Pourquoi toutes les femmes devraient s’intéresser dès l’enfance à leur périnée ?

Mis à jour le 8 avril 2024 par Marie-Noëlle Vekemans
Pourquoi toutes les femmes devraient s’intéresser dès l’enfance à leur périnée ? ©Shutterstock

Dans l’univers intime du bien-être féminin, il existe une zone souvent éclipsée de nos préoccupations santé par ignorance ou tabou : le périnée. Ce réseau musculaire discret (parce qu’interne), tapi au cœur de nos entrailles, joue pourtant un rôle capital dans notre santé globale, notre confort quotidien et notre épanouissement sexuel à tout âge. 

Souvent appelé le « plancher pelvien », il peut être comparé à un hamac de muscles et de tissus. Il s’étend de l’os pubien à l’avant jusqu’à la base de la colonne vertébrale à l’arrière, et latéralement entre les ischions. Il soutient les organes pelviens comme l’utérus, la vessie et le rectum contre les effets de la gravité et les impacts parfois intenses de nos mouvements quotidiens. Mais son rôle ne s’arrête pas là : il a aussi toute son importance dans le maintien de la continence urinaire et fécale grâce à la coordination des sphincters, dans les sensations sexuelles et dans le bon déroulement d’une grossesse et d’un accouchement. On comprend tout de suite mieux son importance cruciale au sein de notre corps.

Des dégâts possibles dès l’enfance

Et pourtant, bien souvent, les femmes apprennent l’existence et les missions du périnée lors d’une grossesse et d’un accouchement. Avant ça, jamais entendu parlé, ou vaguement. Dès l’enfance, une mauvaise posture, des chutes ou un accident, mais aussi des impacts répétés lors d’activités sportives peuvent déjà solliciter et, potentiellement, affaiblir le périnée. L’âge adulte apporte lui aussi son lot de défis supplémentaires : tout d’abord lors de la grossesse puisque le périnée soutient le poids croissant du fœtus et ensuite, à l’accouchement et tout  spécialement lors d’une naissance par voie vaginale avec usage de forceps ou pratique d’une épisiotomie qui peuvent respectivement étirer ou déchirer les muscles. Enfin, la diminution des  niveaux d’œstrogènes pendant la ménopause peut affaiblir les tissus du périnée puisque ces hormones jouent un rôle clé dans le maintien de la force et de l’élasticité des tissus musculaires et conjonctifs.

Face à toutes ces situations, il faut savoir que plus le périnée est tonique, mieux il peut résister. Il faut donc tout faire pour le préserver au maximum tout au long de sa vie et avoir conscience que les activités à fort impact, les longues périodes assises, la constipation chronique, le tabagisme, l’obésité ou encore un mode de vie sédentaire peuvent petit à petit contribuer à son affaiblissement. 

Le pire scénario 

Un périnée affaibli ou lésé peut entraîner des conséquences importantes, tant physiologiques que psychologiques, sur la qualité de vie des femmes : incontinences, descente des organes pelviens (prolapsus), douleurs pendant les rapports sexuels, etc. Le traitement de ces conditions peut aller de la rééducation spécialisée aux exercices quotidiens à la maison en passant par des aides technologiques, de type biofeedback et stimulateurs, voire la chirurgie. Car dans les cas où la rééducation n’est pas suffisante, le gynécologue peut discuter des options chirurgicales (ablation) ou d’autres traitements avancés pour rétablir l’anatomie pelvienne. Heureusement, la plupart des problèmes sont évitables ou traitables avec une prise en charge adéquate. 

L’importance de connaître son corps

Il est évident que parler du périnée et de sa santé ne devrait pas être un tabou. L’information, l’éducation et la prévention sont nos meilleures alliées pour vivre en harmonie avec notre corps. Il est essentiel de s’informer, de briser les silences et d’encourager les discussions ouvertes et la transmission d’informations sur ces sujets, que ce soit avec des professionnel·les de la santé, dans les cercles familiaux, amicaux, ou dans des espaces éducatifs. Se renseigner sur son corps dès le plus jeune âge, c’est s’armer pour le futur. Prendre soin de son périnée, c’est investir dans sa santé et son bien-être à long terme. 

