Baisse du désir: témoignages et conseils

Mis à jour le 20 février 2018 par Juliette Debruxelles
Baisse du désir: témoignages et conseils

1

 

Baisse de libido ou choix, quand le désir baisse, on fait quoi ? Les réponses de Charlotte Ledent*, psychothérapeute-sexologue. 

Témoignages et conseils:

J’ai eu une aventure. Quelque chose d’assez bref, mais d’intense. Apparemment sans conséquences. Sauf que depuis, je ne supporte plus que mon mec me touche... 

Christelle, 32 ans

  « Souvent, quand on vit une aventure, on  ressent une excitation due à l’interdit. Une intensité. Mais on est parfois moins dans le plaisir que dans le désir. Une relation extraconjugale brève, c’est tout sauf de l’intimité. Tout est très en surface, très idéalisé. C’est quelque chose que l’on peine à retrouver dans le quotidien et sur la durée avec un(e) partenaire attitré.  Ce n’est pas parce qu’il y a eu une aventure que le couple est fini. Pas du tout. Mais c’est un bon signal pour comprendre qu’il est nécessaire de s’interroger. Qu’est-ce qui nous a poussé à aller voir ailleurs ? Qu’est-ce qu’on est prêts à faire pour raviver son couple ? Pour le réinventer ? »

J’ai choisi d’avorter, et on est tous les deux OK avec cette décision. Mais depuis l’intervention, il y a un an, je ne parviens plus à me détendre au lit. Du coup, j’évite autant que possible...  

Maud, 35 ans

 « Il faut vraiment consulter. Il y a énormément de raisons qui peuvent expliquer cette situation. Et ce n’est pas parce qu’on était d’accord tous les deux que rien ne couve en dessous, après coup. Beaucoup d’émotions peuvent être sous-jacentes, comme la colère, la culpabilité, la tristesse profonde, même si elle n’est ni affichée, ni ressentie comme telle. Il est important de s’assurer que rien de plus grave ne se cache derrière une “simple” baisse d’envie. »

J’ai pris vingt kilos suite à une petite déprime. Difficile, depuis, de retrouver mon corps d’avant. Ma compagne prétend que ça ne la dérange pas, qu’elle a toujours envie de moi, que je dois dépasser ça, mais je n’y arrive pas...   

Céline, 29 ans

«Il faut faire attention à ne pas minimiser. On ne prend pas vingt kilos lors d’une “petite”déprime. On ne grossit pas autant par hasard. Grossir peut, dans certains cas, être une manière de s’accorder le droit d’être mal dans son corps. Et servir de moyen pour refuser de manière détournée de vivre sa sexualité. À quoi servent ces vingt kilos ? Comment sont-ils arrivés là ? Et cette “petite”dépression, est-ce qu’elle est toujours là ? Rien ne sert de culpabiliser, nous sommes tous des êtres complexes, et les options inconscientes que nous prenons peuvent être lourdes de conséquences. »

Je suis célibataire depuis trois ans. Au début j’avais envie, puis de moins en moins. La perspective de devoir me « mettre en condition » m’épuise. Et puis je crois que je ne sais plus comment on fait... 

Yannick, 27 ans

« Ce qui semble important dans ce témoignage, c’est cette phrase : “Je crois que je ne sais plus comment on fait.” C’est sans doute la manifestation d’une remise en doute de ses capacités de séduction, mais aussi et surtout d’une perte de confiance en soi, plutôt que d’une perte d’envie. Il faudrait s’interroger sur ça. Pas forcément en thérapie. Mais juste accepter qu’une absence totale de sexualité, pour ce motif-là, à cet âge-là, ce n’est pas anodin. »

J’ai un vrai problème avec l’hygiène. Dès que l’envie monte, je file sous la douche, je me brosse les dents, limite je change les draps. Et pendant tout ce temps-là, ça retombe... 

Sylvie, 39 ans

« Vouloir que l’autre soit propre, c est compréhensible. Mais là, on touche au rituel. Une forme d’obsession de la propreté liée à la question de l’acte sexuel. C’est peut-être une manière d’exprimer une angoisse qui n’a rien à voir avec l’hygiène. C’est peut-être l’expression d’un manque de confiance en soi et en l’autre. La manifestation d’une souffrance. Quoiqu’il en soit, il ne faut pas rester seule avec ça. Le mieux serait de consulter, car il est possible de voir le symptôme empirer. »

On est heureux, je l’aime, mais il ne m’excite plus. Après neuf ans de vie commune et de désir non entretenu, on vit comme des amis. Je n’ai plus envie de lui, ni de personne, d’ailleurs. 

Sophie, 41 ans

« Ça arrive souvent. Certaines personnes croient pallier ce problème en ayant des aventures extraconjugales, alors qu’une solution serait plutôt d’entamer un “travail” en couple. En parler, pousser les portes d’un love shop pour s’interroger :  “Qu’est-ce que tu aimes ?”, “Pourquoi était-ce facile avant et pourquoi ça ne l’est plus maintenant ?” Quand on vit en couple depuis un moment, le corps n’est plus à découvrir, on a l’impression que l’autre n’a plus de secret pour nous. Il faut aller plus loin dans l’intime pour retrouver le plaisir.  Explorer à nouveau la notion de séduction, de jeu. Et surtout s’assurer que les deux partenaires ont encore envie de partager ça. Si c’est un couple qui s’aime, qui a encore envie de vivre ensemble et d’avoir une sexualité, il faut faire le travail que font tous les couples qui tiennent dans la durée : se réinventer. »

Je commence à avoir des petits bobos, je suis moins souple, plus vite fatiguée... Alors le sexe, je n’y pense même plus. Même si je trouve que c’est un peu tôt pour jeter la clé. 

Claudia, 57 ans

«C’est peut-être le moment de bousculer l’idée qu’elle se fait de sa sexualité. Est-ce qu’on pratique les mêmes sports à 50 ans qu’à 20 ? Non. Alors, pourquoi la sexualité devrait-elle être figée ? Il y a des tas de manières d’avoir du plaisir et d’en donner, sans pour autant s’imposer des prouesses, sans pour autant en appeler à sa souplesse. »

J’ai eu une vie sexuelle bien remplie, mais depuis cinq ans, je n’ai plus envie. J’ai juste décidé un jour que le sexe ne m’apportait pas de plaisir. Et je suis en paix avec ça. 

Linda, 47 ans  

« Si cette non-envie ne cache rien de problématique (au niveau physiologique, hormonal...), bien sûr qu’on y a droit et que c’est un vrai choix. Mais il est vrai que certaines femmes ne se le permettent simplement pas. Il existe tant d’autres plaisirs dont on peut jouir et qui ne sont pas directement liés à la sexualité. La seule difficulté que l’on peut rencontrer, c’est celle du regard de la société, qui prône la performance jusque dans notre intimité. À partir du moment où on le vit bien, où il n’y a pas de frustration, quel est le problème ? »

J’ai toujours rêvé d’une sexualité très fleur bleue, très romantique. La réalité est différente, et cette réalité ne me donne pas envie. Alors je m’abstiens. 

Chloé, 24 ans

« La réalité peut évidemment être fleur bleue et romantique. Ce sont les expériences qui ne nous correspondent pas qui peuvent nous donner l’impression que ce n’est pas le cas. Pouvoir exprimer ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas, c’est nécessaire, essentiel. Il faudrait peut-être prendre le temps de parler de ce qui s’est passé, de ce qui l’a amenée à ce constat. »

* Charlotte Ledent, psychothérapeute‑sexologue : charlotte.ledent@hotmail.com