Toujours responsable, toujours impeccable, toujours là pour tout le monde. Si cette phrase vous ressemble un peu trop, il y a des chances que vous soyez atteinte du fameux « syndrome de la grande sœur ». Un rôle que l’on n’a rarement choisi, mais que l’on a intégré très tôt, un peu comme une deuxième peau.

Le syndrome de la grande soeur, c’est quoi ?

C’est ce sentiment persistant de devoir être parfaite, fiable, disponible, mature… dès l’enfance. Une posture souvent inconsciente, mais profondément ancrée, qui fait de l’aînée une mini-adulte bien avant l’âge. On devient en quelque sorte la coparente officieuse, le tampon entre les parents et les autres enfants, celle qui doit toujours montrer l’exemple.

On retrouve ce schéma chez beaucoup de femmes, surtout dans des familles nombreuses, monoparentales, ou dans les foyers où les parents, débordés ou absents, ont délégué – volontairement ou non – une partie de leur charge à l’aînée.

Une charge mentale invisible

Ce rôle d’aînée modèle, c’est souvent de la charge mentale déguisée en bon sens. On apprend à faire passer les besoins des autres avant les siens, à anticiper, à rassurer, à s’occuper. Résultat : à l’âge adulte, on devient souvent la collègue qui gère tout, l’amie qui écoute tout le monde sans jamais parler d’elle, ou la partenaire qui prend tout sur ses épaules. Et c’est là que le bât blesse. Car ce syndrome peut entraîner du stress et du surmenage, de la culpabilité même parfois, et une tendance à s’effacer. On finit par croire que notre valeur réside uniquement dans ce qu’on fait pour les autres.

 

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Sans surprise, ce schéma est profondément sociétal et genré. Dans beaucoup de cultures, les filles sont éduquées à être maternantes, responsables et à prendre soin. Et lorsqu’elles sont en plus les premières nées, ces attentes se démultiplient. Le problème, c’est que cette posture est rapidement intériorisée comme une norme. Elle est même valorisée par les adultes, perçue comme un signe positif de maturité, alors qu’il s’agit d’un déséquilibre émotionnel déguisé en bonne élève. 

Comment s’en libérer alors ?

Spoiler : on ne quitte pas un rôle de grande sœur du jour au lendemain. Mais on peut en prendre conscience, et choisir de le déconstruire petit à petit. D’abord, il s’agit de mettre des mots dessus. Reconnaître qu’on a intégré ce rôle sans le choisir, c’est déjà une forme de reprise de pouvoir. Ensuite : apprendre progressivement à dire non, à poser des limites, et à apprendre à exister autrement que par le service rendu. 

C’est le prérequis pour ensuite se reconnecter à soi. Posez-vous la question : qu’est-ce que vous voulez vraiment, sans tenir compte des attentes autour ? Certaines y arriveront seules, d’autres auront besoin d’un petit coup de main : thérapie, coaching, cercle de parole… Tout ce qui permet de sortir de l’isolement émotionnel est bon à prendre. Pour ne pas replonger dans ses vieilles habitudes, on passe le relai. Laisser les autres gérer, même imparfaitement, est une manière de guérir.

Bref, il s’agit de rester la grande sœur, mais pas de façon sacrificielle. Ce n’est évidemment pas une mauvaise chose d’être attentionnée, organisée, impliquée. Ce qui est toxique, c’est de l’être par automatisme, au point de s’oublier complètement. Et si on réinventait ce rôle ? Une grande sœur, oui, mais qui prend soin d’elle d’abord. Une grande sœur qui n’a plus besoin d’être parfaite pour se sentir aimée.