Interview exclusive : Beyoncé répond aux questions de ses fans

Mis à jour le 6 mars 2020 par ELLE Belgique Photos: Melina Matsoukas
Interview exclusive : Beyoncé répond aux questions de ses fans © Melina Matsoukas

Alors qu’elle dévoilait les premières images de la collab' entre Ivy Park (sa marque de sportswear) et Adidas, Beyoncé offrait, dans le même temps, une occasion unique aux fans : un full access à sa vie via messages privés. Des confessions sur la maternité, l'importance des moments en amoureux, sur la féminité et l'assurance des courbes généreuses...

Sommaire

Tombée du ciel dans le Crenshaw District – un quartier situé dans le sud-ouest de Los Angeles –, Beyoncé semble débarquer d’un autre monde. Elle entre dans le salon de coiffure local, l’épicerie, le lavoir et le magasin de perruques, vêtue de la collection Adidas x IVY PARK. Elle donne ainsi la preuve vivante que nous aussi, on peut être une super-héroïne tirée à quatre épingles, peu importe où on vit ou qui on est.

Lorsqu’elle crée IVY PARK, elle pense à tout le monde, en privilégiant un look stylé universel – qu’il s’agisse d’aller à la salle, de conduire les enfants à l’école ou de dîner avec son chéri.

Dans le cadre de ce shooting pour ELLE, la superstar pose vaillamment dans une série de vignettes cinématographiques qu’elle a conçues avec sa collaboratrice, Melina Matsoukas, réalisatrice du clip de « Lemonade » et du long-métrage « Queen & Slim ». Cette juxtaposition d’une fille extraordinaire dans un monde ordinaire est indissociable de la magie de Beyoncé. Une magie qui, selon elle, existe chez tout le monde.

En 2016, elle crée IVY PARK. Une marque qu’elle possède aujourd’hui à 100 %, ce qui fait d’elle l’une des plus jeunes femmes – et la seule Afro-Américaine – à détenir la totalité d’une marque d’« athleisure ». Et après avoir compris que les hommes se ruaient aussi sur IVY PARK, elle a élargi sa clientèle en annonçant que la marque proposerait dorénavant des looks unisexes. Son nouveau partenariat avec Adidas lui a permis d’ajouter pour la première fois du footwear à sa collection. Pour le lancement, Beyoncé a sélectionné elle-même ses modèles de chaussures préférés et les a adaptés à l’esthétique choisie pour la saison.

La mode, bien sûr, n’est qu’une corde à l’arc de Beyoncé. Véritable femme de la Renaissance, elle multiplie les talents : réalisatrice (son «Homecoming» a été nommé six fois aux Emmy Awards), actrice (elle a récemment doublé Nala dans le remake du « Roi Lion » ) et productrice (l’album « The Lion King : The Gift » , inspiré par le film) sont ses derniers faits d’armes. Dans ces domaines assez différents, son succès s’explique notamment par sa capacité à s’entourer de personnes dont elle partage la vision, comme Melina Matsoukas.

C’est le moment de céder la parole à celles et ceux qui sont prêts à tout donner pour Beyoncé : ses fans.

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© Melina Matsoukas

L’interview des fans

J’attends avec impatience les nouveautés de IVY PARK. Que nous réservez-vous avec Adidas ?

BKC (Beyoncé Knowles-Carter) : Ma mère m’a inculqué l’idée que la créativité commence par un grand saut dans l’inconnu – en veillant à tenir ses peurs à distance. Et je suis fière d’y parvenir avec Adidas. Je suis impatiente que vous voyiez la campagne pour la première collection de ce nouveau partenariat. Elle intègre mon style personnel tout en s’adressant à tout le monde. J’adore faire des expériences avec la mode, mélanger le sportswear et la haute couture, et même le masculin et le féminin. Cette nouvelle ligne est fun et se prête à la créativité (le pouvoir suprême). J’ai voulu concevoir une collection unisexe de chaussures et de vêtements parce que j’ai vu beaucoup d’hommes porter IVY PARK. La façon dont ils se sont approprié la marque est un cadeau inattendu. J’aime la beauté des vêtements unisexes, je suis contente de briser les codes de la mode. J’ai saisi ma chance quand j’ai racheté mon entreprise. Nous avons tous en nous assez de confiance pour prendre des risques et miser sur nous-mêmes.

Quand vous êtes-vous sentie assez confiante pour prendre totalement les rênes de votre parcours en tant qu’actrice et créatrice ?

