Zéro déchet: 4 marques belges canon à connaître absolument

Publié le 29 mai 2019 par Laurence Donis Photos: Justin Paquay
Zéro déchet: 4 marques belges canon à connaître absolument

Les cotons démaquillants lavables, les emballages réutilisables, les mouchoirs en tissu... On les shoppe où? Chez nous! Belges et engagées, ces marques zéro déchet ont décidé de bousculer notre quotidien en créant des alternatives durables aux produits jetables. Focus sur ces pépites green très malignes. 

1. Lilie dans les étoiles / Les cotons démaquillants lavables

> Aurélie De Coster

coton démaquillant zéro déchet

Tes créations? Je couds une série d’objets réutilisables en tissu : des wraps à sandwich pour remplacer le papier alu, des charlottes à plat pour garder les restes au frigo, des essuie-tout, des serviettes de table, des mouchoirs... Les cotons démaquillants lavables cartonnent, c’est un objet du quotidien facile à remplacer quand on passe au zéro déchet. Le disque possède une face en polar doux, on peut l’utiliser plusieurs fois et il suffit de le mettre avec son linge quand on fait une machine. On peut aussi simplement le passer sous l’eau. Je propose également des serviettes hygiéniques lavables, un produit qui fait débat. Je dis toujours aux gens qu’il faut tester et pour les taches tenaces, le percarbonate de soude fait des miracles! Au début, on me demandait comment j’osais vendre ça, aujourd’hui, on m’en réclame... Tous mes tissus sont européens et certifiés Oeko-Tex, un label qui garantit l’absence de produits toxiques pour le corps et l’environnement. 

Tes débuts ? J’ai appris à coudre toute seule avec des tutos sur Youtube quand mon fils est né, il y a neuf ans. Je créais des bavoirs, des doudous... Et puis, je me suis intéressée au zéro déchet. J’ai commencé par fabriquer mes lingettes démaquillantes pour faire un petit geste. Très vite, des copines et des boutiques m’en ont réclamé. Aujourd’hui, les clients peuvent personnaliser leurs commandes, choisir la taille, le tissu, etc. 

La demande ? Elle est assez énorme. Il y a vraiment eu une évolution en deux ans et le fait que l’environnement soit au centre de l’actualité n’y est évidemment pas pour rien. Il y a quelques mois, j’ai commencé à me sentir dépassée. Je suis logopède de formation, dès que je rentrais du boulot je cousais jusqu’à minuit pour finir mes commandes. Rapidement, on m’a parlé de Cellmade, le label de la régie du travail pénitentiaire. Depuis, deux détenus volontaires de la prison de Forest travaillent pour moi. Je paie 5,5 euros de l’heure et ils en touchent 2,4 euros. Le reste est redistribué à Cellmade et aux familles des victimes des détenus. Le premier avantage est financier évidemment, mais la dimension sociale est également importante pour moi. Le projet permet à ces hommes de sortir de leur cellule et leur offre une chance de réinsertion. Lorsque je les rencontre en prison, je leur donne des conseils de couture, l’un d’eux sort dans deux ans et a l’intention d’ouvrir un atelier de retouches. 

Ton engagement pour l’environnement ? Je suis loin d’être parfaite, mais j’essaie de créer de nouvelles habitudes. J’ai des poules pour mes déchets alimentaires, je fais le plus possible mes courses en vrac et j’achète en seconde main, sur Vinted. Mais il y a aussi des gestes auxquels on pense moins: supprimer ses mails, utiliser Ecosia, le moteur de recherche green alternatif à Google, ou passer chez Mega, le fournisseur belge d’énergie durable. 

Des conseils pour s’y mettre ? Y aller petit à petit. Mais mon but n’est pas de convertir tout le monde au zéro déchet. Cela ne sert à rien d’imposer son mode de vie aux autres. Lorsque je suis devenue végétarienne, j’ai été surprise de rencontrer des extrémistes sur Facebook. Des vegans qui critiquaient mon choix de manger des œufs alors que j’avais déjà supprimé la viande par exemple. On fait tous ce qu’on peut. Des initiatives à plus grande échelle commencent d’ailleurs à voir le jour. La commune d’Auderghem m’a contactée pour un appel d’offres, ils voudraient que je réalise 450 wraps à sandwich pour les membres de l’administration. Les écoles s’y mettent aussi, ce qui est top pour former les acteurs de demain. Celle de mon fils a organisé une année « zéro déchet », chaque mois une action était entre- prise : apporter une gourde, créer un compost, organiser un troc de jeux avant Noël... 

