Le tatouage c’est pour tous les âges ?

Mis à jour le 24 août 2018 par Marie Guérin
Le tatouage c’est pour tous les âges ?

Un papillon sur l’épaule, oui, mais après ? Que se passe-t-il quand on vieillit, lorsqu’on attend un bébé  ?

À 20 ans, on se rebelle et on explore ses limites

Un rite initiatique. Le premier tatouage marque la fin de l’adolescence. Maëlle a 23 ans et le bras gauche recouvert d’une matriochka, de fleurs, d’un appareil photo : des dessins qui figurent ses voyages. Pour elle, le premier pas est avant tout une rébellion  : « C’est une façon de se compléter. Par la suite, l’esthétique prend le pas sur le symbolique. » Et la douleur est essentielle : « Elle rend l’acte plus fort et empêche de banaliser. Sans elle, le corps serait recouvert en une journée. La douleur définit une limite temporelle. » Un prix qui empêche d’en faire trop. « Vieillir ne m’inquiète pas, je ne pense pas à l’avenir de mes tatouages : quoi qu’il arrive, ils feront partie de moi. » Ce qui empêche les jeunes filles de se recouvrir entièrement le corps, c’est plutôt l’argent : avec un minimum de 100 euros par motif, il n’est pas facile à 20 ans d’entretenir sa passion.

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À 30 ans, on peine à s’arrêter

Sienna Miller et ses trois étoiles
Sienna Miller et ses trois étoiles

La grossesse : un faux problème. Ursule a la trentaine, ses tatouages reflètent une personnalité féminine et ordonnée : hirondelles, chats, nœuds… « Juste après ma grossesse, j’ai changé de tatoueur et j’ai pris un risque. J’avais des tatouages symétriques au trait fin et discipliné.
Lorsque j’ai eu mon fils, je me suis fait tatouer un motif léopard sur le bras droit. Cette étape a signifié une nouvelle liberté par rapport à mon corps. Malgré tout, je songe à tatouer mon bras gauche pour rétablir l’équilibre ! »

Une séduction destinée d’abord à soi-même. « Je ne veux pas tatouer ce qui est vraiment visible, comme la nuque, le buste. Très pudique, je ne montre jamais mes jambes ni mes épaules, je peux donc décider de ce que je dévoile ou non. J’aime entretenir ce mystère. »

Si à 20 ans on aime observer les dessins que l’on porte, à 30 ans, on s’étonne : un regard dans la glace rappelle un détail oublié, un trait que l’on redécouvre.

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 À 40 ans, on assume

Heidi Klum
Heidi Klum

Des ennuis au boulot ? C’est le moment où Stéphanie, aide-soignante, a pris conscience des interrogations que peut soulever un tatouage quand on n’a plus l’âge d’être rebelle. Le regard des autres devient admiratif (c’est le moment où les affinités avec d’autres tatoués se tissent), curieux ou carrément dubitatif. « Je suis consciente qu’il est préférable de pouvoir dissimuler cette partie de moi. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve. Je peux être amenée à changer d’emploi, à faire de nouvelles rencontres. Tout le monde n’est pas tolérant. »

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À 50 ans, on se souvient et on s’entretient

Lio
Lio

Le corps comme mémoire. Martine est presque entièrement dessinée, elle a 48 ans et ses tatouages n’ont pas forcément de liens entre eux. Ce sont les univers de plusieurs tatoueurs qui se croisent sur sa peau. Un tatouage japonais, des dessins d’enfant, une infirmière old school : en tout, il y en a une trentaine. « Je mesure 1,52 m, les centimètres se comptent et l’espace se réduit. Je n’ai pas pour objectif d’être totalement couverte, mais je sais que tant qu’il y aura de belles rencontres, le désir de les immortaliser restera très fort. »

Le corps se décrit alors comme un roman qui retrace un parcours : « Je peux en dire ce que je veux. Mes dessins ne parlent qu’à moi. Je ne suis pas un livre ouvert. Mon corps suit son propre cheminement et les déformations en font partie intégrante. Certes, j’ai des tatouages qui se sont modifiés avec l’âge, ils n’ont plus la même forme. Ils me suivent. »

La lutte contre les signes de vieillesse comme tout le monde… ou presque. Les tatouages ne permettent pas d’éviter les corvées de beauté quotidiennes : on s’épile, on hydrate sa peau, on met de la crème antivergetures, antirides… Un petit plus ? On ne voit plus les varices !

À 50 ans, on prend avec beaucoup plus de recul l’image que l’on veut donner de soi. Mais on n’est pas inconsciente du regard des autres : « J’hésite à me tatouer le visage car je sais que ce serait un véritable suicide social. Même si aujourd’hui, le tatouage est beaucoup plus apprécié, certaines barrières demeurent. »

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