« Si je devais déménager à l’étranger pour mon travail, est-ce que tu me suivrais ? », « Quelle est la chose que tu regrettes le plus dans ta vie ? », « Quelle est ta plus grande peur dans notre couple ? ». Silence. Puis rire nerveux. Ou pas. Depuis quelques mois, un drôle de jeu s’est invité dans les salons (et les cœurs) des jeunes couples en route vers l’autel : celui de tirer des cartes – non pas de tarot, mais de questions-réponses, façon quizz émotionnel, pour mieux se sonder l’un l’autre avant de se dire « oui » pour la vie.

Une pratique qui cartonne

Le principe ? Un jeu de cartes – souvent joliment brandé bien sûr – avec des questions existentielles, touchantes ou franchement cash. Parfois intimes, parfois déstabilisantes, toujours révélatrices. On pense à des marques comme We’re Not Really Strangers ou Let’s Talk About It qui fleurissent désormais chez Urban Outfitters ou en ligne. Ces jeux, initialement pensés pour renforcer la connexion entre deux personnes, connaissent aujourd’hui un boom très ciblé : celui des jeunes fiancés.

« On avait cinq heures de route devant nous, on l’a testé en voiture, raconte Pauline, 29 ans, qui se marie cet été. Et on ne s’est plus arrêtés. On a parlé de choses qu’on n’avait jamais pensé aborder en quatre ans de relation. » Peur de l’engagement, vision de la parentalité, gestion de l’argent… Le jeu agit comme un catalyseur, une sorte de mini-thérapie conjugale déguisée en moment ludique. Bien plus sexy qu’un PowerPoint sur la répartition des tâches ménagères.

Pourquoi on joue ?

Parce que l’amour ne suffit pas. Voilà ce que sous-tendent ces jeux. Ce qu’ils nous rappellent, surtout. Derrière l’aspect « Trivial Pursuit de l’âme », se cache un vrai besoin de s’aligner, de s’assurer qu’on avance à deux dans la même direction. Dans un monde où 45% des mariages finissent en divorce, où l’on swipe plus qu’on ne discute, et où la communication est reine mais souvent mal maîtrisée, ces jeux offrent un terrain d’entraînement. Safe, bienveillant, mais pas naïf.

Pour les couples hétéros, c’est aussi une manière de casser certains silences générationnels. « Mon mec n’est pas du genre à parler de ses émotions, mais là, il se sentait légitime de le faire. C’est comme si le jeu l’autorisait à lâcher le masque », observe Amandine, 32 ans, qui a découvert le jeu « 5 minutes de moments complices » pendant sa préparation au mariage civil.

Une forme d’engagement moderne

Le jeu devient alors un rite de passage contemporain. À défaut d’institutions ou de traditions communes, il représente une nouvelle forme de préparation au mariage. « Avant de s’engager pour la vie, on voulait faire le point, regarder sous le capot, voir si tout roulait encore entre nous. » Une forme d’engagement 2.0, où la vulnérabilité est reine, et où le romantisme ne se niche plus seulement dans le fantasme mais dans l’honnêteté crue.

D’ailleurs, le phénomène ne touche pas que les futurs mariés. Les célibataires en quête de soi, les duos d’amis en reconversion affective ou les couples longue durée en mal de renouveau s’y mettent aussi. En vrai, qui peut parier qu’il ou elle connaît à 100% la personne avec qui il ou elle partage sa vie ? Spoiler : pas grand monde.

Un miroir, pas un oracle

Attention cependant, ces jeux ne sont pas des tests de compatibilité déguisés ni des outils miracles pour éviter la rupture. Ils sont des déclencheurs de discussion, des révélateurs de failles parfois, des accélérateurs de maturité amoureuse. Un miroir plutôt qu’un oracle.

Et c’est peut-être ça, leur force : créer un espace où l’on peut enfin se dire les choses, sans agenda, sans filtre, sans peur de la cassure. Parce que si on doit sauter ensemble, autant savoir sur quel sol on atterrit. Et après tout, quoi de plus romantique que de se regarder dans les yeux et de répondre à la question : “Quand est-ce que tu t’es senti(e) le plus aimé(e) par moi ?”

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