VETEMENTS FW18 : L’éléphant dans la pièce

Publié le 21 janvier 2018 par Elisabeth Clauss
VETEMENTS FW18 : L’éléphant dans la pièce

"The Elephant in the Room". La nouvelle collection de VETEMENTS, la marque événement dont le succès est proportionnel aux questions qu'il soulève sur la mode, plaçait les notions d'innovation et d'interprétation au centre des Puces de Saint-Ouen.

Paul Bert Serpette, le plus grand marché d'antiquités au monde, près de la Porte de Clignancourt. Il pleut, et dans le labyrinthe des Puces, on attend le show que tout le monde commente avant-même qu'il n'ait commencé. "L'éléphant" symbolique est au coeur du propos, et il va falloir faire attention, parce que les couloirs sont étroits.

Cet élément qui ne trompe pas énormément, c'est Margiela, dont la réflexion est prégnante dans celle de Demna Gvasalia. Mixée en version sportswear, interprétée en superpositions (accumulations), et hybridée avec les thèmes récurrents de VETEMENTS. La reprise des emblématiques "tabi shoes" de Maison Martin Margiela, déclinées avec le talon-briquet qui fait des étincelles chez VETEMENTS,  c'est déjà l'interprétation d'une pièce classique du folklore japonais. La mode peut-elle se passer d'appropriation ?

Demna Gvasalia a fait dessiner les éléphants de ses tee-shirts par des enfants. Martin Margiela avait fait illustrer l'une de ses invitations par des gamins. Hommages et allusions, l'enfance de l'art.

Le défilé mêlait pièces bourgeoises et statements radicaux, dans le ton comme dans la forme. La douceur des fleurs, la brutalité de la rue ; les robes foulard légères, les über-Buffalos ; tout ceci défilait au pas de charge sur une musique surexcitée. On y sentait toute l'énergie d'une détermination conquérante.

Martin Margiela faisait de l'art avec de la récup, du neuf avec des pièces vintage, de l'enchantement avec du commun, mais il ne faisait pas que cela. Il proposait un nouveau langage à toute une génération fascinée.

A sa façon, VETEMENTS crée aussi sa légende, et galvanise une jeunesse en quête d'identité. Demna Gvasalia invente un style, qui lui est propre. Un mariage de sociologies qui ont profondément changé. On reconnaît des éléments de l'héritage, mais on ne confond pas : une nouvelle patte est là. Indéniablement, il marque son époque. Car si la mode a une mémoire qui tourne en cycles courts, l'industrie, elle, possède une mémoire d'éléphant.

Toutes les silhouettes du défilé :