Magritte : Virginie Efira raconte le cinéma belge

Mis à jour le 13 février 2018 par Elisabeth Clauss
Magritte : Virginie Efira raconte le cinéma belge

Présidente des Magritte, elle a remporté ex-aequo avec Astrid Whettnall le Prix de la Meilleure actrice. Mais avant cela, nous avons bavardé cinéma...

Les Magritte :  « je suis l'événement depuis sa première édition. Cette cérémonie signifie que la Belgique développe un cinéma vivant et présent. Une création diversifiée, puissante et internationale. En général les belges ne sont pas fiers d'eux-même, et c'est bien qu'ils commencent à la ramener. »

Le paradoxe belge : « en général, la compétition, ça ne va pas avec la belgitude. Mais dans cette compétition-là, on ne sent pas de hiérarchie, et pas du tout d'individualisme. C'est surtout l'idée d'être ensemble. »

Sa belgitude à elle : « je vis depuis longtemps à Paris, mais je reste belge dans mon rapport au corps, dans la façon de me tenir, de me mouvoir. C'est quelque chose qu'on sent par exemple très fort chez les acteurs flamands, ils bougent différemment. Par la nouvelle vague, par sa culture, l'acteur français est plus cérébral. Moi, j'ai à côté terrien. En Belgique, le mot « carrière » n'est pas sérieux. C'est plus libre. Comme nous n'avons ni Molière, ni Balzac, donc pas le côté « attend, je suis actrice, ma parole vaut celle du président de la république", nous vivons tous cela de manière moins monarchique, alors que la monarchie, c'est nous. »

L'écriture : « je travaille avec Joachim la fosse à l'adaptation d'un livre, une histoire de rencontres. De l'interprétation et l'écriture, c'est intéressant, je trouve intéressant l'art de se mettre l'intime en dehors. »

L'étoile montante du cinéma français ? (Elle rit) : « j'aime en tout cas l'idée de monter, de descendre, de remonter, de ne pas rester figée. Ma poursuite n'est pas celle d'asseoir un pouvoir, une richesse ou une influence, mais d'explorer un cinéma exigeant. Même à travers les comédies. Parce que souvent, pour être sûr de faire rire tout le monde, on lisses les sujets. Et ça, ça me laisse de marbre. Le rire, c'est tellement personnel. J'aime les comédies fondées sur la subtilité. Il faut savoir se réinventer dans le rire. »

Son humour : « il me vient de mes amis, qui sont beaucoup plus drôles que moi. Se prendre au sérieux, c'est insupportable. L'humour, c'est la distanciation, et c'est l'élégance. Quand j'avais 16 ans, je jouais beaucoup de l'autodérision, parce que j'avais des attributs féminins plutôt développés. »

L'intimité : « l'intimité, ça passe par le rire. Mais l'érotisme, non. »

Son souhait au cinéma belge ? « De rester en éveil. Dans tous les cinémas, il y a parfois des périodes de repos. Mais le cinéma belge se déploie. Sa veine sociale, qui est très belle, s'est diversifiée et c'est très bien. Un bon film, c'est la voix d'une individualité qui se fait entendre. Et pour l'écouter, il faut des spectateurs curieux. Les Magritte poussent cette résonance. »

@EmmanuelLaurent – MdC2017 Stylisme Delphine Dumoulin-Didier Vervaeren
@EmmanuelLaurent – MdC2017
Stylisme Delphine Dumoulin-Didier Vervaeren- Robe Natan