Pourquoi on aime Carven

Mis à jour le 21 août 2019 par Elisabeth Clauss
Pourquoi on aime CarvenGuillaume Henry

[caption id="attachment_38342" align="aligncenter" width="600"]Guillaume Henry Guillaume Henry[/caption]

Nous avons rencontré le beau gosse de la semaine, Guillaume Henry, chez Smets à Bruxelles. En réalité le plus séduisant chez ce jeune directeur artistique de 36 ans, c'est son talent, et son aptitude à continuer de rendre hautement désirable les collections d'une maison de près de 80 ans.

Il préside au destin stylistique de Carven depuis 2009. Comment réussit-il à faire d'une honorable maison de couture française une marque donc la jeunesse fashion et avisée raffole ? Il raconte.

Son parcours :

Né près de Dijon, Guillaume Henry a été formé aux Beaux-Arts de Paris, puis à l'Institut Duperré, et à l'IFM, sous l'égide de Francine Pairon. Son nom vous dit quelque chose ? Fondatrice de l'atelier mode de La Cambre, elle est à l'origine de l'une des meilleures formations actuelles au stylisme. L'influence des Belges n'est jamais très loin…

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En quoi la maison Carven a-t-elle changé votre patte ?

"Avant Carven, j'ai eu ma marque, et j'ai aussi travaillé comme styliste auprès des directeurs artistiques qui œuvraient dans des maisons à l'identité forte : Givenchy, Paule Ka, j'ai été  assistant de Riccardo Tisci. Je devais m'adapter au ton de ses studios. Maintenant, je peux exprimer mon propre style. Jusqu'à cette fonction, j'apprenais mon boulot. Je n'arrivais pas encore à me dire « styliste ». Quand on est encore à l'école, on n'apprend pas à gérer des deadlines, une équipe, les aspects financiers d'une collection. On nous enseigne surtout la partie créative. Maintenant, je fais mon métier, complètement."

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Qu'avez-vous apporté à Carven ?

"Quand on vous propose la direction artistique d'une maison, il faut partager des valeurs avec son histoire. Carven, par une coïncidence de vie, ça été une rencontre en deux temps. Il y a 10 ans, j'ai remporté leur bourse du meilleur élève des écoles de mode parisienne. Madame Carven m'a remis le prix, en me disant : « considérez-moi comme votre marraine ». Sept ans plus tard, je devenais directeur artistique de la maison. Je la trouve très sympathique. Je n'aime pas les maisons qui font peur. On peut dire ce qu'on veut, la mode, ça peut être un milieu sympa."

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Comment avez-vous pris vos marques ?

"J'ai fouiné dans les croquis d'archives. Carven est une maison de femme. Il y en a très peu, incarnées par une figure féminine forte. Madame Carven, c'est un personnage mû par la curiosité, enjoué. Elle a été pilote d'avion. Pour moi, cette maison portait une aura populaire, festive. C'était le 14 juillet, Tati, Renoir. Un univers que j'aime."

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Être directeur artistique aujourd'hui, qu'est-ce que ça représente ?

Guillaume Henry veut parler de « métier », mais il fait un lapsus, il veut dire "dans mon métier", et répond : "dans mon mariage ». Son métier, il lui est donc marié : "je n'ai jamais deux journées qui se ressemblent. Mon temps est rythmé par les collections. Avant les collections. Après les collections. Chez Carven, il y en a six par an : deux pour la femme, de pré-collections, deux pour l'homme. Ça donne le tournis. En plus de ça, il faut être en communiquant. Être intégré dans l'économie, dans les marchés, dans l'actualité."

La féminité, aujourd'hui, c'est quoi ?

"Ça n'est qu'un mot. Je pense que nous vêtements autorisent nos consommatrices assumer leurs humeurs. Chaque collection est un scénario. J'imagine une héroïne, un héros, un décor. Cette héroïne, on lui invente des amis, une vie. Mais le plus important pour moi, c'est qu'au quotidien, mes collections permettent aux femmes d'être qui elles veulent, et surtout pas « des femmes Carven ». J'ai du mal avec le premier degré, et les figures imposées. J'aime la dualité : féminin/masculin, introverti/extraverti…"

Où voulez-vous emmener Carven ?

"C'est Carven qui m'emmènera. On a commencé cette aventure sans imaginer qu'on serait portés jusque-là nous sommes actuellement. Cette marque véhicule une puissance folle, un patrimoine, une histoire. Alors que beaucoup de gens, notamment en Asie, pensent que c'est une toute nouvelle marque."

Quel est votre philosophie de mode ?

"La beauté n'a aucun intérêt. Alors que la noblesse est rare. Il n'y a rien de moins chic que de suivre une tendance au pied de la lettre. Chacun devrait pouvoir interpréter le style."

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