Avec le temps, je comprends de mieux en mieux ce que je vaux. Je me suis rendu compte que je devais prendre le contrôle total de mon travail et de mon héritage, parce que je voulais être capable de m’adresser à mes fans d’une façon sincère et sans intermédiaires. Je voulais que mes mots et mon art viennent directement de moi. J’ai fait des choses dans ma carrière parce que j’étais incapable de dire non. Nous avons tous plus de pouvoir que ce que nous croyons.

 J’ai vraiment accroché avec « Lemonade » et j’ai failli m’évanouir quand j’ai vu « Homecoming ». Ça m’a donné envie de me lever et de hurler votre nom ! C’est quoi le problème des gens qui distribuent les récompenses ? Avez-vous été déçue de ne pas gagner un Emmy Award ? Vous savez, pour moi, vous l’avez emporté haut la main.

J’ai commencé à chercher un sens plus profond quand la vie s’est mise à me donner des leçons dont je ne pensais pas avoir besoin. Je ne vois plus le succès de la même manière. J’ai compris que les douleurs et les pertes sont en réalité des cadeaux. Faire des fausses couches m’a appris qu’il fallait que je sois une mère pour moi-même avant de l’être pour quelqu’un d’autre. Et puis j’ai eu Blue, et la recherche d’un but s’est intensifiée. Je suis morte et je suis née à nouveau dans cette relation, et ma recherche d’identité est devenue plus forte. C’est difficile pour moi de revenir en arrière. Être « numéro 1 » n’était plus ma priorité. Ma véritable victoire est de créer de l’art et de laisser une empreinte qui me survivra. C’est gratifiant.

Pourquoi êtes-vous devenue réalisatrice ? Ce n’était pas suffisamment compliqué d’être la reine qui nous en met plein la vue en permanence ?

Merci. La réalisation a toujours fait partie de mon processus créatif. J’ai toujours été passionnée par l’écriture de synopsis pour des vidéos, déjà à l’époque de Destiny’s Child. En 2008, j’ai lancé une société de production. Je me suis retrouvée dans une salle remplie de monteurs qui m’ont montré comment utiliser Final Cut Pro. J’ai passé une année à créer et monter « Life Is But a Dream ». J’ai passé en revue des centaines d’heures de concerts, et ça m’a appris à aimer le processus de création d’un film. J’aime la faculté qu’a le multimédia de nous faire voyager, et ça m’a inspiré des projets comme « Lemonade » et « Homecoming » . J’adore combiner le style documentaire avec des performances live, et intégrer tous les aspects de ma vie dans un film.

Comment travaillez-vous ? Par où commencez-vous ? Où puisez-vous l’inspiration ?

Lorsque je démarre un nouveau projet, je rassemble mon équipe pour faire une prière. Je veux être sûre que nous sommes tous sur la même longueur d’onde, conscients du sens profond de notre travail. Je fais de mon mieux, et j’essaie d’encourager les autres à faire de même. Enfin, je donne tout ce que j’ai. Quand le projet sort, je le laisse aller parce qu’il ne m’appartient plus.

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© Melina Matsoukas

Vous avez travaillé avec plusieurs réalisatrices. Pourquoi était-il important pour vous que ce soient des femmes ?

Melina Matsoukas m’a incitée à m’approprier et à redéfinir le métier de réalisatrice. Si une femme est trop obstinée, trop entêtée, trop tout ce qu’on veut, on l’ignore. C’est arrivé à Melina, je l’ai vu, mais elle a géré ça avec respect et élégance. Melina est une perle rare : elle s’y connaît en mode, en photographie, en storytelling, en histoire et en culture, et elle est capable d’intégrer facilement tous ces éléments dans son travail. Je lui fais confiance depuis plus de dix ans et j’ai développé quelques-uns de mes meilleurs projets à ses côtés – des visuels qui accompagnent ma musique à la scénographie de mes tournées en passant par un shooting de mode aujourd’hui. J’étais tellement impatiente de bosser avec elle sur ce shooting pour le ELLE, parce que travailler avec elle, c’est facile. Notre collaboration est naturelle grâce à notre amitié et notre respect mutuel. Entre nous, pas de politique, pas d’ego ; il s’agit d’être là, dans le présent, et de créer un art qui en jette. Des pionnières comme Kasi Lemmons, Julie Dash et Euzhan Palcy ont des filmographies impressionnantes, et des femmes comme Lena Waithe, dream hampton, Adria Petty, Diane Martel, Darnell Martin et Ava DuVernay ont fait avancer les choses. Et j’ai la chance d’avoir pu bosser avec la plupart de ces femmes talentueuses.

Qu’est-ce qui vous stresse ? Vous semblez toujours avoir le contrôle de la situation.

