Vous pensez que votre enfant est juste « difficile à table » ? Qu’il finira bien par se lasser de ses pâtes natures et de ses compotes industrielles ? Peut-être… ou peut-être pas. Parfois, derrière une assiette repoussée ou une crise de larmes à la vue d’un haricot vert, se cache plus qu’une phase passagère, mais plutôt un trouble alimentaire. On appelle ça l’ARFID. Traduire : trouble de l’alimentation évitante restrictive.
Comment le reconnaître ?
Les signes sont parfois là très tôt, souvent avant 2 ans, et s’accentuent au moment de la diversification. Parmi les plus fréquents :
- Des repas minuscules : l’enfant s’arrête après trois cuillères.
- Une sélectivité extrême : il refuse des familles entières d’aliments (tout ce qui est vert, tout ce qui colle ou tout ce qui croque).
- Une rigidité obsessionnelle : une marque différente de pâtes peut suffire à déclencher une crise.
- Une néophobie persistante : impossible de goûter quoi que ce soit de nouveau.
Pourquoi il faut éviter de banaliser
On a longtemps parlé de ces enfants comme de « petits mangeurs », comme si cela faisait partie du folklore parental. Sauf que dans le cas de l’ARFID, les conséquences peuvent être sérieuses : retards de croissance, carences, problèmes digestifs, sans parler de l’impact social. Difficile d’aller dormir chez un·e copain·ine quand on ne mange que trois aliments.
Le trouble ne vient d’ailleurs jamais seul. Il s’accompagne souvent d’anxiété, de TDAH ou de troubles du spectre autistique, ce qui complique encore la prise en charge.
Et maintenant, on fait quoi ?
Pas de remède miracle, mais une prise en charge sur plusieurs fronts. Un·e pédiatre pour dépister les carences, un·e nutritionniste pour rééquilibrer les apports, un·e orthophoniste pour travailler la mastication, un·e pédopsychiatre pour apaiser l’anxiété.
Et surtout, jamais de rapport de force à table. Transformer le repas en champ de bataille ne fait qu’ancrer la peur. L’idée, c’est d’y aller doucement : mini-expositions progressives, réintroductions en douceur, jeux sensoriels… tout plutôt que la contrainte.
Un trouble encore trop méconnu
Si l’ARFID reste aussi peu diagnostiqué, c’est parce que personne n’en parle. Beaucoup de parents n’y voient qu’une phase. Beaucoup de médecins eux-mêmes ignorent jusqu’au nom de ce trouble, pourtant officiellement reconnu dans le DSM-5, le manuel de référence en psychiatrie. Alors la prochaine fois que vous entendrez « il est juste difficile », prêtez l’oreille plutôt que de forcer la cuillère.