Faire un road trip autour du monde, c’est comment?

Publié le 7 mai 2018 par Laurence Donis
Faire un road trip autour du monde, c’est comment?

Elle s'appelle Coco, elle est Belge et elle est sur les routes depuis deux ans avec son chien, Jackie. Son projet? Réaliser un docu sur des réalisatrices à travers le monde. Des femmes badass qui dynamitent les clichés et démontrent que le cinéma n'a pas de genre. Interview.

Coco, c'est qui? «Je m'appelle Aurore, je suis Bruxelloise et j'ai 30 ans. Je suis anthropologue à la base mais j'ai aussi fait des études de cinéma, d'où mon projet. J'avais un rêve: montrer le parcours et le quotidien des femmes cinéastes. C'est encore un secteur de mecs et je manquais personnellement de modèles féminins. Comment tu fais, quand t'es une fille, pour réussir dans cette industrie?»

La Grande Traversée, c'est quoi? «C'est le nom de mon film, ça fait déjà quatre ans que je suis dessus! Il y a deux ans, j'ai vendu absolument toutes mes affaires et je suis partie seule en voiture avec mon chien. J'avais besoin de ne plus avoir aucune attache pour me plonger entièrement dans ce tournage. L'idée, c'est de découper le documentaire en plusieurs épisodes, chacun d'entre eux est consacré à une femme et à un pays. J'ai déjà suivi des réalisatrices en Finlande, en Russie, en Kazakhstan et en Mongolie. Les prochaines étapes, ce sont la Chine et l'Inde.»

Ton quotidien? «Je passe entre trois et cinq mois avec chaque réalisatrice. On fait tout ensemble, je les suis dans leur travail, je vis avec elle, je mange avec elle... Ca doit être mon côté anthropologue, je veux respirer le même air qu'elle, comprendre profondément leur langage et leurs batailles au quotidien. Elles ont des cultures, des religions, des éducations et des âges différents mais elles sont toutes animées par la même passion. Ça me fascine. La vie de cinéaste est ultra compliquée, on n'est pas du tout dans le glamour d'Hollywood. Même la réalisatrice finlandaise, Selma Vilhunen, vit dans un 50 mètres carrés alors qu'elle a été nominée aux Oscars! Mais magré les difficultés, elles font tout pour réaliser leurs rêves. Quand je ne suis pas avec elles, je suis sur la route avec mon chien Jackie. Ça me permet de ne pas être trop seule, c'est la meilleure assistante du monde (rires).» 

Pourquoi un road trip? «Quand je réfléchissais à mon projet, en 2015, l'Europe était en train de se fermer sur elle-même, toutes les frontières commençaient à se reformer. J'avais envie de les éclater, narrativement et symboliquement. Je voulais montrer qu'en réalité, elles ne séparent pas les gens. Et puis, à partir du moment où je peux réaliser mon projet en voiture, c'est qu'on n'est pas si loin que ça les uns des autres.» 

Les femmes dans l'industrie du cinéma? «Elles ne sont pas rares, elles sont surtout moins visibles. Il y a moins de distributions, moins de financements attribués à des réalisatrices. Ceux qui ont de l'argent et du pouvoir, les présidents des festivals par exemple, sont souvent des hommes. Et ils n'ont pas forcément envie que ça change. Mais je pense que la situation évolue un peu et La Grande Traversée a un rôle à jouer là-dedans. Après, je n'ai pas envie de faire un reportage politique. C'est avant tout un documentaire sur des cinéastes qui font des films (et non sur des femmes qui font des films de femmes).»

Un souvenir particulièrement heureux? «J'ai évidemment plein de cool souvenirs mais il y a deux moments où je suis particulièrement heureuse. Quand je filme, qu'il se passe quelque chose d'intéressant et que cet instant est capturé, c'est ultra jouissif. Et quand je suis en train de conduire avec la route devant moi à perte de vue, je me sens vraiment en paix.» 

Et un moment plus difficile? «Tourner à -30° dehors en Mongolie!»

Un dernier message? «Lancez-vous dans l'inconnu! Il faut sortir de sa zone de confort. C'est évidemment hyper stressant mais en se donnant les moyens d'y arriver, on peut tous réussir. Peu importe d'où on vient et peu importe l'argent qu'on a de côté. J'en suis la preuve, au début de mon projet, personne n'y croyait. On me disait que c'était trop ambitieux mais j'ai décidé de persévérer. Et c'est aussi ce que mon film raconte...»

Coco needs you

Pour continuer son aventure, Coco a besoin de vous! La Bruxelloise a encore beaucoup à raconter mais pour y arriver, elle dû lancer une campagne de crowdfunding. Le but? Atteindre 10.000 euros, elle en a déjà récolté plus de 2000. L'argent lui permettra de poursuivre le tournage en Chine et en Inde...Go, go, go!