Je crois que le plus stressant, c’est de trouver un équilibre entre le travail et ma vie privée. M’assurer d’être présente pour mes enfants – déposer Blue à l’école, emmener Rami et Sir à leurs activités, prendre du temps pour des soirées en tête-à-tête avec mon mari, être à la maison à temps pour dîner avec ma famille – tout ça en dirigeant une entreprise peut être un défi. Jongler avec ces différents rôles peut être stressant, mais c’est la vie de toute mère qui travaille.

Comment prenez-vous soin de vous? Vous croyez au «self-care»?

Le nom de ma marque vient de l’endroit où j’ai construit ma force et mon endurance en tant que jeune femme. J’allais courir et m’entraîner au parc, et l’état d’esprit dans lequel je me trouvais à l’époque m’a accompagnée toutes ces années. Beaucoup d’entre nous ont grandi en voyant leurs parents se comporter comme des super-héros. La plupart des femmes se sont conditionnées à ignorer les symptômes de mal-être et tout faire pour tenir le coup, prenant d’abord soin des autres avant de penser à elles. Je ne fais plus partie de celles-là. Après une grossesse difficile, j’ai fait un break d’une année pour me concentrer sur ma santé. Je me suis renseignée sur les médicaments homéopathiques. Je refuse d’avaler n’importe quoi. Ce que je mange a de l’importance, et je me tourne vers des techniques comme l’acupuncture, la méditation, la visualisation et la respiration.

Réagissez-vous lorsqu’on vous adresse des commentaires négatifs ?

Oui, comme tout être humain. Dans les moments de faiblesse, j’essaie de me rappeler que je suis forte et faite pour cette vie. Grâce à Dieu, tout ce bruit me laisse indifférente après ces nombreuses années.

Est-ce qu’on pourrait vous croiser dans un supermarché ou un magasin discount ? Vous y achèteriez quoi ?

La dernière fois que je suis allée dans un supermarché, c’était plutôt une épicerie, avant un concert de Madonna. Jay et moi sommes entrés dans un magasin à Crenshaw pour acheter de la tequila et des chips. Pour le reste... Vous savez très bien que je vais chez Target et je vous vois déjà en train d’essayer de me prendre en photo.

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© Melina Matsoukas

N’y a-t-il pas des matins où vous avez juste envie d’enfiler un sweat et d’aller vous promener sans bodyguards ?

Bien sûr !

Que faites-vous de vos vêtements après les avoir portés ? Je suis sûre que vous ne les portez jamais deux fois. Je peux les avoir ?

Je crois que c’est important d’avoir des basiques. La polyvalence est un atout majeur de la ligne IVY PARK et c’est une véritable source d’inspiration. On peut créer son propre style en expérimentant et en prenant des risques pour réinventer en permanence son look avec toutes ces pièces. Par ailleurs, je donne mes vêtements personnels à des associations caritatives qui aident les femmes à retomber sur leurs pieds. Et je mets de côté les tenues plus spéciales ou sur mesure pour mes filles. Des pièces qui seront vintage quand elles se baladeront en ville, yeah-ah !!!

Après 25 ans dans le « game », comment faites-vous pour ne pas vous perdre ?

L’ADN prévisible de la rock star est un mythe. Je rejette l’idée selon laquelle il faut être dysfonctionnel pour réussir. Ça ne signifie pas que je ne me suis pas battue. Je ne suis pas épargnée par les épreuves que chacun traverse dans la vie. J’essaie de balayer le préjugé selon lequel la célébrité doit se vivre sur le mode du drame. Ce qui est essentiel, c’est la manière de voir les difficultés et de les utiliser pour avancer. J’essaie aussi de m’entourer des bonnes personnes.

En tant que présidente et CEO de votre entreprise, Parkwood Entertainment, quelles sont les mesures que vous avez prises pour que les femmes cadres aient le même poids que les hommes ?

Engager des femmes est primordial pour moi. Je crois qu’il faut donner la parole à des personnes qui ne sont pas toujours entendues. L’une des premières présidentes de mon entreprise était une femme. Actuellement, ma directrice générale, ma directrice de production, ma chargée de relations publiques et bien d’autres cadres sont des femmes. Je ne les engage pas à titre symbolique, mais pour qu’elles endossent une fonction dirigeante. Je suis convaincue que les femmes sont plus équilibrées et font preuve de compassion quand il s’agit de déterminer ce qui est mieux pour l’entreprise. Elles ont une vision globale, qui va au-delà des objectifs personnels. La plupart des femmes sont loyales et s’engagent à 100 %.

