Haute Couture : le bestiaire de Schiaparelli

Publié le 3 juillet 2018 par Elisabeth Clauss
Haute Couture : le bestiaire de Schiaparelli

La collection s'intitule "Schiaparelli Animalia Fantasia". Dans un opéra Garnier repeint de lumière rose shocking, Bertrand Guyon a fait décoller "Schiaparelli nouvelle génération".

Elsa Schiaparelli était une rebelle, proches des dadaïstes et des surréalistes. Elle disait : « la fantaisie n’est pas une fleur qui pousse dans la passivité ;
il lui faut la détermination ». Déterminé, Bertrand Guyon l'a été, évoluant subtilement de l'héritage de la Maison, avec hommages au homard co-créé avec Dali, à l'enchanteur show faune et flore moderne et décalé de l'hiver prochain.

 

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Certes, les masques de flamands roses et de léopards ne seront vraisemblablement pas fournis avec les robes, mais les vêtements suffisent à raconter une histoire de chimères fantastiques, avec fausse fourrure arc-en-ciel, fourreaux asymétriques, dentelles d'écailles, plumes plus vraies que nature, et camaïeux de sequins. Des robes du soir brodées de papillons et des silhouettes médiévalisantes d'une réjouissante sophistication ont rappelé que la Haute Couture doit savoir s'amuser. Le luxe, c'est le savoir-faire on le sait, mais on oublie souvent le décalage, la subversion, la surprise. Sans s'encombrer du snobisme du minimalisme, Bertrand Guyon a déployé des voiles et du velours, des pantalons bouffants zébrés et des imprimés figuratifs (littéralement : un visage). Ces pièces sont taillées de soie doublée de plaisir, tricotée d'un culot ludique.

 

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La collection était présentée dans un opéra, pour donner toute la mesure de sa théâtralité : des récits de cristal de roche, des courses furtives de biches, et dans la bande son, des bruits de jungle (ou de savane ?...) Un mélange réussi de natures exaltées, la nature humaine peut-être, présente dans les paradoxes et la doublure, ravivée par la couleur et le jeu. La Maison Schiaparelli que l'on appelait  il y a peu encore "la belle endormie" s'est réveillée. Elle a inventée une histoire qui auraient pu être écrite par Cocteau et Cronenberg et Gondry, et elle légitime son territoire, prête à dévorer, avec l'élégance d'un fauve, tous les classicismes sur son passage.

 

Toutes les images du défilé :

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