Orgasme: réjouissez-vous le feu d’artifice est arrivé

Mis à jour le 18 avril 2019 par ELLE Belgique
Orgasme: réjouissez-vous le feu d’artifice est arrivé

Pour Elisa Brune, auteure et journaliste belge, le plaisir féminin est une forêt à explorer plus qu’une autoroute à trouver.

Le désir et la séduction, c’est sa tasse de thé. Elle leur a consacré des romans, a aussi écrit des articles et des livres sur des sujets aussi variés que les étoiles et les volcans. Mais surtout, Elisa Brune part en croisade pour mettre le plaisir des femmes au cœur du débat. À la lecture des expériences, anecdotes et statistiques qu’elle compile dans « Labo Sexo »*, son nouveau livre, on se dit que le temps est venu de libérer la parole autour de ce que certains considèrent encore comme un mythe : l’orgasme féminin. Une rencontre avec l’auteure s’imposait. Dans un café de la place des Chasseurs ardennais, à Schaerbeek, nos involontaires voisines de table en ont eu pour leur argent.

ELLE. On se sent mieux après avoir lu votre livre...

Elisa Brune. Merci, c’est la preuve que j’ai atteint mon objectif !

ELLE. Après le succès du « Secret des femmes », il y a cinq ans, vous publiez un livre au titre nettement plus direct mais au thème identique : le plaisir féminin. On dirait que vous êtes bien investie par le sujet ?

Elisa Brune. Tout a commencé par la préparation d’un roman qui parlerait d’initiation sexuelle. Je me suis mise à réunir des anecdotes sur la cour de récré, les premiers émois. Mais les confidences que je récoltais sont allées beaucoup plus loin que mon intention de départ. Très vite, je me suis aperçue qu’il y avait encore aujourd’hui un grand hic dans la vie des femmes : leur rapport à l’orgasme. Découvrir le chemin pour y parvenir et l’entretenir reste le vrai problème de la sexualité féminine, alors qu’il ne pose aucune question chez l’homme. Beaucoup de femmes manquent d’informations et de repères concernant l’orgasme. Même si on se fait des confidences intimes entre femmes, on manque souvent de comparaison.

ELLE. Ce « Labo Sexo » propose 80 chapitres courts, très accessibles et illustrés de manière humoristique par Serge Dehaes. On dirait que vous voulez toucher tous les publics, est-ce un livre à mettre entre toutes les mains ?

Elisa Brune. Oui, c’est le but. Je voulais réaliser un livre friendly, facile à lire, qu’une fille puisse offrir à sa mère et même une grand-mère à sa petite-fille. J’apporte des données scientifiques mais surtout des informations utiles d’une manière décomplexée, décontractée, pour donner des outils mais aussi de l’appétit.

ELLE. Justement, que dites-vous aux femmes qui ont peur d’ouvrir votre livre ou qui le pensent inutile ?

Elisa Brune. J’ai en effet publié des livres sur le même sujet, qui ont pu paraître fastidieux, difficiles à lire. Celui-ci est vraiment accessible : tout le monde peut le comprendre. Quant à celles qui le trouvent inutile, tant mieux : c’est qu’elles naviguent avec bonheur dans la sexualité et sont complètement épanouies (rires) ! Cela dit, j’ai écrit ce livre parce que j’ai constaté que c’est rarement le cas.

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Lu dans « Labo Sexo », le livre qui appelle un chat un chat…

Orgasme, les chiffres

« Les chiffres varient autour d’une proportion d’environ 30 % de femmes ayant souvent accès à l’orgasme en couple, et 30 % en ayant rarement ou jamais. Dans tous les cas, ils sont très inférieurs à ceux des hommes. Quand l’information existe par classe d’âge, on voit que l’accès à l’orgasme est plus rare chez les femmes très jeunes,
puis augmente avec l’âge pour rediminuer après 60 ans.

Ces listes sont fastidieuses, mais les faits sont là : ça ne marche pas à tous les coups. Entre 25 % et 30 % des femmes ont le plaisir en pointillé ou au chômage. Mais au fond, ce ne serait peut-être pas un problème si personne ne s’en plaignait… Il se fait que ce n’est pas le cas. Une étude menée en 1994 indiquait déjà que 58 % des femmes souhaiteraient jouir plus souvent. »

Cunni, la tendance émergente

« Le cunnilingus progresse dans les jeunes générations. La dernière grande enquête sexuelle aux États-Unis, en 2010, a montré que 61 % des garçons avaient déjà pratiqué le baiser intime – contre 11 % au milieu des années 1950.
Cette progression est le fait le plus marquant dans l’évolution des
pratiques hétérosexuelles.

Mais une équipe de chercheurs de l’Université du Michigan a interrogé 43 étudiantes en détail sur leur expérience du cunnilingus. Celles-ci racontent un scénario très différent