Harry & Meghan : le mariage princier comme si vous y étiez

Mis à jour le 16 mai 2018 par Elisabeth Clauss
Harry & Meghan : le mariage princier comme si vous y étiez

Sept ans sans calèche, sans robe à un demi-million et sans Union Jack raidis à la bière flottant aux fenêtres fleuries des pubs. Depuis Kate & William, sages et sans histoires, on dépérissait. Heureusement, le tempétueux cadet, Harry, épouse une actrice américaine divorcée. God Save them all.

Nous accomplissons cinq heures de train dans la campagne et sous la pluie, pour arriver à Windsor, mini ville adorable agencée comme Disneyland, avec un château à tours à ma gauche, et une artère commerçante à ma droite. Dans les vitrines, des tasses à l'effigie des heureux fiancés. On est au bon endroit.

Un mariage organisé « à la maison »

Le 19 mai, ceux-là ne paralyseront pas Londres avec leurs épousailles et écrans géants à Hyde Park : Meghan et Harry convoleront en petit comité, à peine huit cent personnes à la chapelle, mais si vous souhaitez vous approchez de la sortie de l'office pour les apercevoir d'un peu plus près qu'à la télé, vous pouvez vous offrir un billet de loterie (bénéfice reversés à des charities, vous pensez bien).

A Windsor, on cultive l'intimité : deux cents personnes vivent et travaillent au château, dont vingt quatre chevaliers-militaires, et « fréquentent » la famille royale au quotidien. Ou presque : la Reine Elizabeth II passe ici ses week-ends, mais son bureau, c'est Buckingham. Oui, c'est plus chic que la cafète de votre comité d'entreprise. Mais c'est moins bien chauffé, et la Reine a plus de responsabilités que vous. Je pénètre dans le château, où même si tout le monde est occupé aux préparatifs, personne ne lâche aucune info : rien ne sort de Windsor. Certes, il y a un donjon, des douves, une salle rouge, une salle verte, une salle blanche et une maison de poupée géante où même le vin dans les mini bouteilles est buvable et millésimé : Meghan a annoncé qu'elle renonçait à sa carrière d'actrice, mais ici, elle est pressentie pour jouer Madame Pervenche dans un remake glamour – et privé - de Cluedo. Car pour devenir princesse, et il est impératif de prévenir toutes les petites filles du monde, c'est n'est pas libérée-délivrée tous les jours. L'actrice, découverte dans Suits, va devoir se tailler un costume sur-mesure dans l'aventure. Cela dit, Diana, Margaret, et beaucoup d'autres avant elles, avaient essuyé les plâtres de la rigueur maritale monarchique. Meghan est américaine, roturière, et divorcée. Je pose plusieurs fois la question autour de moi, à Windsor : tout le monde s'en fiche, le monde a changé. Lorsque en 1938 Édouard VIII, alors Roi du Royaume-Uni, des dominions britanniques et Empereur des Indes, avait abdiqué pour pouvoir épouser Wallis Simpson, c'était moins bien passé. Notons que cette Américaine-là avait déjà divorcé deux fois, était soupçonnée de fréquenter des salons d'espions, et cultivait de solides amitiés avec des dignitaires nazis. Rien à voir avec la douce Meghan Markle, fille métis d'une prof de yoga et d'un directeur de la photo, qui a grandi en Californie, sur le plateau de Mariés Deux Enfants. Couple moderne, Harry et Meghan ont quatre ans d'écart, au profit de la fiancée. Encore un bon signe : autrefois dans la noblesse et la haute bourgeoisie, une épouse un chouilla plus âgée que son mari faisait partie des bonnes pratiques, pour la pérennité des familles (plus d'expérience, plus de bon sens).

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Le syndrome des frangines envahissantes

Meghan et Harry se sont rencontrés au Canada, et ont attendu l'événement caritatif Invictus pour s'afficher publiquement ensemble. Un pari risqué pour Harry : la ferveur populaire, et surtout les tabloïds, lui avaient coûté ses deux précédentes relations. Par chance, Meghan, élevée à Los Angeles et second rôle dans un série à succès, semble habituée aux paparazzis et aux indiscrétions. Espérons qu'elle prendra son rôle à coeur : elle n'aura bientôt plus rien d'autre à faire de ses journées, puisque ses fiançailles ont protocolorairement mis fin à sa carrière d'actrice, ainsi qu'à ses comptes personnels sur les réseaux sociaux. Désormais, son Instagram appartient à la famille royale. Mais comme dans tous les bons contes de fées, voici qu'intervient « la méchante soeur ». Samantha Grant, demi-sœur en réalité, comme dans Cendrillon. Elle a eu l'indélicatesse de révéler la relation au monde entier alors qu'on lui avait demandé de se taire. Mais qui aurait tenu, surtout crevant de jalousie ?Au château, on murmure que Samantha ne sera pas invitée au mariage. Elle est odieuse avec sa frangine : épargnez-vous la lecture de  "The Diary of Princess Pushy's Sister" (« Le journal d'une princesse arriviste »), publié par Samantha à l'annonce des fiançailles. N'est manifestement pas la plus arriviste qui on croit… La malédiction des soeurs qui prennent toute la place aux mariages princiers semble donc se confirmer : en avril 2011 à Westminster, tout le monde n'a vu et commenté que le séant de Pippa, qui n'ose plus piper mot depuis.

