Qui sont ces femmes qui ont aimé des dictateurs ?

Mis à jour le 27 juillet 2023 par Eveline Janssens et ELLE Belgique
Qui sont ces femmes qui ont aimé des dictateurs ?©Getty Images

Ça fait quoi de se réveiller chaque matin à côté d'un tyran dans son pyjama en pilou ? Comment éviter qu’au petit déjeuner votre chéri n’appuie sur le bouton pour faire sauter le monde ? ELLE s’est plongée dans les archives pour exhumer la douceur et la souffrance qu’ont connues les femmes des plus grands dictateurs.

Les poupées russes de Staline

Joseph Staline a connu trois épouses. Ekaterina est morte un an après la naissance de son fils Yakov. Aux funérailles, Staline aurait prononcé ces paroles plutôt prophétiques – « Elle est morte, et avec elle sont morts mes derniers sentiments affectueux envers les hommes » – avant d’aller faire la bringue le soir même. Na zdoróvje !

Nadejda, la deuxième femme de Staline, a su profiter d’une vie de privilégiée au Kremlin au début des années vingt. Mais une fois l’excitation d’une voiture avec chauffeur passée, l’ennui s’est installé. Y compris pour Staline, qui est rentré un soir à la maison avec sa secrétaire et a forcé Nadejda à le regarder batifoler dans le lit conjugal. 

Le coup de grâce pour leur mariage – et pour Nadejda –, ce furent les liquidations, déportations et famines orchestrées par Staline. Le jour où elle a ouvertement critiqué son chéri au cours d’un dîner lui a été fatal. Staline a affirmé que sa femme s’était suicidée, mais des témoins ont parlé d’un coup de feu infligé par Joseph lui-même. Un mystère aujourd’hui encore enterré dans les archives secrètes de l’État, à Moscou.

Rosa est âgée de 27 ans lorsqu’elle dit « oui » à Staline, qui en a 54. La belle professeure d’université, mise au courant de la fin douteuse de sa prédécesseure, a conclu un marché : Joseph avait à ses côtés une femme soumise et une belle-mère pour ses trois enfants, tandis que Rosa pouvait inviter un nombre illimité d’amis. Elle ne critiquait pas Joseph, mais il s’est vite lassé d’elle. Officiellement, le couple s’est séparé. Officieusement, on ignore si Rosa a été éliminée ou si elle a été assez intelligente pour faire ses valises. 

Eva l’oie

Quelques jours avant la fin de la Seconde Guerre mondiale, Eva Braun épouse enfin son chéri. Deux jours plus tard, Eva et Adolf avalent une pilule de cyanure et leur histoire d’amour prend fin.

Elle n’avait sans doute pas l’étoffe d’une première dame. Hitler cachait sa petite amie en lieu sûr au Berghof, sa résidence dans les Alpes. Le monde d’Eva se limitait à sa planque. Alors que des millions de personnes s’acheminaient vers une mort certaine dans les camps de concentration, Eva se composait une garde-robe impressionnante.

Hitler l’appelait son « oie blanche ». Un surnom bien choisi pour son côté déphasé, sans cesse en quête de l’attention du Führer. Alors que la guerre et la pénurie de nourriture se faisaient de plus en plus menaçantes, Eva a continué à servir de la soupe de tortue comme si de rien n’était. En mars 1945, Berlin est sur le point de céder face aux alliés. Eva part pour la capitale contre la volonté d’Adolf et s’installe dans le bunker de celui-ci jusqu’à sa mort.

Eva Braun posant dans un maillot blanc.
©Getty Images - Eva Braun

La véritable première dame du Reich était également présente : Magda Goebbels. Fin avril 1945, elle reçoit la plus haute décoration nazie pour avoir été « la plus grande mère dans le Reich ». Cette grande femme rigide verse une larme. Magda était mariée à Joseph Goebbels et aux symboles officiels du régime.

C’était une über Frau remarquable : elle a donné naissance à six enfants, sans jamais cesser d’incarner le modèle de la ménagère nationale-socialiste. Elle était toujours tirée à quatre épingles : pas un faux pli, manucure parfaite et tailleurs sur mesure. On ne pouvait pas en dire autant de son petit mari : il enchaînait les aventures, et Hitler a dû intervenir pour que la famille modèle allemande se réconcilie.

Magda est restée fidèle au Reich jusqu’à sa mort, et elle entendait que ses enfants fassent de même. Dans le bunker, elle leur administre un sédatif, suivi d’une pilule empoisonnée. Quelques instants plus tard, le couple se donne la mort.

Rachele, la femme la plus trompée d’Italie

La demande en mariage de Mussolini était plutôt originale. Quand le père de Rachele s’y est opposé, Benito a sorti une arme, ce qui a vite convaincu les parents.

Mussolini avait une conception simple du rôle des femmes. Prive-toi ! Enfante ! Et surtout, tais-toi ! Rachele était la bonne mamma italienne qui se tenait à l’écart. Elle vivait en grande partie à Milan, tandis que son mari batifolait avec le pouvoir et les maîtresses à Rome. Elle a donné naissance à cinq enfants et ne s’est jamais immiscée dans le travail de Benito. Elle a délibérément ignoré les incartades de son mari. Jusqu’à l’apparition de Clara Petacci.

Rachele Mussolini, femme du dictateur Mussolini, tenant un chien et une arme en mains.
©Getty Images - Rachela Mussolini.

