Quels seront les nouveaux codes du travail en 2021 ?

Publié le 1 mars 2021 par Elisabeth Clauss et ELLE Belgique
Quels seront les nouveaux codes du travail en 2021 ?©Shutterstock

Bien malin qui peut prédire comment le monde du travail va évoluer – le chaos de l’année passée, personne ne l’avait anticipé. En revanche, une certitude est largement partagée : maintenant qu’on a goûté à une nouvelle organisation des équipes et du temps, on n’est plus très pressé.e.s de retourner bosser à 8h30, la cravate et la brassière bien serrées.

Évidemment, chacun.e a vécu sa réalité, parfois alternée, parfois altérée. Mais ce que nous avons tou.te.s gagné, à un degré ou un autre, c’est une nouvelle réflexion sur l’espace et le temps au travail. Une théorie de la relativité professionnelle, qu’on va pouvoir mettre à profit pour l’avenir. Ce printemps, on (ré)apprend à « Cultiver une équipe », grâce au « Guide illustré pour fédérer et coopérer » (de Sophie Le Stum, Elizabeth Gauthier et Olivier Dutel, aux Éditions Pearson). Quant aux acrobates du télétravail, ils trouveront dans le « Guide de survie aux réunions à distance » (de Sacha Lopez, Manon Mizrahi et Céline Deboudard, aux Éditions Pearson) 30 recettes pour réinventer leurs réunions en ligne. Deux ouvrages dans l’air du temps, boussoles pratiques pour intégrer et réinventer les codes du travail. Un changement de paradigme pas forcément universel, mais qui en dit long sur nos nouvelles aspirations. 

De meilleures relations au travail, même si on se voit moins souvent 

Progresser dans les interactions, ça implique notamment de pratiquer l’écoute adaptée aux besoins des autres et de la situation. Alors que nous avons passé les derniers mois avec des AirPods dans les oreilles à essayer d’échapper aux leçons de piano du voisin, « Cultiver une équipe » nous rappelle les quatre niveaux d’écoute qu’on pratique tou.te.s plus ou moins consciemment selon les circonstances.

1) L’écoute automatique (pas celle qu’on a peaufinée depuis l’école, et qui permet de répéter à la virgule près ce que le prof ou notre conjoint.e vient de dire, alors qu’on pensait complètement à autre chose), mais celle qui, selon les auteurs du livre, n’est pas connectée aux propos ou au message de l’autre, mais à ce qu’on sait ou croit déjà savoir. C’est plutôt une écoute filtrante, et « le jugement n’est pas loin ».

2) L’écoute factuelle, qui se concentre sur les informations données par l’interlocuteur/trice (et qui débouche généralement sur des questions : on est attentif, donc intéressé).

3) L’écoute empathique : quand on perçoit l’information avec le tympan, mais qu’elle fait vibrer nos émotions (ce qui n’implique pas qu’on approuve, mais qu’on éprouve).

4) L’écoute générative, qui « s’ouvre alors à l’inconnu et à un potentiel émergeant (…) Le temps se ralentit et la frontière entre nous et les autres se dissout ».

Une fois les sentiments générés, comment les exprimer ?

Déjà que ce n’est pas facile dans le cadre du couple, c’est encore plus délicat au travail avec des collaborateurs qui nous sont proches, mais pas intimes. Pour commencer, on exclut les sorties négatives du genre « je sens qu’on va se planter », parce que c’est une pensée et non un sentiment. Ensuite, on ne projette pas son ressenti sur les intentions des autres. Au lieu de dire « personne ne m’écoute », on exprime positivement le besoin d’être entendu.e. Au niveau de  l’attention des interlocuteurs, ça change tout.

Téléconférences : s’exprimer c’est bien, mais quand on est 25 sur un écran, on fait comment ? 

Le préfixe « télé » signifie « à distance ». À moins de pouvoir vous téléporter en réunion alors que tou.te.s les participant.e.s sont disséminé.e.s au gré du printemps et des nouveaux aménagements de l’entreprise, il va falloir faire de votre webcam et de son micro mono directionnel vos meilleurs alliés. Dans le « Guide de survie aux réunions à distance », on apprend à transposer la convivialité d’un séminaire en présentiel en vrai moment d’échange numérique, mais pas virtuel. 

