Il y a des achats qu’on repousse sans cesse. Le matelas en fait partie. Ça dort à peu près bien, on remet ça à plus tard. Et puis un jour, on en a assez de se réveiller avec la nuque en S, le dos en compote et l’impression de dormir sur une planche. Ce jour-là, j’ai pris une grande décision : investir dans un matelas digne de ce nom.

Je ne m’attendais pas à ouvrir la boîte de Pandore. Garnissages, suspensions, mousse à mémoire de forme… On plonge dans un univers aussi technique qu’obscure. J’ai posé des dizaines de question, j’ai testé des matelas dans des showrooms façon The Bachelor, j’ai monopolisé les vendeurs. Et puisque j’y ai dépensé bien trop d’heures (et d’argent), autant que ça vous serve aussi. Voici donc, en condensé, ce que j’ai appris pour bien choisir son matelas.

1. Nous ne dormons pas tout.e.s de la même façon

C’est bête, mais rappelons qu’un bon matelas pour votre pote, votre mec ou votre mère ne sera pas forcément bon pour vous. Le choix dépend de votre morphologie, vos positions de sommeil et vos douleurs éventuelles. On distingue :

  • Les dormeurs sur le côté (comme moi) : il faut un accueil moelleux pour épouser les épaules et les hanches, sans créer de points de pression.
  • Les dormeurs sur le dos : un soutien plus ferme est préférable pour garder la colonne bien alignée.
  • Les dormeurs sur le ventre : ils ont besoin d’un matelas ferme qui évite les cambrures excessives du dos.

2. Ferme ou moelleux ? L’éternel faux dilemme

C’est souvent la première question qu’on me pose depuis que j’ai changé de matelas : “Et du coup, tu as pris ferme ou moelleux ?”. Comme si le monde du sommeil se divisait en deux camps irréconciliables. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée. En effet, la clé n’est pas de choisir entre dur et mou, mais de trouver le bon équilibre entre “soutien” (ce qui tient le corps) et “accueil” (ce que l’on ressent en surface). Un matelas peut ainsi avoir un soutien ferme avec un accueil moelleux. Ce contraste est même souvent ce qui fait toute la magie d’un bon couchage.

Ce que j’ignorais, c’est que la fermeté idéale dépend de votre morphologie, de vos points de pression et de votre position de sommeil. Une personne menue ressentira un matelas comme très ferme là où une personne plus corpulente le trouvera souple. Ce n’est donc pas une qualité universelle, mais une perception ultra personnelle. Comme en amour, c’est une histoire d’ajustement subtil. Et souvent, le coup de foudre vient quand on ne s’y attend pas.

3. Mousse, ressorts, latex : le match des matériaux

Avant, je pensais naïvement qu’un matelas était un matelas. En réalité, il existe différentes technologies qui ont chacune leur ADN. Il y a d’abord la mousse polyuréthane. Il s’agit d’un produit d’entrée de gamme qui offre un couchage ferme mais dont la longévité est généralement assez faible, et le confort réduit. En ce sens, il trouvera parfaitement sa place dans une chambre d’amis ou pour les lits d’une résidence secondaire.

Il y a aussi la mousse à mémoire de forme, qui offre une sensation très enveloppante et qui est top pour les douleurs articulaires car elle épouse les formes avec une loyauté bluffante. Mais elle garde la chaleur, et certaines nuits d’été peuvent vite virer au sauna.

À l’opposé du spectre, il y a les ressorts ensachés. Plus fermes et plus toniques, ils offrent une excellente aération et surtout une indépendance de couchage quasi royale – le rêve quand on partage son lit avec un.e catastrophe nocturne. Leur rebond est rassurant, leur maintien impeccable. Ce sont les favoris des hôtels, et pour cause : ils vieillissent bien et conviennent au plus grand nombre.

