Cybersécurité : un problème d’autant plus grand pour les femmes en confinement

Mis à jour le 27 avril 2020 par Elisabeth Debourse
Cybersécurité : un problème d’autant plus grand pour les femmes en confinement Des "CryptoParties" ont lieu dans le monde entier.

On s’assure d’avoir toujours bien fermé la porte de chez soi en partant, mais le fait-on aussi avec son ordinateur ou son smartphone ? Et pourquoi faut-il être d'autant plus vigilante en termes de cybersécurité quand on est une femme ?

Histoire véridique. C’est un mardi comme les autres chez Elle Belgique, entre interviews et réunion de rédaction, quand tout à coup, l’autrice de ces lignes ne parvient plus à se connecter aux coulisses du site. L’accès m’est refusé. Laptop négligemment embarqué sous le bras, je me dirige vers le bureau de l’équipe IT : c’est sûr, c’est chez eux que ça cloche. À moi, on ne l’a fait pas. Sauf qu’elle est déjà au courant : depuis une demi-heure, on essaie de se connecter depuis mon ordinateur à l’architecture du site, en testant différents mots de passe. Et ce « on », ce n’est pas moi. Après diagnostic, mon ordinateur est infecté et une dizaine de mes comptes a été craquée. J’encaisse le coup. Cet ordinateur, ce téléphone et moi, ça fait longtemps qu'on ne fait plus qu’un, et l’invasion me fait l’effet d’un cambriolage. J’installe aussitôt deux anti-virus — moi qui était persuadée que ma bécane à pomme était à l’abri — et change tous mes mots de passe pour les remplacer par des alternatives plus sécurisées. J’ai l’impression d’avoir blindé la porte de mon appartement, mais difficile de dissiper le malaise d’avoir découvert que quelqu’un s’y était déjà introduit. Je ne me sens plus en cybersécurité.

Cybersécurité : 5 conseils

20% des travailleurs de la cybersécurité sont des expertes, en 2019 — et leur nombre continue d’augmenter. Mais globalement, Internet reste un monde très masculin, « pensé, créé et développé » pour les hommes, pose Manon Brulard, membre de HackYourFuture Belgium et de l'initiative OpenKnowledge. « Et ce sont les femmes qui sont le plus victimes des trolls et des stalker », prévient-elle — à tel point que la pratique a même inspiré une série creepy-romantique, You. Du harcèlement au piratage, en passant par le revenge porn, les dangers sont nombreux pour les femmes en ligne. D'autant plus durant cette période de confinement, où « on est tout le temps connectées. On a eu pour habitude de distinguer la vie physique de la vie numérique, comme si cette dernière n'était pas réelle. Sauf que c'est un mythe. Et de la même manière qu'il ne nous viendrait pas à l'idée de donner notre nom à un inconnu dans la rue, il faut éviter le donner par bluetooth en nommant son smartphone, par exemple ». Puisqu'une internaute bien protégée en vaut deux, Manon Brulard milite ainsi pour que les femmes s'approprient les outils de cybersécurité qui pourront leur éviter de se faire piéger. Elle donne d'ores et déjà 5 conseils pour se blinder en ligne :

1. Adopter enfin des mots de passe dignes de ce nom

Plutôt que de se forcer à retenir un password tarabiscoté, Manon Brulard recommande de faire appel aux services d'un gestionnaire de mots de passe tel que LastPass.

2. Bloquer les cookies pisteurs avec un blaireau

L'outil libre Privacy Badger — représentée par un blaireau caféiné — empêche le suivi de vos clics et visites par des régies publicitaires ou sites tiers, et les empêchent ainsi d'obtenir des informations sur votre vie privée.

3. Opter pour de vrais messages codés

Certaines applications de messagerie, telles que Telegram ou Signal, protègent vos conversations en les cryptant.

4. Enfermer ses photos à double tour

Si le lockdown est peut-être l'occasion de s'adonner davantage au cybersex que d'habitude, mieux vaut éviter que vos photos coquines puissent ensuite être utilisées contre vous. « Dans le doute, supprimez-les tout de suite, placez-les dans un dossier sécurisé ou utilisez des applications comme Diskreet », conseille la cyberactiviste.

5. Conserver pour mieux riposter

Si vous êtes victimes d'insultes ou d'intimidations sur les réseaux sociaux, gardez une trace de chaque message et publication — même si vous ne désirez pas porter plainte pour l'instant. Si c'est un jour le cas, vos preuves seront votre meilleure défense.

CryptoParty

La « CryptoParty » qui aura lieu le 30 avril prochain devrait quant à elle vous aider à vous armer. Au cours de cette première soirée belge d’un concept international — qui devait initialement avoir lieu en mars, avant que le confinement n'en décide autrement —, les participants auront l'occasion d'observer à quel point il est facile de se faire hacker, et collecter au passage quelques bonnes pratiques pour éviter d'être la victime de cyber-individus mal intentionnés. Le thème de cette rencontre, lui, c'est le harcèlement en ligne. « Les études ont prouvé que les femmes étaient les plus vulnérables quand il s’agit de cyberharcèlement », indiquait en mars dernier l’organisation.

cryptoparty
©Unsplash

« La confidentialité est le lieu où nos idées se développent (…) Ce lieu n’est pas seulement physique, il est aussi numérique. Ni les gouvernements ni les entreprises ne le respectent. Mais nous le faisons », fait savoir CryptoParty, un mouvement décentralisé d’évènements où l’on apprend à se protéger en ligne. « Ça comprend la communication cryptée, la sensibilisation au tracking via navigateur et des conseils de sécurité pour les ordinateurs et les smartphones ». La soirée aura lieu sur Twitch et après une démonstration de Cedric De Vroey (N0B0T, Ethical Hacking Team), chacun pourra poser ses questions.

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