Au sommet de sa gloire, Mussolini est une star. Les jeunes filles dorment avec sa photo sous leur oreiller. Y compris Clara. Elle tombe en pâmoison devant le Duce. La richissime maîtresse s’installe dans une somptueuse villa surplombant celle de Benito et se faufile presque tous les soirs dans son lit. Les rumeurs vont bon train et Rachele reçoit le titre peu enviable de « femme la plus trompée d’Italie ». 

Alors que le régime fasciste vit ses derniers jours, Rachele parvient à s’échapper avec ses enfants. Benito, en compagnie de Clara, est capturé par des partisans et exécuté sur place.

Après la guerre, Rachele ouvre un restaurant de pâtes dans sa ville natale et sert des tortellinis sous le regard (d’un portrait) de Mussolini.

Evita

Eva Peron, mieux connue sous le nom d’Evita, s’est frayé un chemin vers le sommet. Le jour où elle rencontre Juan Domingo Peron en 1944, elle séduit le colonel, qui se laisse tenter par une partie de jambes en l’air le soir même. Le fait que la compagne de celui-ci vive à ses côtés n’est qu’une simple formalité. Evita pousse la demoiselle à faire ses valises et à prendre la porte.  Problème résolu. Après une visite à l’état civil, Eva devient officiellement madame Peron. 

Le couple entame une incroyable campagne électorale. Pour la première fois, une femme joue un rôle dans les meetings politiques et occupe une place de premier plan. Eva est extrêmement populaire auprès du peuple argentin et ses tenues parlent à l’imagination. Elle dépense des fortunes en bijoux et en vêtements de créateurs. Lorsqu’elle rend visite aux agriculteurs et aux associations de femmes, elle est éblouissante. 

Evita Peron posant vêtue d'un blaser blanc.
©Getty Images - Evita Peron

Une fois l’élection en poche, Eva et Juan s’installent dans leur modeste maison de 283 pièces. Leur passe-temps favori ? Se laisser glisser sur la balustrade de l’escalier. Le couple est adulé par les classes défavorisées. La politique sociale prônée par Peron n’amuse pas tellement l’establishment plus aisé, et le régime prend des airs de dictature. Les opposants sont bâillonnés, voire purement et simplement éliminés.

Mais quelques dissensions internes font leur apparition. La popularité d’Eva dépasse celle de son mari. Leur couple bat de l’aile. Lorsqu’on diagnostique à Eva un cancer de l’utérus, Juan prend ses distances. Eva décide d’ignorer la maladie. Elle soutient pleinement la campagne pour la réélection de son mari, jusqu’à ce que la tumeur ait raison d’elle. Le 26 avril 1952, elle prononce ses derniers mots : « Eva s’en va. » Elle a 33 ans.

Les vieux démons de Jiang Qing

Fille de prostituée, la jeune Jiang Qing a compris comment propulser sa carrière d’actrice. Elle a payé sa formation à l’école d’art dramatique au moyen de « services » offerts au directeur. Après avoir flirté avec le monde du cinéma, Jiang Qing s’est tournée vers le communisme et habilement glissée dans le lit de Mao.

Une fois que ce dernier a proclamé la République populaire de Chine, Jiang Qing a été promue au ministère de la Culture et ses vieux démons n’ont pas tardé à refaire surface. La révolution culturelle s’opposait frontalement aux idéaux bourgeois. Des monuments et des traditions séculaires ont été détruits et les « opposants » écopaient d’un aller simple au « camp de rééducation ».

Vêtements et make-up ont dû s’adapter à l’idéologie régnante, au profit du col Mao. En public, Jiang Qing portait l’uniforme bleu, mais en coulisses, les idéaux passaient à la trappe : villas, chevaux de luxe et avion privé, de quoi flatter l’ego de madame. L’actrice manquée ne jurait que par les ovations et le culte de la personnalité, à coups de parades et défilés pompeux.

Après la mort de Mao en 1976, sa bien-aimée a dû répondre de ses actes devant le tribunal. Elle a été condamnée à mort, avant de voir sa peine commuée en prison à vie. L’amère Jiang Qing s’est pendue en 1991.

D’autres dames légendaires

Imelda Marcos, épouse du président philippin Ferdinand Marcos, est célèbre pour son énorme collection de chaussures. La manière dont elle et son mari ont approvisionné leur modeste trousseau – avec les milliards de dollars qu’ils ont dérobés au peuple philippin – est moins connue.

Asma al-Assad a grandi à Londres et jusqu’à son mariage avec Bachar al-Assad, elle semblait promise à une brillante carrière financière dans la City. Aujourd’hui, elle essaie de jouer les PR du régime syrien sur Instagram. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il reste pas mal de boulot.

Carmen Polo était une femme au foyer espagnole mariée au général Franco. Avec son éternel collier de perles, elle a fait la couverture de nombreux magazines féminins en Espagne. On a failli oublier de vous dire : elle a exercé une influence considérable sur la censure de la presse.

Beaucoup de mystère entoure Ri Sol-ju, l’épouse du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. Tout d’abord, elle a reçu pour la première fois le titre de première dame de Corée du Nord. Ensuite, elle semble jouer un rôle diplomatique. On espère qu’elle pourra déverrouiller les codes de lancement et les ranger en toute sécurité dans son sac à main Dior.

Jean-Bedel Bokassa et son épouse Catherine Denguiadé sont sacrés empereur et impératrice de la République centrafricaine en 1977. La cérémonie coûte 20 millions de dollars : la robe de Catherine, conçue par Lanvin, est cousue d’or et de rubis, tandis qu’un diamant 39 carats surplombe sa couronne de laurier. Sans parler des 60 Mercedes et des 100 kilos de caviar. Une dame qui coûte cher, cette impératrice Bokassa.

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