Vos productions mettent en scène de nombreuses nuances de peaux noires et brunes, de poids et de tailles, et des représentants de la communauté LGBTQI+. Pourquoi l’inclusion et la représentation sont-elles importantes à vos yeux ?

Pour moi, il s’agit d’amplifier la beauté présente en chacun de nous. Je me suis rarement sentie représentée dans les films, la mode et les médias de manière générale. Après avoir eu un enfant, je me suis donné comme mission d’utiliser mon art pour affirmer le style, l’élégance et le charme des hommes et femmes de couleur. Nous vivons à une belle époque, où l’on progresse véritablement vers plus d’acceptation. Je suis très fière des avancées réalisées autour et au sein de la communauté LGBTQI+. La masculinité est en train de se redéfinir. Les femmes ne sont pas en concurrence entre elles. Elles ne luttent plus pour être la meilleure. Elles se battent pour être les meilleures. La diversité et l’inclusion dépassent la question de la race.

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© Melina Matsoukas

Tout le monde prend et perd du poids. Qu’est-ce que ça vous fait qu’on n’arrête pas de commenter votre apparence ?

Si on m’avait dit, il y a 15 ans, que mon corps changerait à ce point, et que je gagnerais en féminité et en assurance avec mes courbes, je ne l’aurais pas cru. Mais les enfants et la maturité m’ont fait prendre conscience de ma valeur au-delà de l’apparence physique, et comprendre que je gère, peu importe la période de ma vie. S’en foutre  est ce qu’il y a de plus libérateur. Il faut aussi garder à l’esprit que la vraie beauté ne se voit pas. J’aimerais que plus de gens cherchent à découvrir leur beauté intérieure plutôt que critiquer la dégaine des autres.

Quel chanteur, vivant ou mort, inviteriez-vous chez vous, et que lui cuisineriez-vous ?

J’inviterais Ella Fitzgerald, Aretha Franklin, Marin Gaye, Stevie Wonder, Sade et plein d’autres. On mangerait des huîtres et des pizzas.

J’ai assisté à chacune de vos tournées solo, et à toutes celles que vous avez faites avec JAY-Z. « The Formation World Tour » a été ma préférée. Où peut-on trouver les vidéos ?

Il y a quelques années, j’ai demandé à Prince si je pouvais enregistrer ma répétition avec lui avant notre performance aux Grammy Awards, et il m’a répondu : « Tu n’as pas besoin d’enregistrer ça. C’est gravé dans ta mémoire. » Haaaaaaa ! Prince avait toujours le dernier mot ! Je vous invite donc à regarder « The Formation World Tour » dans votre mémoire !

Avec vos différentes casquettes (femme d’affaires, performeuse...) et tous les surnoms qu’on vous donne (Queen, Yoncé...), qu’est-ce qui vous procure le plus de joie ?

Être la maman de Blue, Rumi et Sir.

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IVY PARK January 18

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Qu’est-ce qui vous dégoûte ?

Les gens qui s’embrassent en mangeant.

Si vous pouviez être un animal pour une journée, seriez-vous encore une baleine ?

Je suis toujours fan des baleines. Et j’adore être dans l’océan. La vidéo dans laquelle je déclare ça a été tournée après une journée presse de 16 heures. Je n’avais rien fumé !

Parler ou envoyer un SMS ?

Parler, mais je peux vous assurer que vous n’avez jamais vu des SMS aussi longs que les miens. Demandez aux gens de chez Parkwood !

Ça vous prend combien de temps de vous préparer ?

Le temps qu’il faut, j’ai intérêt à ressembler à Halle Berry.

Que pourriez-vous manger pendant une semaine entière ?

Des Oreo.

À quelle question détestez-vous répondre ?

Vous êtes enceinte ? Laissez mes ovaires tranquilles !

Quel est votre mot préféré ? Et celui que vous détestez ?

Celui que je déteste : non. Mon préféré : pourquoi ???

Vous êtes à un karaoké. Vous chantez quoi ?

« Escape » (The Piña Colada Song) et « Hotel California » (J’adore le solo de guitare !).

Vos céréales favorites ?

Le granola aux noix de pécan

Vos fleurs préférées ?

Les orchidées vanda bleues

Un make-up incontournable ?

De la crème hydratante, un peu de fond de teint et un rouge à lèvres vif.

Quel est votre pseudo sur Snapchat ? On sait que vous y êtes.

Je suis désolée, j’espère que je n’aurai pas l’air ridicule, mais je ne connais pas mon Snapchat. Désolée pour le Snapchat en question.

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