C’est un fait : année après année, les pays nordiques trustent les premières places du classement des nations les plus heureuses du monde. Danemark, Norvège, Suède, Finlande… Ils ont beau frôler les -20°C en hiver, ce sont eux qui affichent les scores les plus élevés en matière de bien-être. Leur secret ? Une fiscalité élevée qui garantit une sécurité sociale en béton, un rapport sain au travail, une connexion forte avec la nature… et un concept méconnu mais fondamental : le dugnadsånd.

Le dugnadsånd, c’est quoi ?

Si vous n’avez jamais entendu ce mot (ce qui ne serait pas surprenant), le dugnadsånd est un principe profondément ancré dans la culture norvégienne. Il vient du mot « dugnad », qui signifie littéralement « effort collectif bénévole ». Autrement dit, c’est l’idée que chacun met la main à la pâte pour le bien commun, sans attendre de récompense en retour. On pourrait le traduire par un mélange de solidarité, d’esprit communautaire et de responsabilité sociale.

En Norvège, le dugnad est une pratique bien ancrée dans le quotidien. Il peut s’agir d’aider à rénover l’école du quartier, entretenir un parc, nettoyer un immeuble, ou encore organiser un événement local. Pas besoin de coups de pression ou de menaces de sanctions, c’est simplement un mode de vie. L’idée ? Que la communauté prospère grâce à l’investissement spontané et volontaire de chacun.e.

Pourquoi ça marche (et pourquoi ça rend heureux) ?

Dans une société où tout s’achète et se monétise, le dugnadsånd est un retour aux bases : on aide parce qu’on en a envie, parce qu’on sait que cela profite à tous, et parce que cela nous apporte un sentiment de satisfaction. Des études ont d’ailleurs démontré que l’engagement social et le sentiment d’appartenance sont les premiers piliers du bonheur. Donner de son temps pour les autres active les mêmes circuits cérébraux que ceux du plaisir. Cela renforce les liens entre voisins, crée du lien intergénérationnel et offre la sensation de se sentir réellement utile à la société.

Autre point clé : le dugnadsånd encourage une société plus égalitaire. Tout le monde met la main à la pâte, sans distinction de statut. Le ou la PDG et l’étudiant.e repeignent ensemble le mur du club de foot local. Résultat ? Une culture basée sur l’entraide plutôt que sur l’individualisme, où chacun se sent responsable du bien-être collectif.

Comment l’adopter ?

Soyons honnêtes : en Belgique (comme ailleurs), l’individualisme a la vie dure. On râle sur l’état des parcs, des infrastructures, des quartiers… sans forcément se demander ce que l’on pourrait faire, à notre échelle, pour améliorer la situation. Le dugnadsånd, ce serait un peu l’antidote à la complainte passive.

Pour s’y mettre, inutile d’attendre une révolution culturelle. Cela commence par des petits gestes :

  • Organiser le nettoyage collectif d’un espace public avec ses voisins
  • Proposer son aide pour une initiative locale (bibliothèque, jardin partagé, fête de quartier…)
  • Se rendre disponible pour des actions bénévoles, même ponctuelles
  • Encourager ce genre d’initiatives dans les écoles, les entreprises, les quartiers…

En intégrant un peu de dugnadsånd dans le quotidien, on crée non seulement une société plus chaleureuse, mais où la connexion entre les gens ne se limite pas aux écrans et aux obligations. Et si la solidarité était en fait l’ingrédient manquant à notre quête de bonheur ? La question mérite d’être posée.