Une adresse zéro déchet cool ? Le Boentje café à Bruxelles. Tout est issu de la récup : la déco, la vaisselle... Le café à emporter est servi dans un pot en verre que l’on rapporte ensuite, les pailles sont en inox... 

> Plus d'infos et commandes sur le site de Lilie dans les étoiles.

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2. Wrapi / L’emballage magique réutilisable

> Alyne François

emballage réutilisable zéro déchet

Tes créations ? Avec mon mari, François, on a créé le Wrapi : un emballage écofriendly et réutilisable qui remplace le film plastique ou le papier aluminium. On peut l’utiliser pour couvrir un bol, mais aussi pour envelopper directement un aliment, comme un morceau de concombre par exemple. La chaleur des mains rend le tissu autocollant. Concrètement, il s’agit d’un morceau de coton imprégné d’un mélange de cire d’abeille (naturellement imperméable et antibactérien), de résine (pour le côté adhésif) et d’huile de jojoba (pour le côté souple). Avant d’arriver à ce résultat, on a multiplié les tests dans notre cuisine ! L’avantage du Wrapi, c’est qu’il s’adapte à tous les supports : la découpe est hexagonale pour correspondre aux récipients ronds ou carrés et pour faire un clin d’œil aux abeilles qui nous fournissent la matière première. Après l’avoir utilisé, on le lave à l’eau froide et on le laisse sécher, il peut durer une année. 

L’origine du projet ? J’essaie de pratiquer le zéro déchet depuis un moment et je me suis posé un jour des questions sur ces petits sacs qu’on utilise pour acheter en vrac. Ils sont souvent fabriqués au Bengladesh alors que j’ai des amies qui savent coudre en Belgique et qui font des objets canon. Pourquoi faut-il en importer de si loin ? Après avoir découvert pas mal d’artisans belges, j’ai eu envie de les rassembler pour leur donner davantage de visibilité. J’ai donc créé le webshop zerodechet.be. Mais malgré toutes les chouettes initiatives, je n’ai pas trouvé d’alternative « made in Belgium » au papier aluminium. Du coup, on l’a fait nous-mêmes... 

L’intérêt pour le zéro déchet ? On remarque un véritable engouement, ce qui est génial pour nous évidemment, mais surtout pour la planète. Les artisans axés zéro déchet sont dans la même situation que la mienne : on est dépassé par la demande. Avec mon mari, on a commencé nos expérimentations chez nous à Éghezée, dans une vieille casserole. Aujourd’hui, on travaille la cire par bloc de sept kilos à la fois et on envisage de passer à 25. L’année passée, on a vendu plus de 10.000 Wrapi, et rien que durant les deux premiers mois de 2019, 5.000 pièces se sont écoulées... On s’est retrouvé au bon endroit au bon moment, mais on ne s’est jamais dit « Il faut trouver un produit à vendre pour faire de l’argent ». Pour continuer à assurer les commandes, on a fait appel à une entreprise de travail adapté. Forcément, c’est de la main-d’œuvre moins chère, mais on est également fier de fournir du boulot à des personnes porteuses d’un handicap. 

Le déclic pour le zéro déchet ? Je suis sensibilisée depuis toujours. Je suis d’ailleurs graduée en agronomie finalité environnement alors qu’avant, ce n’était pas du tout à la mode. À l’époque, j’habitais un appartement au 4e étage sans ascenseur, du coup sortir mes poubelles était une corvée et les réduire participait à mon confort personnel (rires). Mais c’est surtout lorsque mon fils est né que j’ai entamé un changement de mode de vie. J’ai été interpellée par le nombre de produits que l’on m’a donnés pour lui. Aujourd’hui, on est quatre à la maison et on sort une petite poubelle toutes les deux semaines. 

