Thierry Mugler : L’expo cultissime

Publié le 15 avril 2019 par Elisabeth Clauss
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Vous passez par Montréal d’ici au 8 septembre ? Marquez d’une croix dorée la visite de la toute première rétrospective consacrée à ce génie en art de la mode, appliqué à la cybernétique.

Le Musée des beaux-arts de Montréal braque le stroboscope sur l’œuvre de Thierry Mugler, créateur d’origine alsacienne, designer visionnaire, scénographe, photographe et parfumeur. Dans les grandes années 80, à l’heure où les « créateurs » ont commencé à remplacer les « couturiers », il a propulsé avec ses contemporains Jean-Paul Gaultier, Takada Kenzo ou Claude Montana, la mode vers des hybridations de morphologie sculpturales de cyborgs magnétiques.

 

 

Tailleurs aux épaules de superhéroïnes, armures urbaines, tailles corsetées pour anticiper une féminité carrossée et sensuelle : les Amazones modernes étaient lancées.

 

 

Sous la baguette laser de Thierry-Maxime Loriot, ancien mannequin au regard et à la culture mode ultra affûtés qui l’a mené à endosser la mission de commissaire d’exposition pour la désormais légendaire exposition Jean-Paul Gaultier (dix ans de tournée, 12 villes et 2 millions de visiteurs), et la rétrospective sur l'oeuvre avant-gardiste Viktor & Rolf à Rotterdam, « Thierry Mugler Cuturissime » nous rafraîchit la mémoire au lors d’une installation spectaculaire (avec effets spéciaux !) de 150 silhouettes inédites réalisées entre 1973 et 2014, profusion d’accessoires, costumes de scène, de clips et de cinéma, des documents d’archives, des croquis, et des photos signées Avedon, Bourdin, Goude, LaChapelle, Newton et Ritts.

Pourquoi Mugler et pourquoi maintenant ?

Thierry-Maxime Loriot : « Thierry Mugler a développé un vocabulaire qui n’existe plus dans la mode actuelle. Il est important de montrer à toute une génération ce que la mode, les modes, étaient. Il a construit un univers de fantasmes, de transhumanisme, de science-fiction, de bande dessinée, une hybridation entre les superhéroïnes, la robotique et l’esthétique animalière. Il ne suivait pas les tendances, il les initiait. Son exploration du « body conscious », c’était le new-new look : les épaules larges, les tailles cintrées, les accessoires bijoux, c’est ce après quoi tout le monde court aujourd’hui. Il a poussé les innovations techniques, mixant la fausse fourrures – il était précurseur – le latex, le vinyle et les matières nobles. La mode actuelle est en grande partie une continuité de son travail. Aujourd’hui, la création se consacre à l’instagramable, on ne cherche plus à bouleverser les codes, à bousculer la sociologie. Lui bougeait les lignes. »

Pour comprendre ce qui nous fascine aujourd’hui, revisitons d’urgence les sources de l’avant-garde.

 

Helmut Newton, Jerry Hall and Thierry Mugler, Paris, 1996. Photo: © The Helmut Newton Estate.
Outfit: Thierry Mugler, Les Insectes collection, haute couture spring/summer 1997. Photo: © Patrice Stable.

Plus d'images :

 

Dominique Issermann, Thierry Mugler, New York, 1995 ; Stern (Allemagne), 1995. Photo : © Dominique Issermann.