Écoanxiété: comment agir pour la planète sans sombrer psychologiquement ?

Mis à jour le 12 novembre 2022 par Juliette Maes
Écoanxiété: comment agir pour la planète sans sombrer psychologiquement ? © Shutterstock

Vous arrive-t-il de vous sentir complètement dépassé.e par la problématique du réchauffement climatique ? Ressentez-vous une angoisse grandissante dès que vous pensez à la destruction des coraux ou à la fonte des glaciers ? Si c'est le cas, il est possible que vous souffriez d'écoanxiété.

Aussi appelée solastalgie, l'écoanxiété se traduit par une inquiétude extrême face aux dérèglements climatiques et aux dommages que l'activité humaine cause à l'environnement. Il s'agit d'un sentiment de bouleversement, d'angoisse et de désespoir dû à l'impression que les changements climatiques sont irréversibles et que la planète est condamnée. Ceux qui affirment souffrir d'écoanxiété décrivent des symptômes tels que la perte d'appétit, la pensée obsessionnelle, des troubles du sommeil ou encore des crises de panique. Dans les pires cas, cela peut mener à un désespoir important ou même de la dépression.

Puisqu'il s'agit d'un phénomène relativement récent, il n'est encore pas cliniquement reconnu. Aucune base scientifique ne définit pour le moment ce type d'anxiété et il est difficile de le différencier d'une réaction normale face au le réchauffement climatique. Cependant, au vu des témoignages toujours plus nombreux de personnes à travers le monde, les professionnels de la santé mentale ont commencé à s'y intéresser.

L’écoanxiété : bonne ou mauvaise chose ?

Quoi qu'il en soit, avoir peur de quelque chose qui est susceptible de nous tuer est une réaction tout à fait raisonnable et il s'agit du premier pas vers une solution. La solastologie affecte ainsi principalement des individus conscients de l'urgence écologique et de la nécessité de prendre action. Il existe cependant des solutions pour transformer son écoanxiété en moteur de changement et ne pas se laisser submerger par le sentiment d'impuissance face à la situation climatique.

Quelques pistes pour limiter les effets néfastes de l’écoanxiété

1. Réduire le flux d’informations

Il ne s'agit pas d'ignorer la situation et de s'enfermer dans le déni, loin de là. Mais nous vivons à une époque où nous sommes constamment nourris d'informations et ce, sur toutes les plateformes auxquelles nous avons accès. Si certaines informations sont essentielles pour mieux appréhender le monde dans lequel nous évoluons, le flux constant de données extérieures peut également mener à un état de stress permanent dû à la croyance que l'on risque toujours de rater une information primordiale.

L'humain ayant un penchant pour le sensationnel et la controverse, les actualités sont bien souvent négatives et alarmantes, surtout lorsqu'il s'agit d'écologie. Il peut donc être bénéfique de limiter les canaux à travers lesquels nous récoltons de l'information, en choisissant ceux qui ne nous font pas trop de mal ou même certains qui font du bien. Il existe en effet des médias qui se concentrent sur des faits d'actualité positifs, rarement mentionnés dans les chaines d'informations traditionnelles.

Enfin, il est également conseillé de réduire le temps passé à consulter l'actualité afin de s'autoriser à prendre des pauses durant lesquelles on peut se relaxer et laisser ce qu'il se passe dans le monde de côté.

2. Prendre soin de soi

Face à l'ampleur de la problématique climatique, il est courant de se sentir dépassé, impuissant et cela peut amplifier le mal-être et l'écoanxiété. Ce sentiment d'impuissance peut mener à la paralysie ou, au contraire, à la volonté d'agir pour la cause climatique. Mais si on ne fait pas attention à soi, rien de solide ne peut se construire. Prendre soin de soi-même signifie :

  • accepter et reconnaître ses émotions : affronter ce que l'on ressent est la première étape pour ne pas les laisser prendre le dessus. Les émotions sont instigatrices de mouvement. Elles indiquent qu'un changement est nécessaire. Il ne s'agit pas de réprimer ou de juger les pensées négatives, mais de comprendre d'où elles viennent et pourquoi. Au quotidien, on peut exprimer ce que l'on ressent à travers l'écriture, l'art ou en parlant à un proche. Si cela ne suffit pas, il faudra peut-être faire appel à un professionnel, comme un thérapeute ou un psychologue qui peut aider à identifier et gérer ces émotions négatives.
  • se faire du bien : cela peut signifier prendre un bain chaud, faire du sport, lire, danser, etc. Tout ce qui a tendance à nous apaiser, nous faire oublier les soucis du quotidien. L'important est de trouver ce qui nous fait réellement du bien et de s'en servir dans les moments où on ressent de l'écoanxiété.

3. Agir

Enfin, il faut garder à l'esprit que l'écoanxiété est loin d'être une finalité et qu'elle peut servir de moteur d'action. Il n'est pas question pour autant de devenir activiste et de mettre toute son énergie dans l'action environnementale, mais bien d'insérer dans son quotidien des actions qui vont dans le sens de nos valeurs écologiques et permettront de récupérer une certaine emprise sur la situation, aussi petite soit-elle.

Ces actions sont différentes pour chacun et vont dépendre de facteurs aussi divers que notre mode de vie, nos valeurs, nos moyens, etc. Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise manière d'agir pour le climat, à partir du moment où cette action est réfléchie et consciente.

  • Apprendre à gérer l'incertitude : les enjeux climatiques ont la particularité d'être si larges qu'il est difficile de se sentir en contrôle de la situation. Pour cela, il faut apprendre à accepter et à gérer cette incertitude en ce concentrant sur le moment présent. Personne ne contrôle l'avenir, mais les actions concrètes que l'on met en place en fonction de notre réalité peuvent avoir un impact positif.
  • Vivre avec ses valeurs : commencer un compost, réduire ses déchets, manger moins de viande, on ne nomme plus les petits gestes que l'on peut ajouter à son quotidien pour affirmer ses valeurs et poser des actions concrètes. Le tout sans oublier que l'on peut tout à fait commencer par des petites choses et laisser le temps guider nos pas.
  • S'engager socialement : à côté des actions individuelles, certains pourront trouver beaucoup de satisfaction dans un engagement social. En participant à des mouvements collectifs, on a l'impression d'avoir une plus grande emprise sur une situation. Cela permet aussi de se retrouver avec des personnes qui partagent nos valeurs et nos préoccupations et avec qui on va pouvoir entamer des discussions.

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