Dans l’atelier de Tim Van Steenbergen

Mis à jour le 23 janvier 2018 par ELLE Belgique
Dans l’atelier de Tim Van Steenbergen

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Aujourd'hui, on se glisse dans l'atelier de Tim Van Steenbergen, le créateur anversois qui a conquis le monde de la mode, mais aussi celui de l'art. 

Le belge a lancé sa marque éponyme en 2001. Son style est théâtral, sobre et parfois dramatique. L'homme ne se limite pas au monde de la mode et créé également des costumes pour le théâtre et les ballets. Un agenda déjà bien chargé qui ne l'empêche pas d'avoir encore d'autres projets: des chaussures, des lunettes de soleil et même des bouteilles d'eau. "J'adore travailler simultanément sur 10 projets à la fois" nous confie-t-il.

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Nous rencontrons le créateur dans son atelier à Anvers. La déco du lieu est singulière et colle bien à l'univers du designer. L'atelier est envahi de croquis, de gravures, de moulures et de plaqué or.

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C'est au rez-de-chaussée que sont créés les prototypes - la première version d'un modèle à créer -.  «Pendant la saison, je travaille ici avec deux ou trois couturières seulement. Ma production est sous-traitée dans d'autres studios. Ici, je voulais vraiment qu'on se concentre sur la création, l'invention de la collection."

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Aujourd'hui, l'atelier est exceptionnellement bien rangé. "Pour le moment, on est entre deux saisons donc on a pas encore trop de travail. En plus, je viens de faire le grand nettoyage du printemps. Ce n’était pas une mince affaire ! J'ai du jeter environ cinq sacs d'ordures. C'est vraiment difficile de maintenir l'atelier propre parce qu'on est constamment en train de couper, de coller, de bosser".

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"Je travaille moins à partir d'un dessin qu'à partir de "l'expérience" d'une matière. Bien sûr, je fais d'abord des croquis, mais je vais draper directement sur le mannequin. C'est vraiment important de voir comment le tissu bouge et réagit. Ce mouvement du tissu est ma plus grande source d'inspiration."

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Les matières sont donc d'une importance primordiale dans les créations de Tim. Dans les stocks, nous découvrons les vestiges des collections précédentes. "C'est un défi de trouver tout le temps des matières innovantes. Mais j'ai vraiment développé une réputation dans ce domaine donc maintenant, je dois de moins en moins m'en occuper. Les agents viennent eux-mêmes dans l'atelier pour me proposer des matières nouvelles".

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Au premier étage, nous nous retrouvons face à face avec quatre posters géants. "J'ai conçu les costumes pour les quatre opéras "Der Ring des Niebelungen" à la Scala de Milan. Cette tâche était super compliquée donc j'ai absolument voulu avoir les affiches de l'avant-première. J'ai réussi à avoir celles des quatre opéras donc je suis un homme heureux ! Celle de "La Walkyrie" a vraiment beaucoup de valeur".

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En parlant d'opéra, d'où vient son intérêt pour le théâtre? "Je travaille pour le théâtre depuis 2004. C'est intéressant parce que c'est une manière de travailler complètement différente.  Tu dois prendre en compte des éléments propre à la scène: les perspectives, la lumière... Je dois dessiner avec la couleur et la texture. Je crée des costumes pour des pièces qui durent trois ou quatre heures et je dois veiller à ce qu'ils restent intéressants à regarder pendant toute la durée du spectacle. Et puis, le scénario est aussi très important".

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Le théâtre est une source d'inspiration incroyable pour l'artiste. Sur une armoire traine une vieille chemise qui date de 1900, trouvée dans les coulisses d'un théâtre. "Fouiller dans les coulisses d'un théâtre permet de découvrir de vrais trésors: des motifs historiques, des créations étranges, des matières inconnues, ..."

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Et n'a-t-il jamais pensé à se consacrer uniquement au théâtre? "Si, ça me prend énormément de temps donc parfois je me demande si je ne devrai pas m'y consacrer complètement. Mais en même temps, je trouve la dualité entre les deux façons de travailler très amusante. C'est intéressant de travailler avec deux angles et deux visions complètement différentes. Je ne sais pas si je pourrai laisser tomber ma ligne personnelle."

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Tim ne se limite pas à la création de vêtements. En 2004, il a créé un jeu d'échecs géant pour la Biennale de Venise. "J'ai créé des chevaux avec des vieux vêtements et des vieilles chaussures. Je reçois souvent des demandes du monde de l'art, pour faire ce genre d'installation".

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"La polyvalence dans mon job est vraiment passionnante. Vous savez, je ne crois plus que la mode peut se limiter à un magasin. Livres, déco, astronomie, ... Je veux offrir à mes clients une expérience complète. J'ai vraiment décidé consciemment d'élargir mon champ de travail: je reste fidèle à ma vision de départ, mais j'essaye de l'appliquer à des domaines différents. Récemment, j'ai conçu des bouteilles d'eau par exemple."

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Le long des murs, on peut voir des dizaines de dossiers stockés: des archives des anciens projets. Tim prend le dossier du ballet "Roméo & Juliette". "Les projets pour le ballet, c'est encore une expérience différente. La technique est très importante puisqu'il faut prendre en compte le fait que les danseurs vont se défouler dans les vêtements. La plupart des entreprises de ballets ont leur propre atelier avec des personnes spécialisées: ils m'apportent l'aspect technique et moi j'apporte mon imagination et ma fantaisie. Pour la conception, je discute d'abord avec le réalisateur et puis je cherche toutes sortes d'images qui m'inspirent pour me créer une espèce de "tableau d'inspiration". C'est très enrichissant."

1 2 3 4 5Tim Van Steenberger est donc un véritable concepteur qui a déjà fait ses preuves dans le monde de la mode, mais qui n'a pas peur des pirouettes. Alors, que nous réserve-t-il à l'avenir? Affaire à suivre et on peut s'attendre à tout...

Isabelle Vanderheyde (Traduction: Justine Rossius)

Crédit Photo: Roxanne Bauwens