Des conseils pour s’y mettre ? Modifier une petite habitude par mois, en débutant par le plus facile. On peut commencer par acheter une gourde, puis un shampoing solide, apprendre à faire ses produits ménagers... C’est plus compliqué quand on essaie de tout faire en même temps et qu’on se met la pression. Ce n’est pas obligatoire de directement passer aux couches lavables par exemple ! Même si, avec les bonnes infos et les bons outils, la contrainte n’est pas si importante. Je donne d’ailleurs des ateliers pour lever les barrières sur les couches réutilisables (www.petitemarmite.be). 

Une adresse zéro déchet cool ? Al-Terre-Native à Sombreffe, le plus grand supermarché en vrac que j’ai pu observer en Belgique. Le choix est énorme et le lieu superbe.

> Plus d'infos et commandes sur le site de Wrapi

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3. Flax & Stitch / Les sacs à vrac

> Muriel Vandersmissen

sac à vrac zéro déchet

Tes créations ? Je propose des objets réutilisables en tissu, cousus à la main. Le but, c’est de créer des alternatives durables aux emballages jetables. Je vends des pochettes à lunch, des sacs à vrac, des mouchoirs réutilisables, des sacs à congélation ou encore des sacs à pain. Ça remplace le sac en papier chez le boulanger, on y met directement sa baguette. Lorsque je commence à fabriquer un nouvel objet, c’est parce que ça m’éclate. Les clients peuvent choisir les motifs et je m’adapte en fonction de leurs demandes. Mes objets sont en coton certifié Oeko-Tex et doublé pour l’intérieur de coton bio non traité et non blanchi. Pour les wraps à sandwich par exemple, j’utilise du PUL, un tissu imperméable fabriqué dans des conditions environnementales respectueuses. Ce que j’adore, c’est l’aspect polyvalent de mes créations. Elles sont adaptées à l’alimentation, mais les gens en font ce qu’ils veulent : une pochette à snack peut devenir une trousse pour y glisser son shampoing solide. 

L’origine du projet ? J’ai une véritable addiction au tissu, j’en ramène de voyage et je collectionne les morceaux aux motifs originaux. Je devais trouver une excuse pour pouvoir continuer à en acheter (rires). J’ai donc réfléchi à ce que je pouvais en faire et comment inscrire mon projet dans une démarche zéro déchet. Avant, je cousais tout moi-même, mais aujourd’hui, je fais appel à un atelier protégé. Ils sont consciencieux et l’univers fun de ma marque les motive, j’aime travailler avec eux. 

Ton engagement pour l’environnement ? La récup, c’est une seconde nature pour moi. Depuis toujours, je touche à tout : à douze ans, je créais ma propre mallette pour aller à l’école. J’adore détourner les objets de leur usage premier. Ma table de salon, c’est une bassine en zinc remplie de bouchons de liège et recouverte d’une plaque en verre. À côté de ça, je n’utilise plus de bouteilles d’eau en plastique, j’ai un compost, je fais mes courses en vrac avec mes propres contenants... C’est une question d’organisation, aujourd’hui je vois ça comme une habitude et non comme une contrainte. Et je suis loin d’être parfaite ! Je pense qu’il faut être tolérant avec soi-même et apprécier chaque petit geste que l’on fait. 

Le zéro déchet, une démarche bobo ? On pourrait penser que c’est un truc de bourges, mais ce n’est pas le cas. Je ne pense pas que les gens s’y mettent parce que c’est tendance, il y a une vraie réflexion de fond depuis quelques années. Depuis que j’achète local et que je fais mes courses avec mes contenants, ça ne me coûte pas plus cher et je mange mieux, tout simplement. Le zéro déchet, c’est un état d’esprit, une petite partie d’une démarche bien plus générale. Cela forme une communauté de gens qui ont envie de recréer du sens ensemble. Il y a d’ailleurs beaucoup de bienveillance entre les artisans qui fabriquent des objets durables. Sur les marchés ou les réseaux sociaux, je n’hésite pas à parler des initiatives que j’aime, même si ce sont des concurrents. 

Une adresse zéro déchet cool ? J’adore La Baraque à Vrac à Thuin, une épicerie qui vend la majorité de ses produits sans emballages. On y retrouve une grande variété d’épices, le proprio connaît parfaitement ses poivres par exemple et saura vous guider pour des associations réussies. 

