A quelle tribu de sac appartenez-vous?

Mis à jour le 13 février 2018 par Elisabeth Clauss
A quelle tribu de sac appartenez-vous?

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Les indiens ont leurs totems, les marins ont leurs médailles, les bikers leurs tatouages. Et les filles, comment elles se reconnaissent entre elles ? La réponse à leur bras.

Je m’adresse aux 25 % d’hommes qui nous lisent : vous pensez, naïfs, que vos nanas choisissent leur cabas en fonction de leur style, et même de leur praticité ? Las.

Un sac, plus qu’un contenant, c’est un signe d’appartenance. Un écusson, un bouclier. Il y a des codes et des couleurs. « Si votre paquetage se rapporte à votre plumage, vous pouvez ou non être une pote à moi. » Décryptage socioculturel, pas moins.

1. L’objet du délire : le Birkin 

L’un des modèles les plus emblématiques d’Hermès – c’est un peu le Kelly des nouveaux riches – se porte le rabat négligemment coincé dans l’intérieur comme si c’était trop de boulot de clipser les deux lanières de fermeture (de fait, ça prend dix secondes à chaque fois qu’on cherche son téléphone). On peut y mettre sa vie tellement il est profond et pratique, et il se niche au creux du coude de Victoria Beckham, qui le possède dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, d’Eva Longoria, de Lady Gaga et de Kim Kardashian. Jane Birkin en a un aussi, mais c’est normal.

Il vous range dans quel clan?

Vous êtes comme votre sac, pas du genre rigide mais qui sait se tenir quand il faut. Le Birkin indique que vous n’êtes pas spécialement dans le besoin, si ce n’est celui de place, et que vous êtes généreuse, parce que dans ce grand fourre-tout, on trimballe tout et n’importe quoi, de l’agenda de 1,8 kg au biberon, dans un fouillis sans nom. Vous appartenez à la tribu des bobos plus bourgeoises que bohèmes (quoique), détendues du string comme du style.

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2. L’objet du délire : le cabas à bandes pailletées Vanessa Bruno

Il est fun, léger, il existe dans une foultitude de teintes plutôt chic même quand c’est du vert pomme, et il se décline dans plusieurs tailles, jusqu’à la trousse de toilette. C’est d’ailleurs de ça qu’il a l’air, entre le sac de courses et celui de sport. On le voit au bras de Reese Witherspoon, Rachel Bilson ou Jessica Alba, dans des tons pastel, et bourré jusqu’à l’anse.

Il vous range dans quel clan?

Les babas qui n’éprouvent pas le besoin de fermer leur sac à double verrou doré, celles qui trimballent tous leurs trésors dans un joyeux pêle-mêle comme si elles étaient à la plage, mais dont le modèle de femme idéale, c’est la Parisienne germanopratine à Birkin (voir plus haut).

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3. L’objet du délire : le 2.55

Si ce Chanel est matelassé comme un mur de chambre d’isolement, c’est parce qu’on en est dingues. Aussi doux et moelleux dehors que sa chaîne dorée ou argentée est  brute – quoique entrelacée d’une lanière de cuir –, on est un peu obligée de bien ranger ses affaires en son sein, sinon on n’y rentre quasi rien. Donc, il nous rend vertueuse. Coco en avait un, mais c’est normal. Nous, comme Penélope Cruz, Alexa Chung, Clémence Poésy ou Mischa Barton, on le porte négligemment contre la hanche, comme si c’était un réticule de messe (ne cherchez pas, il n’y a pas de contrepèterie).

Il vous range dans quel clan?

Les femmes-enfants. Celles qui recherchent la rondeur et la douceur, mais qui promènent le monde au bout d’une chaîne. Ce sac, c’est un cheval de Troie : on dirait qu’on peut s’y laisser rebondir, mais en réalité, il attire les leadeuses qui ne font pas de quartier (seulement parfois des Cartier). C’est l’accessoire typique des femmes de tête, qui l’ont aussi bien ordonnée que le petit espace intérieur de leur pochette à losanges.

