Ezra Matthew Miller le kid le plus cool d’Hollywood se confie sur sa vie, son métier et sa sexualité

Mis à jour le 12 juillet 2019 par Laura Stynen et ELLE Belgique
Ezra Matthew Miller le kid le plus cool d’Hollywood se confie sur sa vie, son métier et sa sexualité Ezra Matthew Miller - Photo: Ryan Pfluger / Supervision

Ezra Matthew Miller est probablement le kid le plus cool d’Hollywood. L’acteur des «Animaux fantastiques» cultive une âme élégante et spirituelle. Tout comme une folle personnalité.

Ezra Matthew Miller baptise ses peluches du nom de philosophes et ses tenues décalées ne laissent personne indifférent – c’est plus fort que lui. Il doit être la seule star hollywoodienne qui réussit à tirer son épingle du jeu en se comportant de la sorte. Malgré son succès, l’acteur ne mène pas une vie de célébrité classique. Il se tient à l’écart des réseaux sociaux et n’est pas propriétaire d’une sacro-sainte villa avec piscine à Los Angeles. Ezra Matthew Miller vit dans une ferme du Vermont, à l’autre bout des États-Unis. Enfant, il passait ses étés dans cette région dont il est tombé amoureux et qu’il ne veut plus quitter. Il doit s’occuper de ses chèvres Betty, Kathy, Patty et Noisette. Il cultive de grosses myrtilles et des champignons psychédéliques aussi.

TOUS DES TRAVAILLEURS DU SEXE

Ezra Miller a une mâchoire carrée et une classe à faire pâlir. Sa silhouette est parfaitement équilibrée, entre brutalité masculine et élégance féminine bien que ces vocables le fassent frémir. Aujourd’hui, il se définit comme queer, un terme générique qui indique surtout qu’il n’entre dans aucune case. « Être queer signifie que je ne m’identifie pas, ni en tant qu’homme ni en tant que femme. C’est à peine si je m’identifie en tant qu’humain. » Il faut être ouvert pour appartenir au cercle fermé d’Ezra Miller. Il s’épanouit avec des partenaires qui font partie de ce qu’il appelle sa « polycule », un mot-valise qui associe polyamour et molécule. « Tout le monde s’aime énormément au sein de la polycule. C’est comme si nous étions mariés depuis 25 vies. »

Mais Hollywood n’est pas aussi compréhensif en matière de sexualité. Beaucoup de ténors de l’industrie cinématographique – et en dehors – ont qualifié le coming out d’Ezra Matthew Miller de grossière erreur. «Ils m’ont dit que le fait que tant d’acteurs dissimulent leur sexualité à Hollywood n’a rien d’un hasard. Ma sincérité serait un frein à ma carrière. J’étais un acteur prometteur mais j’aurais tout gâché – c’était l’esprit. Ca a été difficile à gérer.» Être différent n’est pas sans risques. «Des putains de bigots m’ont attaqué plusieurs fois à cause de celui que je suis.»

L’acteur évoque également le mouvement #Metoo. Alors qu’il était encore mineur, un réalisateur l’a fait boire sur un plateau et certaines auditions ont été marquées par l’exploration des frontières sexuelles. «Nous savions tous que c’était inacceptable... rétrospectivement, après l’avoir (sur)vécu. C’est Hollywood. Je pensais qu’on savait tous qu’on était des travailleurs du sexe.»

FIL(M) ROUGE

Ezra Matthew Miller a grandi dans le New Jersey. À l’âge de 16 ans, il abandonne l’école pour se rendre à des auditions. Il atterrit dans la comédie musicale « Runaways » mise en scène par Elizabeth Swados et un manager qu’il qualifie de « flippant » lui file sa carte de visite dans les loges. Peu après, il décroche son premier rôle au cinéma avec « Afterschool ». Il y campe Robert, un adolescent solitaire et nouveau venu dans une école privée élitiste, qui manque de confiance en lui et est obsédé par internet. Avec sa caméra, il filme par hasard la mort tragique par overdose de deux étudiantes, ce qui crée une paranoïa générale.

La véritable percée d’Ezra Matthew Miller a lieu en 2011, dans le drame psychologique « We Need to Talk about Kevin ». Dans ce long-métrage, il massacre plusieurs camarades de classe à l’arbalète, un accessoire qu’il emportera chez lui à la fin du tournage. Un an plus tard, il apparaît dans « Le Monde de Charlie » aux côtés de la belle Sam (Emma Watson), sa demi-sœur. Deux énergumènes marginaux qui partagent la même passion pour le rock et les cuites, et prennent sous leur aile Charlie (Logan Lerman) qui vient d’arriver au lycée.