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Comment ça va se passer ?

Le choeur des enfants de l'école Saint George – uniquement des garçons d'une dizaine d'année, à la voix et au regard d'ange – chantera de sublimes cantiques religieux pour la cérémonie. J'ai assisté aux répétitions : près de moi, les agnostiques les plus endurcis pleuraient à chaudes larmes. Parmi ces petits chanteurs figureront peut-être les enfants d'Elton John, scolarisés-là (il possède lui-même une vaste demeure en bordure de Windsor). Ce qui bouclerait la boucle : de Candle in the Wind à Westminster aux réjouissance de la naissance d'une nouvelle branche de princes modernes et médiatiques à Windsor, il n'y a qu'une génération de Johns, au diapason. Après la cérémonie, Meghan, Harry et trois mille fans fervents de la monarchie quitteront le château en calèche, pour remonter les deux kilomètres de Long Walk, une longue balade comme son nom l'indique, qui mène au Windsor Great Park, où vivent le Prince Andrew et la Princesse Sarah Ferguson, divorcés mais sous le même toit, en excellents amis, en compagnie d'une harde de cerfs pas farouches. Après quoi, les jeunes mariés passeront l'après-midi en famille, en préambule d'une grande soirée au château. La table du banquet principal pouvant accueillir cent soixante convives, ils ont de la marge. Tout le mariage sera financé par le Prince Charles, sauf la robe de Meghan, dont le budget a filtré : 450,000€. Le nom du designer, officiellement secret jusqu'au matin des noces, a également fuité – vous savez comment c'est les vieux châteaux : mal isolé. Il s'agirait de Sarah Burton pour Alexander McQueen, la même Maison qui a signé la robe de Kate Middleton. Mais la préparation de ce mariage, c'est aussi une épreuve sportive : pour vous, c'était un peu de fitness en salle, et surtout, un brûlage de culotte en règle. Pour Meghan, ce sera deux jours en immersion avec l'armée, pour une formation militaire à l'auto-défense assurant au mieux sa sécurité. Et des cours de conduite à gauche, selon les témoignages de ses proches (pas Samantha, qui la hait et trafiquerait ses freins, si vous avez suivi).

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Vous ambitionnez d’assister au mariage, même de loin ?

Sachez que dans la foulée des fiançailles annoncées le 27 novembre 2017, tous les hôtels de la ville étaient complets dès le 28. Mais si vous trouvez une chambre d'hôtes dans la campagne environnante soyez rassurés : vous saurez que les festivités ont démarré au drapeau hissé. Lorsqu'il se passe un gros événement au château, disons niveau mariage princier, on déploie un étendard de la taille d'un demi terrain de tennis. S'il y a du vent, on verra peut-être une autre version du Château Ambulant*. Enfin, et parce que toutes les belles histoires d'amour ont besoin d'un bon titre, au matin du mariage des tourtereaux, comme pour William & Kate à qui la Reine, selon la tradition, avait attribué celui de Duc et Duchesse de Cambridge, dans le panier des jeunes mariés cette fois-ci, on parle de «Duc et Duchesse de Sussex ». Un titre qu'on a déjà bien en bouche. Honi soit qui mal y pense.

* Studio Ghibli, 2004.

Illustrations : Valentine De Cort

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En pratique

www.visitbritain.com

Aller à Windsor : Eurostar (deux heures depuis Bruxelles), puis changement de gare entre St Pancras et London Waterloo, direction Windsor (environ une heure, avec wifi à bord).

Sur place : le Castle Hôtel Windsor est situé exactement en face de l'entrée du château. Chambre double avec petit déjeuner : à partir de 200€, environ.

Pour dîner étoilé : The Hinds Head, pub 1* « petit frère » du Fat Duck 3*, une révélation gastronomique à prix bistrot.