Travail du sexe : Libellule dévoile les coulisses de ce métier insolite

Mis à jour le 11 juillet 2023 par Noemi Dell'aira Photos: Léonard Melchior
Travail du sexe : Libellule dévoile les coulisses de ce métier insolite © Léonard Melchior

À seulement 25 ans, Libellule a vécu des tonnes de vies professionnelles. Elle a bossé dans les champs l’été, fait les vendanges, s’est retrouvée dans la restauration jusqu’à devenir femme de ménage sur les bateaux. Mais son étincelle, elle l’a trouvée dans le travail du sexe.

969k d’abonnés sur TikTok. 179k sur Instagram. Pour une influenceuse qui ne compte plus ses profils disparus de la surface de la Toile, c’est plutôt pas mal. Libellule, ancienne travailleuse du sexe, partage son expérience sur les réseaux sociaux, prône plus que jamais une sexualité libérée, et surtout, elle nous raconte tout sans langue de bois.

Comment t’es-tu lancée dans le travail du sexe (TDS) ?

Pendant mon dernier boulot un peu classique (j’étais responsable de salle dans le restaurant d’un camping), j’ai eu de nombreux soucis avec mon patron. J’en avais vraiment marre de me faire traiter comme une sous-merde et ça a été une révélation : je ne voulais plus travailler pour un homme et je voulais monter mon propre business.

Je suis passionnée par beaucoup de choses, dont le sexe. Je me suis renseignée, j’ai déniché un site de camgirl et je me suis lancée. J’avais 19 ans. Ma première spé (on appelle ça une spécialité dans le langage TDS), c’était une cam de 10 minutes pendant laquelle je me suis masturbée devant un mec. Quand ça s’est terminé, je me suis sentie puissante et j’ai adoré cette sensation. S’en est suivie toute une nuit de taf où j’ai essayé de découvrir ce que j’aimais, ce que j’aimais moins, quelles étaient mes limites… Je n’ai pas arrêté de bosser comme une ouf pendant un an. Quand j’ai commencé à en parler sur TikTok, ça a beaucoup fait parler, parce qu’une jeune femme qui assume aimer le sexe sur les réseaux et être une travailleuse du sexe, ça choque les gens.

Le TDS, ça reprend quoi exactement ?

Il y a une multitude de branches dans le travail du sexe : les actrices porno, prostituées, escorts, camgirls… Moi, je travaillais exclusivement sur internet en tant que « domina » (dominatrice, NDLR), je n’ai jamais fait de rencontres clients.

Une journée type, ça ressemble à quoi ?

Je commençais vers 21h et je faisais mes lives, mes cams, mes dominations… jusqu’à environ 7h du matin. J’allais me coucher à 8h, je me réveillais à 14h pour faire mes lives l’après-midi. Je faisais une petite pause et je reprenais à 21h. Tous les jours de la semaine. C’était fou !

Libellule, c’est beau. Ça vient d’où ?

Quand j’ai commencé dans le TDS, il fallait que je me trouve un nom de domina. Mon choix s’est porté sur Maîtresse Dragonfly, mais pour mes réseaux plus soft, il fallait quelque chose de plus doux donc je l’ai traduit en français : Libellule. Tout le monde m’appelle Libellule. Libé, Libs… C’est devenu mon prénom.

Est-ce le TDS a changé la perception que tu as de ton corps ?

Il faut savoir que j’avais déjà une confiance en moi optimale avant le TDS. Selon moi, ce n’est pas une activité que tu fais pour avoir confiance en toi. Mais ça a déclenché une appropriation encore plus poussée de mon corps et de ma sexualité. J’avais le pouvoir de décider ou non de me sexualiser et en plus de le monnayer.

Libellule
© Léonard Melchior

Cependant, tu fais énormément de prévention sur tes réseaux sociaux…

C’est le maître mot de mes réseaux, que ce soit sur la sexualité en général (consentement, dépistage, maladies, règles, endométriose…) ou sur les travailleuses du sexe. Je veux faire comprendre que ce n’est pas un métier anodin. Il y a encore trop de gens qui pensent que c’est facile ; il n’y a qu’à envoyer des photos et vidéos nues de soi pour se faire du fric. Non, ce n’est pas la réalité. Ça peut être très dangereux !

As-tu déjà vécu une expérience terrifiante ?

Je recevais toutes les semaines et par dizaines des menaces de mort ou de viol. Des gens m’envoyaient des photos de moi déformées en me disant que c’était ce à quoi j’allais ressembler si un jour ils me retrouvaient. Classic shits, quoi ! J’ai la chance d’avoir une forte carapace et d’avoir confiance en moi et en mes valeurs, donc ça ne m’atteignait que très peu. Ce qui fait peur surtout, c’est de savoir qu’il y a des gens, des humains, qui souhaitent de telles horreurs à des personnes qu’ils ne connaissent pas.

Tes vidéos sur l’harcèlement de rue sont devenues virales sur TikTok…

Oui, il m’est arrivé de filmer dès que je me faisais interpeller par des mecs dans la rue. Surtout l’été. Période pendant laquelle j’aime être le moins habillée possible. Je publie ces vidéos pour montrer à quel point c’est réel, c’est constant, et que ça ne m’arrive jamais de sortir sans qu’on me fasse chier. C’est mon quotidien, et ça me saoule !

La situation s’est-elle empirée depuis que tu parles de sexe sur tes réseaux ?

Pas vraiment, c’est pareil. Voire moins. Je pense que les haters se sont lassés à force. Ils ont capté que ça ne changeait rien. Ils m’ont fait sauter six comptes TikTok, six comptes Instagram. À chaque fois, je suis revenue et ma communauté était présente. On peut dire que ça y est, je suis bien ancrée dans le game !

Si tu devais n’en choisir qu’un : le travail du sexe ou l’influence du sexe ?

J’ai choisi l’influence plutôt que le TDS car je n’ai plus le temps de tourner du porno, j’ai arrêté très récemment. Aujourd’hui, je veux me concentrer sur le fait de délier les langues et de devenir une sorte de médiatrice de la sexualité. Je recevais énormément de messages de femmes qui étaient dans l’incompréhension de leur corps, de leur sexualité, de ce qui les excitait ou pas. Parce qu’on en parle tellement jamais, même à l’école. Mettre une capote sur une banane… Sérieusement, il est temps de passer à autre chose.

Ton look unicorn trash ne passe pas inaperçu ! Où déniches-tu tes looks ?

Mes meilleures copines sont influenceuses mode, elles sont très « pépètes », adorent les vêtements et elles me prêtent toutes leurs affaires car je suis super nulle pour m’habiller. J’adore juste mettre plein de couleurs, des paillettes et avoir le moins de vêtements possible. C’est ça, mon mood. Par contre, j’adore le make-up. Je ne réfléchis pas mes looks, je les fais directement, à l’instantané. Tout ce qui est enfoui en moi ressort, et ça donne des feux d’artifice.

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