Et puis il y a le latex naturel. Plus rare, plus noble, mais plus cher aussi. Résilient, hypoallergénique, écologique, c’est la matière des puristes du confort conscient. Son élasticité donne une sensation légèrement rebondie, ni trop ferme, ni trop molle. Mais attention à bien distinguer le vrai latex naturel du latex synthétique ou des mélanges douteux. Le premier est souvent certifié Eurolatex, et provient généralement de la sève d’hévéa.

6. Essayez avant d’acheter (ou dormez dessus 100 nuits)

Beaucoup de marques physiques ou ne ligne proposent désormais des essaies à domiciles qui vont de 30 à 120 nuits en moyenne, avec un retour gratuit. Mon conseils : même en showroom, testez vraiment. Allongez-vous comme chez vous, pendant au moins 5 minutes. Non, ce n’est pas gênant. Oui, vous en avez le droit. Le risque ? Lorsque vous vous rendez dans de grands showrooms qui disposent de dizaines de modèles différents, il est probable que vous soyez complètement perdus en sortant.

Certain.e.s préféreront les offres plus minimalistes comme la marque belge Hiboo qui ne propose que 3 gammes différentes, mais qui ont été pensées pour convenir au plus grand nombre. C’est finalement vers cette marque que je me suis dirigée, qui permet des matelas séparés par une tirette si votre conjoint.e est plutôt ferme et vous moelleux ou inversement.

8. Matelas naturel : bonne ou fausse bonne idée ?

Si vous êtes sensible à l’environnement, les matelas en latex naturel, coton bio ou laine peuvent être une excellente option. Attention tout de même à la ventilation (la laine garde la chaleur) et au prix (plus élevé). On distinguera les certifications à repérer, de celles qui ne veulent rien dire. Les vraies garanties ?OEKO-TEX (pas de substances nocives), CertiPUR (mousse sans solvant toxique), Eurolatex. À l’inverse, gare au marketing flou tel que “bio”, “écolo” ou “naturel”. Sans preuve ni certification, ils n’ont pas grande valeur.

9. Et le sommier dans tout ça ?

Si vous pensiez qu’investir dans un bon matelas suffisait pour changer la donne, vous vous êtes trompé.e.s. Le sommier a lui aussi toute son importance. On le choisira de préférences avec des lattes rapprochées, pour offrir un soutien équilibré. Mais le mieux reste encore d’opter pour un sommier tapissier. Avec son revêtement en tissu, il protège le matelas tout en assurant un confort moelleux. Il est idéal pour les matelas à ressorts, améliorant l’absorption des mouvements et la durabilité du matelas.

10. Combien je vais devoir payer ?

Parce qu’entre les matelas à 299€ vendus roulés sous vide et les modèles à 3000€ utilisés par les grands hôtels, l’écart laisse perplexe. Ce que j’ai appris, c’est qu’un bon matelas, un vrai, commence autour de 700 à 1000€ pour un 140×200, et monte facilement à 1500-2000€ pour du haut de gamme ou du latex naturel. Au-delà, on paie souvent le design, la marque ou le storytelling plus que la réelle qualité de sommeil – à moins d’être sur du sur-mesure ou du très technique. En dessous de 500€, on entre dans le monde du matelas d’appoint. Ça peut dépanner un temps, mais pour du long terme, mieux vaut viser un cran au-dessus.

Bonne nouvelle, il existe de meilleures périodes pour acheter que d’autres. Celles-ci s’étendent généralement durant les soldes d’hiver (en janvier), au début des soldes d’été en juin et juillet et lors du fameux Black Friday. Les grandes marques en ligne (Emma, Le Roi du Matelas, Tediber…) pratiquent aussi des réductions quasi permanentes sous forme de “codes promo” ou d’ “offres limitées”… qui reviennent chaque mois. Les modèles d’exposition ou fin de série peuvent aussi être des pépites à prix réduit, surtout en magasin physique. On peut parfois négocier (oui, même chez les grandes enseignes).

Et puis il y a le calcul à long terme. Un matelas de qualité dure 10 ans en moyenne. Alors si vous investissez 1200€, ça revient à 10 centimes la nuit. Le prix d’un bon sommeil, finalement, c’est moins qu’un café. Et beaucoup plus précieux.