Sport et périnée: comment garder le contrôle ?

Mis à jour le 10 janvier 2018 par ELLE Belgique
Sport et périnée: comment garder le contrôle ?

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C'est super tabou, et pourtant c'est une réalité que l'on rencontre souvent auprès des sportives ... mais pas seulement. 

On n'ose pas en parler, donc on ne sait pas vers qui s'orienter pour résoudre ce problème. L’incontinence urinaire de la femme reste de nos jours un symptôme non déclaré et donc sous-évalué. Bien sûr, les femmes qui ont eu des enfants sont plus sujettes à connaître ce soucis, mais de très jeunes filles en souffrent aussi.  Il existe plusieurs types de perte mais, dans le cas des impacts, il s'agirait plus souvent d'incontinence à l'effort.

C'est quoi l'incontinence à l'effort ? 

Il s'agit d'une perte involontaire d’urine lors d’efforts dans la vie courante tels que les éternuements ou la toux. Elle est provoquée par une augmentation brutale de la pression dans l’abdomen, donc très en relation avec les activités physiques qui augmentent toujours cette poussée vers le bas. Elle peut survenir pendant la course, les sauts et les soulèvements de charges.

Rappelons que le plancher pelvien est un groupe de muscles qui tapissent le bassin (chez l'homme aussi!). Il peut subir des dommages avec les grossesses, la ménopause, certaines interventions chirurgicales, mais aussi des problèmes de constipation chronique ... et la mauvaise pratique sportive.

Quelles solutions ?

Comme toujours, notre coach sportive Séverine Jacinto vous encourage à consulter votre gynéco ou votre kiné spécialisé (ou encore une sage-femme). Les kinés disposent souvent d'un matériel adéquat et peuvent faire un boulot formidable en quelques séances seulement.

Évidemment, il faudra aussi voir la pratique sportive habituelle. Est-elle adaptée ou pas? Il y a des sports à impacts, et d'autres dont les impacts sont plus faibles.

Autre solution...en parler! Ne pas en faire une honte, ni une fierté (voir plus bas). C'est pourquoi la coach réalise des vidéos visant à déculpabiliser les femmes et à les encourager à prendre soin d'elles.

Marche rapide ou jogging ?

La marche sportive est un sport complet et n’est pas moins bon que le jogging: ils sont tout simplement différents. Les impacts sont nettement moins importants. Cette pratique est douce pour les articulations et le périnée. En marchant rapidement, vous effectuez non seulement un travail de cardio-training mais aussi de gainage musculaire. "Personnellement, en tant que maman sportive avec un périnée ayant déjà subi des dommages, je préfère la régularité dans la marche rapide, mais un jogging en alternance est d'une grande efficacité. Certains professionnels peuvent aussi vous apprendre à adapter votre course, en diminuant les impacts néfastes" explique la coach.

Quid du crossfit?

"Une vidéo prônant la normalité de se faire totalement pipi dessus pendant les entrainements m'a choquée, d'autant que c'était cautionné par une gynécologue" poursuit-elle. "A partir du moment où l'on nuit à une partie de son corps, ça sort de ma vision positive de l’exercice physique. Ce type de vidéo désinforme le public, encourageant les femmes à ne rien faire contre ce souci. Les Américains ont une fâcheuse tendance à être dans l'excès... Ce qui est le plus choquant à mon sens, c'est la méconnaissance totale de leur corps, de leur périnée et de faire d'un problème pathologique (fuites urinaires), une fierté ! Encore une fois, le crossfit peut être adapté, veillez à choisir une box ayant un bon encadrement, par de vrais coachs, professionnels et à l'écoute." conseille Séverine Jacinto.

Et les défis minceur?

Ils ont fait fureur cet été: en 12 semaines, le corps de déesse sera vôtre. La coach sportive met en garde par rapport à ces méthodes car elles sont souvent agressives: "pour perdre vite la masse grasse, ces défis en ligne proposent un rythme fort difficile à tenir sur le long terme. Alimentation hypocalorique, entrainements cardio intenses comprenant beaucoup de sauts...donc point de vue périnée, c'est fort agressif. Non seulement, il est rare d’arriver à passer les 12 semaines d'efforts (attention à l'effet yoyo) mais en plus, plusieurs femmes se plaignent de "besoin d'uriner de plus en plus urgent". Encore une fois, le bon sens est essentiel et se poser la question de savoir si ce type d'entrainement est adapté est indispensable.

Les conseils de Séverine:

  • Écoutez votre corps! Vous avez un poids dans le bas ventre quand vous courrez, demandez à un professionnel de vérifier votre tonus périnée/abdos.
  • Musclez correctement vos abdos! Avec le ventre qui rentre, sollicitez les muscles profonds qui vont gainer votre ventre et votre dos.
  • Continuez à faire du sport.  Les bienfaits du sport ne sont plus discutés actuellement et on connaît les effets positifs sur le système cardio-vasculaire, les os et les articulations. Rappelez-vous qu'il n'est pas nécessaire de sauter et de s'éreinter pour faire une bonne activité physique.
  • Pour celles (et ceux) qui souhaitent pratiquer d’autres activités, adaptées en cas de faiblesse, il existe des cours sans impacts, où l'on fait particulièrement attention aux pressions intra-abdominales. Des méthodes dites douces peuvent aller jusqu'à des niveaux athlétiques.

Séverine Jacinto www.avecseverine.com