Pour commencer, on reproduit chez soi « l’accueil café »

On se connecte un quart d’heure à l’avance, on papote de manière informelle, on vérifie que tout fonctionne, le son et l’image, et même si on sirote son espresso dans une tasse kitsch rapportée de vacances, on humanise le moment. Tout le monde sait bien que quand on est en Zoom, Google Meet ou Teams, sous les chemisiers, il y a les bas de pyjama.

Télépathie : se comprendre dans la jungle des micros, des caméras et des bugs de réseau 

Ce n’est pas parce que le format « en réunion à la maison » suggère des rencontres moins formelles qu’on peut se passer de cadre. Le « Guide de survie » rappelle qu’on ne coupe pas la parole, qu’on ne la monopolise pas non plus, et révèle les codes de langage corporel qui permettent de réagir par la gestuelle. Le micro quand on ne parle pas ? Il est coupé. Question de courtoisie sonore (et de discrétion eût égard à votre vie privée, hors champ). 

Comment éviter la cacophonie ?

On peut décider d’un ordre de parole (horizontal, vertical…) et utiliser le chat pour intervenir, sans faire de bruit. Car, selon les auteurs, la téléréunion ne permet pas, contrairement à son archaïque version en présentiel (vers 2019 après J.C), de se concentrer sur un aparté tout en écoutant les autres d’une oreille. Quand les amplis saturent, c’est la déconfiture. 

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Télétubbies : les règles de courtoisie 

Bien sûr qu’il est tentant de couper sa caméra. Pour petit-déjeuner en scred une fois qu’on a pointé. Pour éviter de se coiffer / raser / maquiller / habiller / ranger le salon. Mais ça n’est pas poli. D’abord, pour celles et ceux qui ont fait l’effort. Ensuite, parce que la visio maximise les interactions entre les participant·e·s. Pour intervenir, on utilise les TAG (techniques d’animation gestuelle). Les signes les plus importants en réunion sont dessinés dans le chapitre idoine (et ne contiennent aucune grossièreté, on vous voit sourire). On peut donc couper son micro, mais il faut avoir les mains bien visibles. Comme on nous l’apprend depuis le XVIIe siècle dans tous les bons protocoles de bienséance en société. En l’occurrence jeux de mains, jeux malins. 

La téléconcentration, ou faire comprendre à vos cohabitants que même quand vous êtes là, vous n’êtes pas là

Votre espace est trop petit pour vous isoler ? Tracer une ligne symbolique. À la craie, avec un ruban, tout ce qui sera éloquent. Et créez un code visuel. Tant que vous aurez votre casque sur les oreilles, le reste de maisonnée doit se déplacer sur la pointe des pieds. Un peu d’autorité au travail, beaucoup de clarté. C’est la télédiplomatie imposée par l’exiguïté. 

La téléréunion de demain

Échevelé.e, cerné.e, pas bien réveillé.e ? Voyez les bons côtés des réunions virtuelles, à travers le prisme des applis de glow up. Du point de vue philosophique, ça peut se discuter, mais au niveau de l’esthétique pure, ça permet de se sentir plus en confiance. Généralement inaugurées sur le marché du travail asiatique où l’innovation se diffuse à ultra haut débit, des applis nous sauvent la mise (en plis). Zoom peut flouter le bazar derrière vous, ou vous permettre de placer une photo en fond. D’autres programmes proposent des retouches en live (avec « Signature Faces » de L’Oréal, on peut uniformiser le grain de peau, maquiller les lèvres et les yeux, quand Zoom Effect redessine en prime les sourcils, la barbe). À réunions virtuelles, lignes de maquillage immatérielles. Plus élaborée encore, une interface qui permet de télécharger une photo de soi, qui sera animée quand on parle. À la limite, on peut faire parler Lady Gaga ou Christine Lagarde (selon le thème de la réunion). Pour les cas ultimes, reste l’option avatar, comme ceux de LoomieLive, qui reprennent les expressions du visage et dédramatisent le moment. Et pour les plus motivé.e.s, la plateforme spatial.io vous réunira sous la forme d’hologrammes dans un décor choisi. La (télé)réalité a rattrapé la (science)fiction. 

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