> Plus d'infos et commandes sur le site de Flax & Stitch.

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4. Koshi / Les mouchoirs en tissu

> Magali Warlop

mouchoirs tissu zéro déchet

Tes créations ? Je propose des mouchoirs en tissu 100 % coton certifié Oeko-Tex. Ils ont une forme unique et sont ornés de motifs mignons, fun ou plus classiques. Il y a un côté «édition limitée » puisqu’à chaque fois qu’une série est finie, je change de tissu. Dans le futur, j’aimerais d’ailleurs réaliser mon propre design comme je suis infographiste de formation. À côté de ça, je vends aussi des pochettes pour mettre les mouchoirs, des serviettes de table, et une boîte Koshinex pour la maison qui remplace
la traditionnelle boîte de Kleenex ! Elle est réalisée en chanvre, une plante très cool qui donne un résultat noble. Elle n’a pas bonne réputation parce qu’elle appartient à la même famille que le cannabis. Et pourtant, elle est particulièrement durable : elle est cultivée en Belgique, elle ne nécessite pas de pesticides ni d’insecticides et pousse rapidement avec très peu d’eau, contrairement au coton. 

La dimension sociale ? Les mouchoirs sont réalisés dans un atelier d’insertion à Bruxelles et je trouve ça génial. On y retrouve des personnes de toutes origines et de tous âges, ils ont des cours de couture et reçoivent un diplôme qualifiant à la fin. 

L’origine du projet ? J’ai des allergies, je me mouche donc beaucoup. Un jour, je suis tombée sur un rapport de Greenpeace qui dénonçait les problèmes de déboisement découlant de la production de mouchoirs en papier. Je n’y avais jamais pensé, mais c’est vrai qu’il s’agit d’un objet qu’on garde littéralement deux secondes. L’impact environnemental est assez lourd, beaucoup de produits polluants sont utilisés pour traiter le bois, blanchir le papier, etc. J’étais déjà consciente de ce problème, mais c’est après un voyage au Sri Lanka que je me suis lancée. Là-bas, je suis passée par un orphelinat d’éléphants, j’ai vu à quel point ces animaux souffraient de la perte de leur habitat naturel, de l’expansion de l’homme sur la nature. J’ai donc décidé de créer mon entreprise et de l’appeler Koshi, du nom d’un éléphanteau que j’avais rencontré. Je trouvais aussi le clin d’œil fun : utiliser un animal avec un grand nez pour une marque de mouchoirs... 

Les retours des clients ? Les gens trouvent ça très cool et commencent même à s’attacher à ce petit objet. Je pensais que ma cible allait être des hommes d’un certain âge, mais ce n’est pas du tout le cas. Mes clients sont plutôt des jeunes adultes préoccupés par leur consommation et l’environnement. Du côté des plus âgés, j’entends parfois des commentaires sur le manque d’hygiène. Mais je me suis renseignée auprès d’un médecin spécialisé dans les maladies infectieuses et il affirme qu’il n’y a pas de problèmes. Ce qui compte, c’est de se laver les mains après s’être mouché. Si l’on préfère utiliser des mouchoirs jetables lorsqu’on est malade, et qu’on opte pour une alternative réutilisable le reste de l’année, c’est déjà ça ! 

Des conseils pour se mettre au zéro déchet ? Faire un pas après l’autre et surtout, prendre conscience que ça peut être fun ! Si l’on voit la démarche comme un sacrifice, ça ne fonctionnera pas. Finalement, on se prend rapidement au jeu et le sentiment de fierté qu’on ressent après avoir relevé des petits défis est très gratifiant. Changer sa façon de consommer, ça permet de découvrir de nouveaux produits, de faire des nouvelles rencontres. Quand j’arrive avec mon sac à vrac, ça crée parfois de la complicité avec un commerçant, un autre client qui me demande où je l’ai acheté... J’ai l’impression d’appartenir à une communauté qui veut faire du bien. 

Une adresse zéro déchet cool ? L’herboristerie de Louise à Bruxelles, un lieu très authentique, à l’opposé du « greenwashing ». On y retrouve des plantes médicinales, mais aussi des shampoings solides, des contenants, des ustensiles, des livres... 

> Plus d'infos et commandes sur le site de Koshi