Photo d'une culotte tenue par des mains.
©Shutterstock

Protéger son périnée

Le message est clair : inutile d’attendre les inconforts ou la rééducation périnéale post-accouchement pour prendre soin de son périnée. En cas de pratique d’un sport impliquant des impacts répétés comme la course à pied, le basket, l’équitation, la gymnastique, le trampoline, etc., il faut adapter ses entraînements en intégrant des exercices appropriés pour tonifier les muscles du périnée ou alors adopter en complément un sport plus doux comme la natation, la marche, le yoga, le Pilates, l’aquagym... pour contrebalancer. Les accessoires tels que le SwissBall ou le Pilates Circle amplifient l’intensité des exercices et obligent à contracter les muscles périnéaux pour garder un certain équilibre. Mêmes effets lors de l’utilisation de boules de geisha.

Lors d’une grossesse et d’un accouchement, des exercices de respiration et d’étirements à faire tout au long de la gestation peuvent limiter les dégâts. Il est également conseillé de consulter des spécialistes qui peuvent recommander des exercices adaptés à chaque situation.

Le port d’une ceinture de grossesse Physiomat est une autre stratégie efficace pour protéger le dos et combattre les douleurs pelviennes, dorsales ou sciatiques, que ce soit pendant ou après la grossesse. Concernant le soin du périnée, le massage pendant la grossesse peut réduire le risque de déchirures durant l’accouchement. Il est recommandé de commencer ces massages réguliers à partir du huitième mois pour assouplir les muscles. Pour ce massage, il est conseillé d’utiliser une huile végétale neutre, comme l’huile d’amande douce ou une huile spécifique pour le périnée, et de l’appliquer en réalisant de légères pressions et des étirements sur le périnée en utilisant le pouce à l’intérieur du vagin.

Le·la gynécologue : un·e partenaire de confiance 

Le rôle du gynécologue (que l’on doit voir, pour rappel, au minimum une fois par an même quand tout va bien) dans la prise en charge de la santé du périnée est central, offrant expertise, conseils et traitements adaptés à chaque étape de la vie d’une femme. Une consultation annuelle qui permet d’éviter les mauvaises surprises, de jouer à fond la carte de la prévention et de poser toutes ses questions. 

Car malheureusement, comme tant d’autres problèmes de santé, les femmes ne parlent  de leurs inconforts liés à un périnée relâché qu’une fois qu’ils sont devenus un vrai problème dans leur quotidien. Cette collaboration entre patiente et spécialiste est donc fondamentale pour prévenir, diagnostiquer et traiter les éventuels problèmes, assurant ainsi un bien-être global et durable. 

En effet, dès les premières consultations à l’adolescence, le·la gynécologue peut informer sur l’anatomie, le fonctionnement et l’importance du périnée, ainsi que sur les bonnes pratiques pour le préserver, mais aussi détecter les signes précoces de dysfonctionnement. Les femmes doivent aussi prendre conscience que les inconforts physiques, douleurs, apparitions d’une sensation inhabituelle lors d’un rapport sexuel ou d’une rougeur, d’un bouton, d’un point de beauté suspect, d’une modification de sa taille, de sa couleur ou de sa texture ne sont pas normaux. Subir son corps n’est pas une fatalité, on agit et on prend rendez-vous immédiatement pour obtenir conseils et aide. 

La relation de confiance établie entre une femme et son gynécologue permet également d’aborder des sujets souvent considérés comme tabous, tels que les troubles sexuels, notamment en cas de périnée affaibli. En fournissant un espace sûr et professionnel pour discuter de ces problématiques, le·la gynécologue aide les femmes à surmonter leurs difficultés, contribuant à leur bien-être émotionnel et psychologique.

Le périnée n’est donc pas juste un ensemble de muscles ; c’est une clé de voûte de notre bien-être physique et émotionnel. Parce que chaque femme mérite de vivre en pleine possession de son corps, l’éducation et la prévention autour du périnée doivent être une priorité pour toutes. N’hésitons pas à consulter, à nous informer et à agir de manière proactive. Faites passer le message à vos mères, filles, sœurs, tantes, copines, voisines, collègues, etc.  

Un merci tout particulier au Docteure Marie Kroll, gynécologue au centre médical L’Élan et conférencière sur le périnée, pour son accompagnement dans la rédaction de cet article. 125, avenue du Cor de Chasse, 1170 Watermael-Boitsfort - 02 662 08 20, lelan.be

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