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Des psychologues de l’Université du Michigan pointent du doigt la trilogie érotique. Les fans, elles, s’enflamment. Le point sur la polémique.

Le pitch

Rien de bien compliqué …

D’un côté, Anastasia, jeune diplômée en littérature plutôt timide. De l’autre, Christian, riche homme d’affaires. Le tout sur fond d’érotisme et de hard sex.

Cendrillon version porno !

La polémique

Une étude de l’Université du Michigan l’affirme : la trilogie de E.L James serait dangereuse pour les femmes. Elle légitimerait la violence conjugale en la rendant esthétique, « glamour ». L’héroïne réagirait comme une femme maltraitée et souffrirait du syndrome de Stockholm.

Yasmina, une lectrice : « Je ne suis pas d’accord. On a toutes nos limites dans la violence. Certaines personnes peuvent supporter plus que d’autres par amour. On peut entrevoir, dans certaines pratiques, des gestes d’affection. Dans le roman, les agissements sexuels de Christian cachent le fait qu’il a été lui-même traumatisé et n’a donc connu que cette forme d’attachement. Au fil du roman, il apprend à faire l’amour et ne baise plus comme il le dit si bien. »

Albine Quisenaire, psychologue et sexologue :

« C’est une relation d’emprise. Christian repère sa proie, l’amadoue. Il est intéressé par Anastasia parce qu’elle est timide, maladroite, un peu gnangnan. C’est la proie idéale. Elle subit. Lui, de son côté, utilise le chantage affectif et la menace pour la déstabiliser. Lorsqu’il est violent psychologiquement, physiquement et sexuellement, il justifie ses actes en faisant appel à l’empathie de sa victime : s’il agit de la sorte, c’est parce qu’il a été malheureux. Il l’isole, la harcèle, la contrôle même sur son lieu de travail et lui impose ses désirs. Lorsque Anastasia prend du plaisir, elle se retrouve face au mécanisme de mémoire traumatique. Elle s’adapte à ces violences extrêmes. Le cerveau, devant de tels actes, n’est pas toujours capable d’intégrer la situation, de l’analyser. Le taux de stress augmente et la seule façon de se protéger, c’est de disjoncter. Cette disjonction peut provoquer des exaltations, des excitations qui se font en miroir de l’agresseur. En voyant ce dernier jouir, la victime va elle-même croire qu’elle prend du plaisir. »

Le débat sur la toile

Les fans, elles, sont partagées.

Certaines voient en cette aventure sadomasochiste l’occasion de briser les tabous autour du sexe au féminin. Par une sexualité libérée, les femmes renverseraient les mécanismes de domination homme/femme. Elles seraient donc maîtresses du jeu.

“En privé, chacune fait ce qu’elle veut. Soumise ou dominatrice, chaque femme a le droit d’exprimer sa sexualité comme elle l’entend. Tout est question de choix, de consentement et de dialogue au sein du couple.”, précise Elodie, 29 ans.

D’autres s’interrogent. Elles soulignent le caractère fictionnel des romans mais avouent être dérangées par les nombreux clichés véhiculés : l’homme riche, pervers, dominant, narcissique VS la gentille petite soumise.

L’adaptation cinématographique du premier opus, c’est pour février 2015. De quoi relancer la polémique ! Le poids des images plus lourd que celui des mots ?

PeP

https://www.youtube.com/watch?v=lmtwxHr8t8w