Le Mont St Michel – la slow fashion les pieds dans l’eau

Publié le 11 septembre 2018 par Elisabeth Clauss
Le Mont St Michel – la slow fashion les pieds dans l’eau

 

 

A quelques enjambées sablonneuses du Mont-Saint-Michel, la Maison éponyme, pionnière du jean en France dans les années 20, cultive modernité, valeurs patrimoniales et workwear de luxe.

A une époque où le secteur de la mode, pour se maintenir et évoluer, a besoin de se raccrocher à un savoir-faire pérenne, Le Mont St. Michel investit dans des créations de qualité, relativement intemporelles – ne seraient-ce les couleurs de saisons – et dans une épure durable. Des collections contemporaines, inspirées d'archives de la maison que Marie et Alexandre Milan ont repris en 1998, et qu'ils sourcent jusque dans les friperies de New York. Ces modèles historiques, affectifs et branchés sont adaptés à la tendance actuelle – quoique la maison n'est pas obsédée par l'idée de mode instantanée – et réalisés dans une toile de coton de travail épaisse et très douce, solide et veloutée, le moleskine. Made in France, lui aussi. Souvent déclinées en couleurs primaires, les pièces Mont St. Michel sont des intemporels à porter transversalement du boulot au cocktail.

 

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Une mode sociologique et intergénérationnelle

Fondé il y a 108 ans, Le Mont St. Michel œuvrait à permettre à des ouvriers et des paysans de s'assurer une certaine allure lorsqu'il n'avait pas les moyens de s'offrir une tenue cohérente. Un siècle avant la tendance « workwear », la marque bretonno-normande produisait des vêtements, bleus de travail, et des denims qui duraient selon le slogan des années 50 : « trois fois plus longtemps ! »

 

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Le rapport avec le Mont-Saint-Michel ?

Le deuxième site le plus visité de France (rien ne bat le triangle de fer) est aussi le berceau de la famille d'Alexandre, qui produit de la maille depuis plusieurs générations. Un label authentique, régional, qui signe des déclinaisons de vêtements de travail inspirés par la grandeur du décor et les caprices de la météo, qui change 10 fois par jour. Une notion qui parle au marché belge...

 

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Un projet collaboratif

Marie s'occupe de la partie commerciale, tandis que son mari Alexandre gère la direction artistique dans cette entreprise familiale d'une douzaine de personnes. Les collections sont transposables d'une saison à l'autre, et les nombreuses collaborations avec de belles maisons françaises et internationales insufflent une variété ludique dans ces basiques de première qualité.

Ensemble, ils tricotent un patchwork d'archives et de modernité, réinterprètent le bon sens de la mode. Alexandre réédite les modèles de pull-over dessinés par sa mère, qui était styliste. Il imagine des pantalons et des vestes d'ouvriers pour une nouvelle génération popu-chic, urbaine. Les collections, comme l'expérience, s'assouplissent naturellement avec l'usage. Les vestes d'ouvriers sont conçues sans doublure, pour un porté souple, pratique et rigoureux. Elles sont fabriquées en petites quantités, et numérotées. Chaque pièce est voulue fonctionnelle, résistante et élégante. Dans une logique d'uniformes, on les mixe pour se composer une allure simple et nette, et on les défroisse en les secouant. L'objectif : structurer la silhouette, dans une idée de luxe modeste.

Les marées et viennent, le Mont-Saint-Michel cultive une slow fashion séculaire.