DÉcrayonner : rétrospective de l’in-DÉ-niable talent d’Anne-Valérie Hash

Mis à jour le 16 février 2018 par Elisabeth Clauss
DÉcrayonner :  rétrospective de l’in-DÉ-niable talent d’Anne-Valérie Hash©Fabrice Laroche

Pendant les 13 années où elle a porté sa marque à bouts de bras et à plein coeur, Anne-Valérie Hash a joué avec le langage des vêtements.

Elle les a DÉconstruits pour les remonter de haut en bas, devant derrière. Comme on DÉcoud la cohérence d'une pièce trop évidente, pour s'interroger sur ses véritables possibilités. Anne-Valérie Hash s'est amusée, s'est DÉvoilée à travers ses collections qui parlaient d'elle de bout en bout (tous les artistes le savent, il n'y a pas d'oeuvre innocence, et pas de création muette). Voici qu'elle s'expose.

©Fabrice Laroche
©Fabrice Laroche

Lorsqu'elle met en scène l'évolution de son travail, elle DÉroule l'histoire de sa vie. De sa liberté totale de jeune styliste qui DÉmontait chaque basique – du pantalon qui devient une robe au smoking qui se mue en combi - jusqu'à sa maturité d'épouse et de mère. De l'exploration pure, DÉsirable et super mettable, à une vision plus ancrée mais pas moins DÉcomplexée. Jeune femme elle DÉveloppait une collection "Fillemâle" – elle l'avait flairé, c'est aujourd'hui un raz-de-marée sociétal. Enceinte, elle imaginait des shorts barboteuses. On est ce qu'on crée. A moins que ça ne soit le contraire ? Peu importe du moment que ça fonctionne dans le miroir.

©Fabrice Laroche
©Fabrice Laroche

Car il n'est pas un de ces vêtements qu'on aurait l'iDÉe d'enfiler bêtement. On les ajuste, on les adopte, on est adepte. Anne-Valérie Hash avait trouvé son public, et les vrais dingues de mode l'avaient garDÉe. Chacune de ses vestes DÉfragmentées est un collector, on adore les boutons, pas une n'adhère aux boutonnières. La vie est souvent ainsi faite. Tout ce la fonctionne magnifiquement bien, en équilibre.

Guinevere Van Seenus dans une "robe pantalon" ©Michelangelo di Battista 2001
Guinevere Van Seenus dans une "robe pantalon" ©Michelangelo di Battista 2001

On DÉcouvre la centaine de pièces exposées – il a fallu choisir parmi des milliers -  on s'aventure, on se leurre, on imagine. Puisqu'elle aime la confrontation des rapports de genre et des illusions de tailles (les pièces surtaillées le sont dans tous les sens du terme), elle a commencé sa carrière en s'inspirant d'une jeune muse, Lou Lesage, neuf ans alors.

Lou Lesage ©Fabrice Laroche
Lou Lesage ©Fabrice Laroche

Les dessins de la créatrice suivent la croissance de la fillette qui devient une femme. Alors l'oversize s'atténue, un peu comme sous l'effet des biscuits d'Alice dans son Wonderland. Anne-Valérie Hash ne s'arrête pas aux évidences, fait imprimer un motif trompe l'oeil jersey sur de la soie. Un procédé coton, mais bien à soi.

Par la réversibilité de ses vêtements, elle recompose une histoire  vivante : rien n'est figé, tout est à interpréter. Dans la mesure des coutures.

©Fabrice Laroche
©Fabrice Laroche

Il faut y aller. Prendre un train pour Calais, faire un détour par l'installation permanente et instructive de la Cité de la Mode et de Dentelle qui accueille Anne-Valérie Hash jusqu'au 13 novembre, et apporter son grain de sel et de dentelle à cette exposition pleine de sens. Celui que prend, quand on prend son temps, l'ordre du DÉsir.

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