Isabelle Bergman, créatrice: « C’est plus un accessoire qu’un bijou » 

Mis à jour le 20 avril 2021 par Marie Guérin
Isabelle Bergman, créatrice: « C’est plus un accessoire qu’un bijou »  Isabelle dans son bureau

Dans son magnifique bureau décoré de boiseries et d’objets éclectiques, je découvre le regard pétillant d’Isabelle Bergman. Je ne peux pas dire son âge, et cela n’a pas beaucoup d’importance, car je sens que j’ai face à moi un tempérament énergique et bienveillant. Avec son petit pull bleu simple et confortable, je me dis qu’il ne faut certainement pas se fier aux apparences !

« Il faut savoir que je n’aime pas les bijoux avec de tout petits diamants. J’aime les bijoux imposants comme les "cocktails rings". C’est en fait plus un accessoire qu’un bijou. C’est comme ça que j’ai imaginé ma ligne et après trois ans et demi, c’est devenu vraiment une collection. Je propose désormais des dizaines de modèles, la plupart réalisés sur mesure. Les clientes viennent chez moi pour choisir leur pierre. Mais je développe aussi une collection prêt-à-porter pour aider les hommes à faire des cadeaux (rires) ! » Isabelle a grandi parmi les amis diamantaires de son père, à Anvers. Pour ses anniversaires, elle pouvait choisir entre un bijou ou une pièce d’art. Elle a donc écumé les ventes aux enchères jusqu’à ce qu’elle décide d’imaginer ses propres bijoux. À 16 ans, déjà. Elle a ensuite travaillé dans l’immobilier pour finalement revenir à sa première passion. Un peu par hasard ? « Une amie ouvrait une nouvelle boutique à Anvers et m’a proposé  d’imaginer une collection de bijoux à vendre chez elle. À l’époque, chaque fois que je réalisais une bague pour moi, cela créait une  déferlante de commandes de la part de mes amis (rires). »

bague isabelle bergman
Bague en or 18kt et kunzite, à partir de 2.900 €



Souvent, une aventure entrepreneuriale est une affaire d’occasions à saisir. Isabelle imagine et dessine ses modèles qui sont ensuite réalisés dans un atelier anversois. Il faut trois à quatre personnes pour venir au bout d’une pièce. On peut les reconnaître entre mille : les plus grandes, les plus brillantes, les plus colorées. « La couleur est un "statement". J’aime mélanger les nuances qui ne sont pas forcément évidentes pour créer un vrai contraste. Ce qui est trop gentil ne m’inspire pas vraiment ! C’est comme en mode : mettre un pantalon et un chemisier de couleurs qu’on n’associe généralement pas, c’est mon truc. Mélanger les choses qui ne vont pas forcément ensemble, mais qui ont une  âme, faire place à l’imprévu. » Isabelle n’a jamais arrêté d’arpenter les salles de vente, elles nourrissent son imaginaire. « C’est comme ça qu’un objet peut se transformer en bijou dans mon imagination. Une lampe devient une bague ! J’aime la mode, j’aime l’art :  le contemporain, le classique, j’aime les impressionnistes. Tout le monde aime Vasarely, Fontana, Ado Chale, ce sont des artistes très cotés, mais il est plus difficile de dénicher un artiste talentueux et inconnu ! Il y a quelques jours, j’étais ici, chaussée de Malines, il y a une petite galerie, Schonfeld Projects, où j’ai acheté un tableau d’un artiste inconnu, Jesse Willems. J’ai simplement trouvé l’oeuvre jolie : c’est une toile avec du papier recyclé aux inspirations cubistes et Russie avant-gardiste. »

« J'aime mélanger les choses qui ne vont pas forcément ensemble, mais qui ont une  âme, faire place à l’imprévu »

Son père est lui-même artiste, il a d’ailleurs exposé chez Sotheby’s à Amsterdam. De l’art aux bijoux, il n’y a qu’un pas. De quelques carats. Isabelle l’a franchi et nous encourage à la suivre : «Porter une grosse bague c’est déjà un accessoire, un gage d’extravagance. Il n’en faut pas plus. Je conseille d’ailleurs de les porter à l’index ou au petit doigt, c’est moins conventionnel. J’aime beaucoup les chevalières aussi, c’est très tendance. Ça va avec tout. » Dessin, accueil des clientes, recherche des pierres, Isabelle fait tout elle-même dans son entreprise à taille humaine. Sur ses modèles, on trouve des pierres précieuses et semi-précieuses montées sur de l’or 18 carats pour une large gamme de prix. Et la question du développement se pose.

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Boucles en or 18kt et aigue-marine, à partir de 1.990 €

Faut-il grandir ? « Là, je suis à un tournant. Une fois par mois, j’ai des demandes de magasins qui désirent des pièces pour les vendre. Je ne l’ai jamais fait en dehors de la boutique de mon amie. Si je développe les bijoux à une plus grande échelle pour les mettre dans d’autres boutiques, je ne pourrai plus tout faire moi-même et je vais perdre cette proximité. J’hésite. » Un dilemme qu’elle pourra surmonter, j’en suis sûre, car Isabelle ne manque pas de ressources créatives. Histoire à suivre…

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