec mes parents dans une maison qu'ils avaient louée en Corse. Il m'avait permis d'inviter mon pote Geoffrey. Quelques jours avant le départ, il nous a raconté que sa mère venait de se faire larguer et qu'en plus à cause de ça, ses vacances tombaient à l'eau. Mes parents ont proposé à Caroline d'accompagner son fils avec nous. Le problème, c'est que Caroline avait été mère très jeune. Elle avait à peine 36 ans. J'ai commencé à la regarder en douce, et progressivement, en maillot de bain, elle n'était plus seulement la mère de Geoffrey, elle était aussi et surtout une très jolie femme qui venait d'encaisser un coup dur. Dès qu'on se retrouvait seuls dans la cuisine ou au bord de la piscine, mon attitude avec elle changeait. Bien sûr, elle l'a remarqué. N'a pas protesté. Un soir, tout le monde était allé se coucher, et nous sommes restés tous les deux pour ranger la vaisselle. C'est moi qui ai fait le premier pas, mais elle a embrayé, très rapidement. Nous avons fini dans sa chambre. Au petit matin, c'est Geoffroy qui nous a trouvés. Il venait emprunter son chargeur de téléphone. Dans cette histoire, j'ai perdu mon meilleur ami, un peu de la confiance de mes parents, une semaine de vacances puisque tout le monde est rentré tellement l'ambiance était gâchée, mais j'ai conservé mon sens de l'humour. Ça a seulement pris 7 ou 8 ans pour qu'on puisse en rire en famille. »

Éléonore, 68 ans, traductrice

« C'était dans les années 80, et je venais de me faire poser des implants mammaires, assez imposants comme c'était la mode. À l'époque, la chirurgie n'était pas aussi fine qu'aujourd'hui. À peine deux semaines après l'opération je suis partie en vacances avec une amie en Israël. Nous rêvions d'aller nous baigner dans la mer Morte. A l'hôtel, j'ai fait la connaissance de Stéphane, un touriste français. Nous avons vite démarré une liaison, même s'il ne pouvait pratiquement par me toucher la poitrine. Un après-midi, nous sommes partis en excursion pour nous baigner dans cette eau hyper salée. Peut-être était-ce la nature corrosive du sel, peut-être n'avais-je pas suffisamment cicatrisé. Toujours est-il que lorsque je suis sortie de l'eau, mes cicatrices avaient enflé et saignotaient. Un peu, mais c'était une vision inoubliable, pour tout le monde sur la plage. J'ai été emmenée à l'hôpital, mais je n'ai jamais revu Stéphane. Depuis, tout va parfaitement bien. Et je vais à la piscine. »

Tristan, 38 ans, galeriste

« C'était ma première fois à Ibiza. En boîte de nuit, je rencontre un sublime Italien, "Maurizio". On danse, on flirte toute la nuit. Je le ramène à la villa que j'avais louée avec des amis. Le lendemain matin au petit déjeuner, ils se marraient tous sous cape. Maurizio, je l'ignorais, était un DJ célèbre, et il avait eu des aventures avec tout Paris, tout Londres, tout Berlin. Et ailleurs aussi. L'histoire a duré deux mois. Dès qu'on arrivait quelque part, dans des soirées à Paris ou à Bruxelles, la réaction des gens était la même : j'étais le bleu qui s'était laissé séduire par cette machine à plaire. Au bout d'un moment, Maurizio est devenu un handicape social pour moi. Comme je n'étais pas spécialement amoureux, j'ai fini par rompre. Sa réputation à lui m'en faisait une, à moi. Il m'a fait une scène phénoménale. Trois jours après, il était recasé. »

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