Un fil rouge se détache dans les choix cinématographiques d’Ezra Miller, qui joue rarement l’ado populaire. Dans « Les Animaux fantastiques », le spin-off de Harry Potter, il incarne Croyance Bellebosse : « Croyance n’a jamais pu être lui-même. » Une histoire qui sent le vécu pour l’acteur, mais aussi une expérience qu’il n’aurait pas manqué pour tout l’or du monde. « Faire partie de l’univers d’Harry Potter, c’est comme prendre un bain chaud parfumé, rempli des bulles de savon de mes rêves d’enfant. » Pendant le tournage, le réalisateur David Yates ne tarissait pas d’éloges sur Ezra Miller, en tant qu’acteur et en tant qu’humain. « Entre les prises, Ezra répète les chants mongols ou le chi kung. Il apporte toujours une bonne énergie sur le plateau. »

Mieux vaut éviter de qualifier la saga « Les Animaux fantastiques » de « fantastique » si Ezra est dans le coin. Selon l’acteur, les intrigues des films sont ancrées dans la société. « Comme beaucoup d’enfants, j’ai grandi avec Harry Potter, qui cherche un moyen de gérer son passé traumatisant. C’est pourquoi j’aime autant le personnage de Croyance. Lui aussi veut prendre ses distances par rapport à ce qu’on lui impose. Chaque génération réagit à la précédente. Quand on grandit dans une situation qui ne nous correspond pas, on devient son contraire. On repousse consciemment les limites. Mais une fois qu’on les a toutes franchies, c’est effrayant. Il faut alors tracer des lignes et repartir de zéro. »

CHANTEURS SANS FRONTIÈRES

Dès l’âge de six ans, Ezra prend des cours de chant pour l’aider à se débarrasser de son bégaiement. Il est aujourd’hui un chanteur d’opéra confirmé. Avec Lilah Larson, qu’il a connue à l’école primaire, et Josh Aubin, il forme le groupe Sons of an Illustrious Father. Les critiques apprécient ce « genre queer indiefolk postpunk », ce qui amuse Ezra. « Notre particularité, c’est notre aversion pour les limites, les contraintes », explique le bassiste Josh Aubin.

« Je veux que “pédé” soit tatoué en rouge sur mon front », chante Ezra Miller dans « U.S. Gay ». Il a écrit ce morceau en réaction à la fusillade survenue en 2016 dans le club gay Pulse à Orlando. Pendant le processus créatif, le groupe s’inspire d’événements sociétaux et politiques. « L’art est tout ce que je possède », déclare Ezra Miller. « Sans cet exutoire, je serais mort depuis longtemps. D’un suicide, probablement. »

Le trio est actuellement en tournée en Europe et en Amérique du Nord avec son troisième album, « Deus Sex Machina : Or, Moving Slowly Beyond Nikola Tesla ». Ici encore, la carte de la provoc’ est bien présente. « C’est un album pour un monde qui a perdu la moitié de sa biodiversité, mais qui continue d’extraire des combustibles fossiles. Pour un pays qui sait qu’il est né du racisme et du génocide, mais qui aime encore faire la fête. » Le groupe a récemment sorti une reprise queer de « Don’t Cha » des Pussycat Dolls dont le clip est une parodie sombre de la chanson pop sexiste originale.

Cela fait longtemps qu’Ezra Miller se fiche de ne pas avoir de diplôme en poche. « On peut apprendre des choses extraordinaires en dehors des murs d’une école – dans les garages, les sous-sols et les jardins. C’est là que l’art naît. »

TAPIS ROUGE

Si vous avez manqué Ezra Miller sur grand écran, vous n’avez pas pu le louper sur le tapis rouge. Vêtu d’un costume Burberry et d’un corset en cristal, il portait un masque à son effigie au Met Gala. Lorsqu’il l’a enlevé, il a révélé un regard à sept yeux hypnotiques. Un trompe-l’œil incroyable qui a nécessité plus de cinq heures de maquillage.

Il n’est pas passé inaperçu non plus lors des premières des « Animaux fantastiques ». En novembre dernier, il est apparu à Londres en Hedwig, le hibou de Harry Potter. Maquillage métallique et cheveux hérissés argentés, il brillait dans un manteau d’un blanc immaculé orné de plumes, tandis que ses mains étaient encrées du sort meurtrier « Avada Kedavra ».

Paris l’a vu en total look doudoune avec une cagoule, des gants et du rouge à lèvres foncé. Une création née de la collaboration entre Pierpaolo Piccioli et Moncler qui s’est vendue en ligne comme des petits pains.

Qu’il foule ou pas le tapis rouge, Ezra Miller raffole des tenues extravagantes. Pour « Playboy », il a arboré un costume de lapin et une paire de talons. Une deuxième séance photo pour le magazine l’a montré en body de dentelle rose poudré et robe de tulle transparente avec des oreilles en satin. Beaucoup se sentiraient ridicules, mais Ezra Miller n’est pas de ceux-là. Au Comic-Con de San Diego, il s’est transformé en Toadette, un personnage de la famille de Mario de Nintendo. Ou comment s’en sortir avec les honneurs, même avec des jarretelles blanches, une nuisette en satin (qui laissait entrevoir les poils de son torse) et un couvre-chef géant.

(Traduction: Virginie Dupont)

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