Allergique aux nouvelles technologies ? L’innovation change déjà votre vie

Mis à jour le 25 août 2018 par Elisabeth Clauss
Allergique aux nouvelles technologies ? L’innovation change déjà votre vie

Vous faites rimer « digital » avec « détale » ? « Numérique » avec « panique » ? Cessez de dramatiser : dès qu'on la laisse pénétrer, l'innovation est là pour nous stimuler.

On a beau se revendiquer old school, faire mine de bouder les réseaux sociaux, on pleure comme des veaux 4.0 dès que notre portable n'est plus qu'à 3 %. Au lieu d'aller contre un courant qu'on ne maîtrisera plus jamais, voyons les bons côtés d'un monde ultra-connecté. De l'armoire, au plumard.

L’innovation dans votre placard

Comment c'était avant :

Vous portiez de la laine quand il faisait froid, du voile de coton quand il faisait chaud, vous transpiriez dans le lycra, et quand vous preniez trois kilos, vos jupes vous serraient.

Comment c'est maintenant :

Vos vêtements sont comme vous : sensibles, évoluants et interactifs. En réalité, la technologie a envahi votre dressing depuis longtemps. Les bas ne filent presque plus, les étoffent suivent vos variations hormonales et pondérales, les chemises blanches éliminent toutes seules les taches. Les tissus techniques, conçus à base de matières naturelles, réfléchissent à votre place - si, vous en avez besoin - appellent votre GSM quand vous prenez un coup de soleil (ça existe, et demain, tous vos tee-shirts en seront équipés, voire vos culottes, hin hin), et déjà, vos vestes sont auto-nettoyantes. Tout ce confort est né dans des labos. Vous revendiquez le retour aux matières à l'ancienne ? Enfilez un vrai pull de mouton non traité, pour voir : on n'a pas fini de vous entendre bêler.

1/

L’innovation dans votre lit

Comment c'était avant :

Vous lisiez des livres en papier pour voyager depuis vos draps. Marmonnant à vos côtés, il y avait un homme – ou une femme – que vous connaissiez depuis toujours, qui ne vous voyait même plus, et à qui vous ne pompiez plus guère que l'air.

Comment c'est maintenant :

Vous partagez vos nuits avec une tablette. Dessus, vous lisez des romans quand ça vous prend, mais parfois, vous glissez vers des applis de rencontre, dont vous n'auriez jamais soupçonné le potentiel ludique du temps de vos sclérosantes idées manichéennes. Même sans passer à la pratique, les nombreuses manifestations d'intérêt dont vous faites l'objet, « Cococoquine 69 », vous rebootent suffisamment l'ego pour que le boulet à vos côté ressemble soudain à un canon. Mais s'il-vous-plaît, continuez de lire des livres en papier.

 

2/

L’innovation dans vos valises

Comment c'était avant :

Quand une compagnie aérienne égarait vos bagages, il ne vous restait que vos yeux pour pleurer et un kit offert par l'aéroport, contenant une brosse à dent, un tee-shirt de coton blanc trop grand, un slip en papier, et de la vaseline (authentique. A titre de crème hydratante, paraît-il).

Comment c'est maintenant :

On votre valise se perd, elle vous téléphone. Les nouveaux modèles sont connectés, ils sont même capables d'estimer leur propre poids (ce dont vous êtes toujours incapable pour vous-même, surtout en vacances). Ce n'est plus vous qui la reconnaissez sur le tapis roulant de l'aéroport, c'est elle qui vous envoie un sms. A l'intérieur, il n'y aura bientôt plus que des « wearables », ces vêtements issus d'une technologie déjà mise en application, qui permet la fabrication de tee-shirts qui éloignent les moustiques, de tissus qui éclairent la nuit, de pulls qui rechargent les téléphones. Comment faisait-on avant ? On s'achetait des paréos sur place.

3/

L’innovation chez vos gamins

Comment c'était avant :

Les darons comprenaient ce que leurs enfants disaient. Ils savaient plus ou moins qui ils fréquentaient. Ils trouvaient leur musique insupportable, mais ils avaient infligé ABBA à plein tubes à leurs propres parents, alors ils la bouclaient. Les ados donnaient des nouvelles quand ils trouvaient une cabine téléphoniques. Ils ne publiaient pas des photos d'eux à moitié à poil avec une bouteille de Despé à la main. Ils savaient écrire des mots en entier.

Comment c'est maintenant :

L'innovation, c'est vos gamins. Le grand écart entre la génération qui est née avec Internet et la vôtre, c'est un peu comme si Charles Quint se retrouvait à Tomorroland. On sait toujours où ils sont (dans leur chambre), mais on ne sait pas avec qui ils interagissent. S'ils sont en retard, on les géolocalisent. Si on veut savoir ce qu'ils ont bu, on checke leur story. Même si on hacke leurs messages, on ne pige rien à leurs abréviations, mais on a une certitude : les ados restent des ados. Ceux-là sont aussi doux, retors et attachants que les précédents, et cent fois plus mûrs. La grande innovation de cette génération, c'est qu'ils sont mieux préparés au monde, et qu'ils nous tolèrent auprès d'eux uniquement parce qu'on a signé la domiciliation du wifi. Objectivement, ils n'ont plus besoin de nous.

4/

L’innovation pour vous sauver la peau

Comment c'était avant :

Vous appliquiez une crème de jour, et douze heures plus tard, une crème de nuit. Vous vous exposiez un peu au soleil mais en culpabilisant (contrairement à votre maman qui y allait volle monoï), et quand vous plissiez, vous pensiez « ce soir tu ris, demain bistouri ».

Comment c'est maintenant :

Quand avez fini de vous étaler vos dix-sept sérums, fluides réparateurs et crèmes protectrices, vous pouvez passer aux poudres réflectrices de lumières et aux soins régénérants. C'est plus de la cosméto, c'est de la sorcellerie. Depuis que le mot « paraben » est devenu le nouvel épouvantail à bobo bio, les labos redoublent de créativité pour nous garantir la jeunesse éternelle, sans effets secondaires. Dorian Gray lui-même, qui a enfermé trop vite son portrait dans une armoire qui rouille, s'en mord les...

5/

L’innovation dans votre sac

Comment c'était avant :

Votre besace était tannée avec des produits chimiques qui auraient dissout du kevlar, et dans la pochette intérieure, votre seul lien avec le monde, c'était des cartes de visites écornées.

Comment c'est maintenant :

REACH, règlement de l'Union européenne qui protège la santé humaine et l'environnement contre les risques liés aux substances chimiques, a mis bon ordre dans le traitement des peaux (pour sauver la vôtre, notamment). Dans ce sac dont vous êtes si fière, sous les lunettes de soleil et les cigarettes, sous les clefs et le poudrier, à gauche du paquet de chewing gum et pas très loin d'un kleenex que vous n'avez utilisé qu'une seule fois, il y a votre smartphone. Votre connexion au monde, dont le correcteur d'orthographe a décidé qu'au lieu d'envoyer une « grosse bise » à ce garçon qui vous drague, vous alliez lui texter « grosse bi*e ». Heureusement avec les nouvelles technologie, on peut encore faire de vieilles conneries.

 

 

 

Illustrations : Valentine De Cort