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4. L’objet du délire : le Speedy 

Au départ, pas vraiment un sac à main, plutôt un sac de voyage. Le coup de génie de Vuitton, c’est d’en avoir fait l’indispensable à trimballer en journée. Le Speedy, c’est la fin du tri, l’abandon du dilemme : on tape tout dedans, même un fard ou une locomotive, et on part le cœur léger et le biceps au taquet. Britney Spears et Audrey Hepburn l’ont adopté, à l’instar de Lea Michele, Diane Kruger et Sarah Jessica Parker (mais cette dernière, ça ne compte pas, elle a aussi tous les autres, et dans toutes les couleurs).

Il vous range dans quel clan?

Des angoissées du manque qui se reconnaissent entre elles à ce qu’elles transportent leur maison à la force des biscoteaux. Le Speedy, pour des générations de femmes qui ont besoin d’avoir tout sous la main au-cas-où, c’est une trousse de secours super chic et monogrammée, qui reste souple et finalement très solide en toutes circonstances. Comme elles.

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5. L’objet du délire : le Baguette Fendi 

Il dit : « C’est mon mec qui a les plus grosses. » Poches. Pour caser dedans ce qu’on n’a pas pu emporter. C’est à dire tout sauf une carte de crédit. C’est typiquement l’accessoire accessoire, vu qu’il sert quasi à la même chose qu’un pin’s, d’ailleurs il a la même taille. Pourtant, on ne voit que lui, tellement il est suprêmement élégant. Ellen Pompeo, Rihanna, Emma Stone et Jessica Biel ont toutes choisi de mener leurs affaires à la baguette Fendi.

Il vous range dans quel clan?

Il est si petit qu’il vous catégorise avec les fans de couteaux suisses. Véritables Tetris humains, les femmes à baguette murmurent depuis leur red carpet : « Regardez ce que je peux faire avec si peu. » As de la débrouille, ses adeptes se retrouvent à vider leur sac au bord des lavabos des toilettes de palace, pour tenter de faire rentrer tout ce bon sang de foutre de bordel de rouge à lèvres et de briquet dans leur chicissime petite pochette strassée. Mais on craque pour ce mini sac oblong parce qu’il ressemble à une frite ou à un Carambar, et que ça nous fiche la banane.

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6. L’objet du délire : le Brillant

C’est peu ou prou la figure de proue de Delvaux. Un sac fiable comme un cartable, élégant comme un soir à l’opéra, pratique comme une valise à double fond, même si c’est un petit modèle. Il pèse son poids de cuir de première qualité et d’heures de travail. Solange Knowles, la sœur de Beyoncé, ne quitte plus le sien, et Gwyneth Paltrow rêve d’en recevoir un. C’est aussi le modèle qu’on pique à sa maman, parce qu’il transporte toute une histoire.

Il vous range dans quel clan?

Vous faites dans l’accessoire belge, ce qui vous catalogue direct « sac-rément pourrie de goût ». Si vous avez opté pour celui orné de la mention « Ceci n’est pas un Delvaux », vous ajoutez la touche surréaliste à votre belgitude assumée. Vous aimez la qualité qui ne tape pas à l’œil comme une breloque bling dès qu’on regarde le fermoir, et tout cela vous place du côté des filles « low profile, haute exigence ». Plus belge, tu te leurres.

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7. L’objet du délire : le faux

Il existe de nombreuses distinctions au sein de la caste controversée des Porteuses de faux. On n’arbore pas une copie de Prada qui sent le dissolvant comme on s’affiche avec une imitation de Gucci donc le logo est à l’envers, et qui fait un bruit d’alarme de bagnole dès qu’on le bouge d’un centimètre. Déjà, le faux dit où vous étiez en vacances : on ne shoppe pas les mêmes à Hong Kong (plus maisons parisiennes) ou en Turquie (obédience milanaise). De façon générale, on ne voit le faux que sur les autres, vu qu’on n’admettra jamais en avoir acheté un. Avouez. Si, avouez.

Il vous range dans quel clan?

Des rêveuses un peu tricheuses, qui s’offrent de façon détournée le luxe auquel elles n’ont pas encore accès. Je dis bien « pas encore », puisque l’envie, ça entraîne l’ambition, qui draine le courage, qui pousse au relevage de manches, qui, demain, apporte le succès. Et donc, à la même version du faux sac en vrai. Ouf, l’honneur est sauf, les emplois européens aussi, et les petits enfants du quart monde retournent à l’école.