Gucci m’a fait perdre la tête

Mis à jour le 14 janvier 2019 par Marie Guérin
Gucci m’a fait perdre la tête

Que s'est-il passé ? Une table d'opération, la recherche d'une identité, un dragon. Tic, Tac, le compte à rebours est terminé. Je suis arrivée trop tard !

La fashion week de Milan commence toujours dans l'agitation. Tu as Gucci ? Oui ! Dans un sac en plastique bordé d'une bande de sécurité (il ne s'agirait pas de se blesser), j'ai reçu un compte à rebours. Orange, pour ne pas le louper. La pression monte, le show est dans 153 minutes et 32 secondes. C'est à la fois rien et tout, à l'échelle d'une journée de fashion week où le temps passe comme l'éclair.

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Après avoir déballé ma valise, trié mes mails, programmé ma semaine, je me mets en route. Je prends un taxi (le QG Gucci est à l'autre bout de la ville). Mauvaise idée !

Coincée dans les embouteillages, le compte à rebours est terminé.

J'accélère le pas, je traverse la horde de poseurs qui s'attarde sur les trottoirs. "Les défilés sont toujours en retard ». Nous sommes une vingtaine à presser le pas. Il est trop tard. Les portes sont fermées. Les Italiennes s'enflamment, les Françaises réclament. N'espérons plus.

Nous allons voir le défilé au showroom, accompagnant les membres de la maison Gucci. Certaines mines sont déçues, d'autres s'en amusent. Finalement, le principal c'est de voir le show, non ?

Qu'est-ce qu'on a vu justement ?

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Un (cyborg) manifeste pour la diversité

Une foule de silhouettes bigarrées nous a plongés dans un univers Gucci qu'on connaissait peu: clinique, onirique, mélangeant humour et streetwear, baroque et orientalisme et surtout, réflexion politique. Jouant sur les épaules aux références 80's, des silhouettes structurées rivalisent avec un jeu de couches et de superpositions. Il n'y a pas d'époque, pas de lieu, c'est tout le monde et partout mais l'histoire se tient:

"Cyborg Manifesto (D.J. Haraway), dans lequel l'hybride est métaphoriquement loué comme une figure qui peut surmonter le dualisme et la dichotomie de l'identité. Le cyborg, en fait, est une créature paradoxale qui concentre la nature et la culture, le masculin et le féminin, le normal et l'étranger, la psyché et la matière. En conflit avec toute grille de catégorie, le cyborg est l'expression qui mélange différentes identités en évolution. Identités hybrides et changeantes construites sur de multiples appartenances qui transgressent la discipline normative."

Voici une partie de la note distribuée au défilé. Le cyborg Gucci est post-humain: "Il a des yeux sur les mains, des cornes de faune, une double tête et des bébés dragons." Il transgresse toutes les formes de différence et poursuit l'idée d'une diversité extrême. Si on a pu croire que le style Alessandro Michele commençait à tourner en rond, il nous a prouvé mercredi qu'il pouvait bouleverser à nouveau nos certitudes. Éthique et politique, allons-nous assister à la naissance d'une femme Gucci 4.0 ? Le compte à rebours a recommencé.